En cette Année Sainte nous parlons souvent des entrailles de miséricorde, de la miséricorde comme tendresse viscérale de Dieu pour ses créatures (rahamin).
Un détail du Retour du fils prodigue de Rembrandt illustre bien cela quand il nous présente la tête du fils nichée dans les entrailles du Père dans un mouvement de renaissance. Cependant, nous parlons moins souvent des entrailles maternelles qui ont accueilli « la Miséricorde en personne » (saint Chromace d’Aquilée), de la Mère de tendresse qui « a gardé dans son cœur la divine miséricorde en parfaite syntonie avec son Fils Jésus » (Misericordiae Vultus, n. 24).
Marie est la Mère de Miséricorde, comme nous le chantons dans le Salve Regina. Elle est la Mère de la Miséricorde incarnée : « Ses entrailles immaculées te sont une demeure, et l’inconcevable miracle de ta miséricorde a lieu, ô Seigneur. Le verbe s’est fait chair - Dieu a habité parmi nous, le Verbe Divin - la miséricorde incarnée » (sainte Faustine). Elle est la porte du ciel qui ouvre le monde à la Miséricorde de Dieu répandue sans limites en Jésus. « Marie, vous êtes la joie, car, par Vous, Dieu descendit sur la terre et dans mon cœur » écrivait sainte Faustine. La Vierge fidèle chante la miséricorde qui lui a été faite en devenant la Mère du Sauveur : « Le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses. Saint est son nom, et sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent » (Lc 1, 49-50). « Sa vie entière fut modelée par la présence de la miséricorde faite chair. La Mère du Crucifié ressuscité est entrée dans le sanctuaire de la miséricorde divine en participant intimement au mystère de son amour » (Misericordiae Vultus, n. 24).
Marie peut serrer entre ses mains la Miséricorde faite chair et l’envelopper de sa tendresse de mère. Elle devient témoin de l’extrême miséricorde de Dieu au pied de la croix, elle partage de manière intime la douleur et le pardon de Dieu : « Le sacrifice de Marie est une participation spécifique à la révélation de la miséricorde, c’est-à-dire de la fidélité absolue de Dieu à son amour, à l’alliance qu’il a voulue de toute éternité et qu’il a conclue dans le temps avec l’homme, avec le peuple, avec l’humanité ; il est la participation à la révélation qui s’est accomplie définitivement à travers la croix. Personne n’a expérimenté autant que la Mère du Crucifié le mystère de la croix, la rencontre bouleversante de la justice divine transcendante avec l’amour : ce ‘baiser’ donné par la miséricorde à la justice » (Dives in Misericordia, n. 102). Saint Maximilien Kolbe, ce fils aimant de Marie, invitait ses confrères à demander tout par l’intercession de la Vierge Immaculée « à qui Dieu a bien voulu confier la dispensation de sa miséricorde ». Marie pose sur le monde son regard miséricordieux et attire vers lui l’attention de son Fils : « La mère de Jésus lui dit : ‘Ils n’ont pas de vin’ » (Jn 2, 2).
Que par son intercession chacun de nous puisse faire une expérience profonde de la tendresse de Dieu en cette année de grâce.