Mais qui es-tu, Marie ?

Marie, la première en chemin,

Marie, tu nous entraînes à risquer notre vie aux imprévus de Dieu

La première en chemin, joyeuse, tu t'élances

Prophète de celui qui a pris corps en toi !

Dans Misericordiae Vultus, le Pape François écrit : « Après qu’Adam et Ève eurent péché, Dieu n’a pas voulu que l’humanité demeure seule et en proie au mal. C’est pourquoi Marie a été voulue sainte et immaculée dans l’amour ».

 

            L’Évangile ne rapporte que peu de paroles de toi.

L’Évangile apocryphe de Jacques nous dit que, par ton père Joachim, de la tribu de Juda, tu descends de David tandis que la généalogie de Matthieu et Luc ne citent que Joseph, ton époux.

 

            Anne-Catherine Emmerich nous dit que tu as été élevée au Temple dès l’âge de trois ans. Et, adolescente, tu as promis de demeurer vierge par humilité et parce que tu ne te sentais pas digne d’un tel honneur, tu ne voulais pas être la Mère du Messie attendu depuis toujours par Israël.

 

            Lors de l’Annonciation, saint Luc raconte comment l’Archange Gabriel t’a apporté l’annonce de Dieu : « Réjouis-toi, comblée de grâce ». Il salue celle que la faveur divine a choisie pour être la Mère du Rédempteur. Tu es comblée de la faveur divine ! Tu es silence et service. Tu es disponibilité.

 

« Du Seigneur, je suis la servante, qu’il m’advienne selon ta parole » : l’ange t’annonce quelque chose qui est contraire à ton souhait et à ton désir profond. Et humblement, tu t’inclines en demandant comment cela pourrait se faire puisque tu ne connais pas d’homme. Oui, tu es « service ».

 

Le messager divin t’indique la toute-puissance de Dieu : celle qu’on appelait « la stérile », Elisabeth, attend elle aussi un enfant. Quand l’ange te prévient qu’Elisabeth en est à son 6e mois, tu pars « en hâte », pour lui venir en aide. Tu es service !

 

Ignores-tu les angoisses de Joseph quand il comprend que tu attends un enfant ? Tu sais que tu es dans la main de Dieu comme si tu étais son seul souci. Tu fais confiance et, en silence, tu es la servante.

           

            A ton arrivée chez Elisabeth, ses paroles indiquent qu’elle sait que tu portes celui qui vient sauver son Peuple, celui que Dieu a promis depuis la chute originelle. Tu le portes au monde : tu es secours et servante.

 

            De retour à Nazareth, un édit de César impose un recensement aux Hébreux. Joseph est de la maison de David et il faut partir pour Bethléem. Tu es silence.

 

            A Bethléem, vous passez de maison en maison et une étable vous accueille. C’est là que tu mets au monde le Fils de Dieu. Sans bruit et humblement mais avec un cœur débordant de joie : cet enfantement traduit ta disponibilité silencieuse et féconde : tu enfantes la création nouvelle que des anges annoncent aux bergers. Tu es disponible et silencieuse, tu es médiatrice.

 

            Lors de la purification au Temple, Siméon prend l’enfant et prophétise : « Une épée te transpercera le cœur ». Et tu acceptes sans poser de questions : tu sais que tout est sous le regard de Dieu : tu es silence et tu es servante, tu es confiante.

 

            La méchanceté d’Hérode vous oblige à partir en Egypte. En songe, Joseph est averti : il faut partir avec l’enfant jusqu’à l’endroit qui lui sera indiqué. Un exil de plusieurs années, loin de Nazareth et de la terre de tes ancêtres. Silence, confiance et disponibilité.

 

            Et, en Egypte comme ailleurs, tu vis au milieu des tiens et de tes voisins dans la disponibilité, le service, l’humilité, la simplicité et la paix intérieure

 

            A la mort d’Hérode, vous rentrez vous établir à Nazareth. Vous retrouvez vos habitudes et vos amis, les lois ne vous seront plus étrangères. Tu es silence et sérénité, confiance dans l’avenir.

 

Tu regardes Jésus jouer, tu le vois grandir, tu le vois traverser l’enfance et arriver à l’âge de 12 ans, âge adulte pour les Hébreux. Tu médites en ton cœur : que sera cet enfant qui est aussi mon Dieu ? Tu te souviens des paroles de l’Ange « il sera grand, il sera appelé fils de Dieu ». Tu es paix, douceur et disponibilité.

 

            Lors du pèlerinage annuel à Jérusalem, Jésus disparaît. Joseph et toi, inquiets comme tous les parents le sont lorsque leur enfant échappe à leur surveillance, vous le cherchez dans la foule pendant trois jours. Vous êtes remplis d’inquiétude et dès qu’il est retrouvé, tu t’inquiètes de savoir pour quelle raison il vous a échappé : « Il se doit aussi aux affaires de son Père », te répond-il : tu es servante.

 

Vous rentrez à Nazareth avec cette certitude absolue et indéracinable : cet enfant appartient d’abord à Dieu. Il est ton enfant mais il est d’abord celui de Dieu. Et tu médites en ton cœur. Tu es maternelle, infiniment maternelle et totalement la servante de Dieu !

 

            Jésus aide Joseph à l’atelier de charpentier, tu tiens la maison où vous vivez dans le calme sans ostentation. Avec Jésus vous respectez l’autorité de Joseph, le juste, mais qui, comme tout être humain, a besoin d’être racheté. Immaculée tu lui obéis ainsi que Jésus, l’enfant-Dieu. Tu es là, servante silencieuse, discrète et totalement confiante.

 

            Alors commence la vie publique où le « Messie » part annoncer l’amour du Père aux hommes exténués par le poids du fardeau quotidien. C’est le baptême dans le Jourdain avec l’identification du Fils bien-aimé. Premiers disciples et les premiers apôtres. L’éloignement ne t’empêche pas de penser à lui. Tu es avec lui de tout ton cœur et de tout ton esprit. Peut-être Joseph vous a-t-il quittés puisque tu es invitée aux Noces de Cana et qu’il est absent. Au cours de ce repas de noces, attentive et discrète, tu fais humblement remarquer à Jésus que le vin va manquer. « Son heure n’est pas venue », te répond-il mais tu sais qu’il fera quelque chose. Tu es servante, tu es attentive, tu es confiante, tu es médiatrice.

           

Tu avertis les serviteurs de « faire tout ce qu’il dira ». Ici, nous avons la seule intervention notée par l’évangéliste au cours de la vie publique. Tu connais la mission pour laquelle il a été envoyé. Et les serviteurs, c’est nous aujourd’hui que tu guides sur le chemin de la foi. Disponible et servante toujours !

 

Pendant la vie publique, plusieurs fois tu dois méditer la prophétie de Siméon au sujet du glaive de douleur traversant ton cœur. Ton enfant s’appelle Jésus « le Seigneur Sauve » ! Inébranlable, tu demeures forte et fidèle au milieu de l’adversité !

 

Tu sais qu’il a une mission difficile au milieu des hommes pécheurs qui ont été détournés de Dieu par le Mauvais. Contestations, menaces, incompréhensions, jalousies et autres conséquences du mensonge de l’origine l’accompagneront jour après jour. Tu sais qu’il est « le Messie Sauveur » dont parlent les Écritures. Il est entré dans le monde en disant à son Père qu’il venait pour accomplir le dessein que le Père a voulu de toute éternité et qu’il s’est offert en holocauste. Il accomplit ce salut voulu par son Père. Et, encore et toujours, tu acceptes, tu es servante et silence !

 

Il a dit à ses apôtres qu’il serait crucifié : humiliation suprême épargnée aux citoyens romains, trahi par l’un des siens, il subit sa Passion : jugement, accusation des grands Prêtres, comparution devant Pilate, flagellation, couronnement ridicule d’un roi défiguré, puis condamnation humainement injuste tandis que Pilate s’en lave les mains. Et toi, Vierge des Vierges, Marie Mère de Dieu, tu assistes à ces atrocités ; ton cœur est transpercé à cause de leur attitude, de leurs réflexions et de leurs outrages. Alors Pilate le montre défiguré à la foule : « Voici l’homme ».  Oui, voici ce que l’homme peut faire de l’homme. Devant lui on se voile la face, il n’a plus figure humaine. Ton cœur déborde et tu ne peux retenir tes larmes mais pas un cri ne sort de ta poitrine. Fidèle au service de Dieu, tu restes silencieuse ; tu sais, et tu te tais quelle que soit ta souffrance : tu participes à la Rédemption.

 

Il est chargé de sa croix. Tu le rencontres brisé par la souffrance, la fatigue, épuisé par la flagellation ; vos regards se croisent : le silence est éloquent. Il faut dire oui à Dieu face à l’injustice des hommes. Injustice qu’eux-mêmes sont loin de mesurer. Courageuse et silencieuse, tu ne peux retenir tes larmes.

 

Et maintenant, tu es au pied de la croix avec Marie, femme de Clopas, avec Marie Madeleine, avec Jean le disciple que Jésus aimait. En te confiant Jean, c’est nous aussi qu’il te confie. Tu deviens notre Mère et tu nous reçois avec amour. Tu ne retiens rien contre nous, tu pardonnes tout à tes enfants : tu es Mère de miséricorde.

 

Le Stabat Mater, composé au Moyen Âge, décrit tes souffrances : « triste et anéantie, femme bénie entre toutes les femmes », tu as servi ton Dieu au-delà de toutes forces humaines. Désormais tous les âges chanteront ta louange : au milieu de toutes ces atrocités, tu aimes tes enfants comme Dieu les aime et parce que Dieu les aime. Tu es débordante de miséricorde.

 

Le matin de la Résurrection, il n’est pas possible qu’il ne soit pas venu te voir ! Quelle joie intense n’avez-vous pas éprouvée à cet instant suprême ! Tu es joie silencieuse, partagée et communiquée.

 

 A la Pentecôte, avec les apôtres, tu reçois le feu de l’Esprit Saint. Tu es « envoyée » toi aussi au milieu des hommes sur cette terre que tu quitteras dans quelques années mais, du ciel, tu reviendras nous visiter. Tu es service et secours, tu es éternellement maternelle !

 

Et la Trinité, au grand complet, dépose une couronne sur ta tête : tu es la Vierge bénie, la Mère du Fils de Dieu, la Mère de Dieu, Mère de l’Église, tu n’abandonnes pas tes enfants. Tu viens en aide à qui te prie, silencieuse et fidèle.

 

Puis, tu apparais en différents endroits. Tu transmets les messages de ton Fils. Tu es souriante mais parfois aussi, tu pleures. Tu apportes consolations et encouragements, tu demandes prières et sacrifices pour la conversion des cœurs et tu promets que ton Fils se laissera toucher. Peut-être la plus ancienne de tes apparitions est celle du Puy-en-Velay mais beaucoup d’autres ont suivi : tu es servante, tu es médiatrice et tu es co-rédemptrice.

 

Des cathédrales te sont consacrées comme aussi de toutes petites chapelles au fond des campagnes. Des ordres religieux réclament ta protection, des pèlerinages implorent ton intercession. Tu es saluée comme Reine du Ciel et de la terre, tu es la gloire du genre humain. Parce que tu es Mère de miséricorde.

 

Vierge, ma Mère, aujourd’hui comme hier, tu es toute de silence et de service, tu écoutes et tu intercèdes pour chacun de ceux qui se tournent vers toi. Tu es avocate, tu es secours, auxiliatrice, médiatrice et Mère de miséricorde.

 

Alors, je me tourne vers toi et, de toutes mes forces, je te demande d’écouter cette prière que tes enfants te chantent avec un cœur plein d’espérance :

 

« Si le vent des tentations s’élève,

Si tu heurtes le rocher des épreuves,

Si les flots de l’ambition t’entraînent

Si l’orage des passions se déchaîne…

 

            Regarde l’étoile, invoque Marie

            Si tu la suis, tu ne crains rien !

            Regarde l’étoile, invoque Marie,

            Elle te conduit sur le chemin »

Cécile Beaure d'Augères, consacrée de Regnum Christi