Cher frère Andrew, vous êtes arrivé en 2016 à Méry. Quelles sont vos impressions sur l’année scolaire écoulée ?
Je ne savais pas à quoi m’attendre lorsque je suis arrivé car, parmi tous les apostolats de Regnum Christi, cette école est la première en son genre. Les seuls internats que nous ayons sont des écoles apostoliques. Je ne savais pas comment seraient les élèves, s’ils seraient différents des États-Unis. J’avais une multitude d’aspects pratiques à découvrir : comment éduquer, comment écouter, comment être patient, comment dialoguer, avec en outre une langue à apprendre !
Une chose m’a frappé en arrivant : la beauté des chants à la messe. Ici en France on a l’habitude de chanter des harmonies de musique liturgique ; c’est quelque chose que je n’avais pas vraiment entendu en dehors du séminaire. Et bien sûr, l’histoire sacrée incarnée dans les églises dispersées dans la campagne française est impressionnante. Aux États-Unis, nous n’avons rien de comparable. L’église de la paroisse desservie par notre communauté a été construite au 11e siècle – elle est 700 ans plus ancienne que mon pays !
Vous incarnez la dimension internationale du mouvement Regnum Christi, c’est-à-dire les parcours internationaux des légionnaires et consacrées. Dans quelle mesure les élèves peuvent-ils profiter de cette richesse ?
Le Royaume des cieux rassemblera des personnes depuis le commencement de la race humaine jusqu’au dernier jour, de tous les coins perdus du monde comme des plus grands pays. Au ciel, nous seront tous unis, pour l’éternité. La dimension internationale du mouvement Regnum Christi et, en particulier, la façon dont se composent les communautés légionnaires constitue un témoignage éloquent du ciel. Elle nous rappelle que nous sommes tous appelés en dehors de nous-mêmes à accueillir des personnes du monde entier, de toute race, nation et langue. Il est beau de vivre dans une famille spirituelle qui accueille des héritages culturels différents. Qui plus est, cela nous aide à connaître le monde, à gagner de nouvelles perspectives sur des idées reçues. Et tout cela est très enrichissant.
Cette année écoulée a été une occasion en or pour moi d’apprendre la culture et les coutumes françaises et d‘enrichir ainsi ma compréhension du monde. J’ai eu la chance aussi d’essayer de partager ma propre culture dans mes classes d’anglais. Mon meilleur professeur de langues au lycée était de Toulouse et elle a toujours parlé français. Le simple fait de l’avoir écoutée pendant un an, même si je n’ai pas tout compris, m’a aidé à m’habituer à écouter une autre langue. Sachant que sa méthode m’avait tant aidé, je savais que je voulais faire la même chose avec mes classes d’anglais ici à Méry – l’immersion totale ! Je parle anglais pendant toute la leçon. Avec les garçons plus jeunes, je traduis, bien sûr, des phrases ici et là. Mais s’ils posent une question ils doivent le faire en anglais. Anglais, anglais, anglais ! En plus, souvent je continue l’apprentissage en dehors de la classe !
Pouvez-vous partager un aspect de votre vie à l'école qui vous a marqué ?
Vivre avec des adolescents du lundi au vendredi peut être un défi. Il l’est d’autant plus que leur apprendre des valeurs humaines et chrétiennes les rendront heureux. Ainsi il est très satisfaisant de voir, de temps en temps, certains garçons se surpasser pour servir autrui, bien accomplir leurs devoirs, offrir un acte de charité à quelqu’un, etc. Vous constatez alors que vos efforts pour éduquer portent du fruit. Dieu seul sait comment chaque élève arrive à l’école et comment chacun la quitte ; lui seul peut voir le fruit qui demeure jusqu’à l’éternité, le fruit qu’il nous a demandé de porter pendant la dernière Cène.
Quel élément de la formation au collège-lycée vous a particulièrement touché lors de cette année scolaire qui s’achève ?
Éduquer les jeunes est un apostolat URGENT pour les laïcs et religieux catholiques. Si nous souhaitons changer le monde pour le meilleur, nous devons éduquer les jeunes. Nous devons leur transmettre la Bonne Nouvelle. Nous devons les nourrir avec un désir ardent de connaître la vérité. Nous devons les aider à rencontrer le Christ d’une manière qui transforme leur vie. Le Christ est la seule solution durable à nos problèmes, et ainsi il doit être naturellement au centre. C’est ce que nous essayons de faire au collège-lycée. Et comment le réalisons-nous ? En étant ses témoins, en vivant les commandements d’amour qu’il nous a donnés ; en prenant notre croix tous les jours et en lui suivant ; en étant patient, en écoutant, en accompagnant ; en ne perdant jamais l’espérance et en ne renonçant jamais.
Récemment j’ai appris que mes supérieurs avaient décidé de m’envoyer aux États-Unis l’année prochaine. Ainsi je regarde cette année passée comme un cadeau. J’ai pu tant apprendre lors de cette année à Méry. Je suis si reconnaissant de cette occasion qui m’a été offerte d’élargir mes connaissances culturelles et de partager avec d’autres ce que j’ai reçu lors de ma formation cléricale. Apprendre une autre langue pour mon futur ministère au confessionnal est également une véritable bénédiction.
Je vous demande de prier pour moi, que je devienne un saint religieux et un saint prêtre. Et priez pour notre école, qu’elle continue à servir ce pays en formant des chrétiens responsables, des hommes droits qui transformeront la société française.