De Wawel à Błonia
Mardi 26 juillet. Nous avons la veille pris nos quartiers dans les faubourgs de Cracovie et, libres des contingences matérielles, nous pouvons passer l’après-midi à découvrir la ville, qui manifeste, tant par ses églises que par l’exposition organisée pour la circonstance par l’armée, son attachement au catholicisme, malgré son histoire.
Chaque pas, en effet, dévoile aux regards un de ces lieux que bénévoles et consacrés locaux s’empresseront de nous faire découvrir, a fortiori quand on a décidé d’errer, guide et plan enfermés dans son sac, accueillant ce tolle, lege urbain. Probable point culminant du parcours, la cathédrale Saints-Stanislas-et-Venceslas, surplombant la Vistule depuis la colline du Wawel, et dont intérieur et extérieur font éclater avec même splendeur la gloire de Dieu. Mais la journée s’avance, et après les églises de pierre, voici l’Église des hommes, et à sa tête le Christ. Celle-ci ne pouvant tenir dans le centre-ville, elle s’établit dans une prairie avoisinante, Błonia.
Avant d’y arriver, premier spectacle : une pluie drue et soudaine, qui amène les pèlerins à s’abriter par millions sous autant de ponchos fournis par les organisateurs. Alors en l’espace d’une minute, les marinières, les tee-shirts verts des écoles australiennes, tous les autres uniformes d’une nation ou d’un mouvement et jusqu’aux visages sont engloutis sous un fleuve bleu, jaune et rouge qui se dirige vers le parc puis, à son approche, forme un delta dont chaque alluvion correspond à une zone. Dans celles-ci règne une fraternité joyeuse, celle de l’ecclésia réunie à l’appel du Saint-Père.
Mais le silence s’établit au début de la messe - servie musicalement avec brio par un orchestre conséquent - et à l’Eucharistie, dans le recueillement partagé par quarante-huit hectares de jeunes catholiques, le doute n’est plus permis : il est au milieu de nous.
Michael Ayoun-Compagnon
L’expérience du silence à deux millions
Les JMJ sont une expérience qui est difficile à décrire avec des mots ! Car ce sont une ou deux semaines remplies de moments tellement forts en émotions ! Pour ma part c'était la deuxième fois que je vivais ces JMJ. Au début j'avais quelques appréhensions car je me disais que Cracovie ne pourrait pas être mieux que Madrid, mais en réalité on ne peut pas comparer !
Les JMJ m'ont permis de me retrouver dans ma foi et dans ma vie car on fait tout d'abord une rencontre avec Dieu mais aussi des rencontres avec des milliers de jeunes qui nous montrent que l'Église n'est pas quelque chose d'ennuyant.
Après les JMJ le retour à la réalité est parfois un peu compliqué mais heureusement les rencontres que l'on fait là-bas ont des bases tellement solides que ce sont de réelles amitiés qui naissent !
Mais surtout ces JMJ ne seraient pas pareilles sans l'aide et l'accompagnement de tous les pères, les religieux, les consacrées et toutes les personnes qui nous préparent et nous accompagnent avant, pendant et après les JMJ.
L'un des moments qui m'a le plus touchée (c'est difficile de n’en choisir qu'un, tant ils ont été nombreux) c'est sûrement lors de la veillée finale. Lors du discours du pape, on pouvait toujours entendre des gens parler, s'amuser, etc., mais à un moment il a demandé de prendre un moment de silence pour prier tous ensemble. Et j'ai réalisé qu'il n'y avait qu'aux JMJ et que le pape pour faire taire plus de 2 millions de personnes. De même, quelques instants plus tard durant l'adoration, la même chose s'est produite.
Pour terminer, les JMJ sont tellement hors du commun, magnifiques qu’il faut vraiment y participer si l’on a la chance de pouvoir le faire.
Xavière Danniau
Et maintenant ?
Voilà quelques semaines nous quittions le Campus Misericordiae enrichis de diverses rencontres, celle avec le pape, celle avec des milliers d’autres personnes et celle avec le Christ. Ce week-end autour du pape résume bien nos JMJ. Durant ces 15 jours, nous avons eu comme une crise de croissance, nous avons pu grandir un peu plus vite que d’habitude. Nous avons pu renforcer notre connaissance de l’Église et de la foi par les divers enseignements et témoignages que nous avons reçus, nous avons fait de nombreuses rencontres qui nous ont touchés humainement et nous nous sommes rapprochés du Seigneur grâce à la prière et aux sacrements. Mais que faire maintenant ? Nous ne pouvons pas laisser tout cela sur « le divan ».
Relire les enseignements
D’un point de vue intellectuel, on peut revenir sur les enseignements que nous avons reçus en reprenant des notes ou en relisant les homélies du pape. Profiter du mois d’août pour lire un livre sur un thème déjà abordé durant les JMJ ou sur un sujet d’Église qui nous interpelle. Cela permet de mieux connaître sa foi, de mieux en parler et de trouver des thèmes de discussions qui nous intéressent pour la rentrée dans les aumôneries (exemple de livres : « Nos limites. Pour une écologie intégrale » de Gauthier Bès ; « L’illusion financière » du Père Jésuite Gaël Giraud ; « Comment répondre aux questions brûlantes sur l'Église sans refroidir l'ambiance » d’Austen Ivereigh).
Enrichir ses relations
Tous ces nouveaux amis sur Facebook ! Avec certains nous n’avons échangé que des bonjours, avec d’autres des discussions comme des amis de longue date mais tous sont des frères dans le Christ. Mais que faire après avoir vécu des moments humainement très forts et ce retour au quotidien à plusieurs dizaines ou centaines de kilomètres les uns des autres ? D’abord, donner une priorité aux amitiés les plus anciennes, celles fondées sur le roc qui nous aident dans tous les moments de notre vie. Puis être à l’écoute de tous et prendre des nouvelles car si le Seigneur a voulu que nous rencontrions telle ou telle personne nous ne savons pas si cette rencontre était ponctuelle ou si elle durera toute la vie. Enfin prier les uns pour les autres car nous ne devons pas oublier la puissance de la prière.
Vivre du Christ
La plus grande expérience des JMJ fut celle du Christ que nous avons rencontré dans les autres, dans la prière et les sacrements. Il était plus facile de prier grâce au cadre qui nous était proposé, au groupe qui nous portait à la prière, aux chants, à la liturgie,… mais maintenant comment continuer à prier quand on est seul, quand les tentations du monde sont nombreuses ? Selon son état de vie et son avancement dans la vie spi, il faut se poser des repères et prendre des résolutions (prière du matin, lecture de la Bible,…). Et pourquoi ne pas se faire aider à la rentrée par un directeur spirituel ?
Quoiqu’il en soit, les JMJ ne resteront pas sans conséquence dans nos vies, les grâces ne sont pas forcément visibles ni à effet immédiat !
Stephen Dugoujon
Lisez le récit et la réflexion du P. Roger Villegas, qui a accompagné les jeunes aux JMJ dans le numéro spécial JMJ de Christophoros
Le 18 juillet, 51 lycéens sont partis avec Regnum Christi pour une semaine de préparation pour les JMJ, suivie par les JMJ de Cracovie 2016. Pendant la semaine de préparation, que nous avons vécue en Slovaquie, nous avons travaillé sur la pensée de saint Jean-Paul II : qu’est-ce que ce géant du XXe siècle avait à nous dire sur le rôle de jeunes dans le monde d’aujourd’hui ?
Étape suivante : passer de la préparation aux JMJ. Pour arriver en Pologne, nous avons traversé les Tatras à pied, randonnée de deux jours à travers la chaîne de montagnes entre la Slovaquie et la terre de Jean-Paul II, avant d’arriver à la ville de Zakopane où nous avons été accueillis chaleureusement par le curé et les paroissiens.Nous sommes partis vers Cracovie le lundi 26 juillet et avons vécu une semaine de fête, de rencontres, prière, et une expérience de l’Église universelle et de la miséricorde de Dieu.
Voici le témoignage de deux lycéens de Bordeaux qui se sont préparés aux JMJ avec l’aumônerie Regnum Christi des lycéens à la paroisse Sacré-Cœur !
Un moment marquant a été à la messe d’ouverture des JMJ le mardi 26 juillet. Quand le diacre nous a demandé d’échanger un signe de la paix, des personnes du monde entier se sont donné la paix du Christ. Je pense que cela incarne bien l'esprit des JMJ dont on a si souvent parlé. Même si l’on ne se connaît pas et que l’on ne parle la même langue, nous sommes tous des enfants de Dieu et en quelque sorte nous sommes devenus amis lors des JMJ.
L’événement le plus fort des JMJ a été l'arrivée du pape le jeudi 28 juillet. On pouvait constater dans la foule que même les militaires étaient émus de voir le pape avec des millions de jeunes venus du monde entier. Le Saint-Père est arrivé et après l’accueil par le cardinal Dziwisz, évêque de Cracovie, le pape François a dit quelques mots. Je voyais certains pleurer de joie de le voir et l’entendre.
Tundé Kokodé
Ce qui m'a le plus marqué pendant ces JMJ est l'esprit qui s'en dégageait, la joie et l'énergie que chaque participant montrait en toute circonstance… et ce malgré la fatigue. En effet à chaque fois qu'un groupe de jeunes rencontrait un groupe du même pays c'était la folie !
Une autre chose m'a beaucoup touchée : découvrir que nous venions tous pour la même cause, avec plus ou moins les mêmes idées et convictions malgré les différentes cultures et origines. Je suis très contente de toutes les rencontres que j'ai pu faire. Dans la vie de tous les jours on pense qu’on est seul dans notre foi mais à Cracovie nous étions près de 2,5 millions de jeunes croyants et cela m’a redonné confiance en notre jeunesse et notre monde.
Inès Chaize