Une éducation à la liberté et à la responsabilité

C’est un grand titre avec trois « gros mots ». Ils me semblent gros parce qu’ils sont fondamentaux pour nos jeunes. Education. Liberté. Responsabilité. Qu’il s’agisse de parent, d’un animateur dans un centre aéré, d’un préfet de discipline dans un internat privé, d’un prêtre, d’une personne consacrée, d’un professeur, tout éducateur qui aime « ses » jeunes désire qu’ils deviennent libres et responsables. Par Sarah Cleary, consacrée de Regnum Christi.

Si, fondamentalement, tous cherchent à éduquer à la liberté et à la responsabilité, pourquoi tant de différences dans les méthodes et les résultats ? L’étymologie du mot « éducation » donne un indicateur. Le mot latin « educare » peut se traduire par « guider hors de ». L’éducateur est donc celui qui guide le jeune ou l’enfant hors de… Et l’on s’arrête. Hors de quoi ? C’est la réponse à cette question qui détermine les différences d’avis ainsi que les diverses conceptions de liberté et de responsabilité.

Guider le jeune hors de quoi ?

Si nous sommes plutôt de l’école de Rousseau, le jeune est son sauvage noble. Le sauvage est naturellement bon, et c’est la société (famille, religion et maintenant « genre ») qui corrompt la personne. Il faudrait donc le libérer de toute règle pour le retrouver comme individu. Dans cette logique, le rôle des éducateurs est de guider le jeune hors de la tutelle : « produire un individu libre, émancipé de toutes les tutelles – politiques, religieuses, familiales, sociales »[qtip:1|Vincent Peillon, La Révolution française n’est pas terminée, Seuil, 2008, p. 177.]. Par la suite, pour éviter les chocs inévitables entre individus, il faut l’aider à choisir le consensus social (un accord commun, ou la volonté générale). Sa liberté est de ne pas avoir des attaches, « une liberté des entraves » et sa responsabilité est de choisir le consensus, présenté par son éducateur. Dans les mots de M. Peillon, l’éducation est le lieu « où viennent coïncider l’ordre et la liberté, l’insurrection et l’autorité, l’individu et le citoyen »[qtip:2|Vincent Peillon, La Révolution française n’est pas terminée, Seuil, 2008, p. 177.].

Une autre école a une vue nettement moins positive de la personne humaine. Cornélius Jansénius, évêque d’Ypres au XVIIe siècle, dira que « depuis que la nature humaine a été corrompue et ainsi dire courbée par le péché, elle ne peut plus être redressée que par une force extrême… »[qtip:3|Cornelius Jansenius, Traduction d'un discours de la réformation de l'homme intérieur. Ou sont établis les véritables fondements des vertus chrétiennes...Tr. par R. Arnauld d'Andilly, Vve J. Camusat (Paris), 1642, p.7]. Toute faute doit être corrigée, aucune imperfection n’est à laisser passer. L’éducateur est présent pour guider le jeune hors de sa nature corrompue. Les turbulents doivent être corrigés ; les placides et dociles sont louables (« prédestinés » dans un terme bien janséniste, à devenir le chouchou…). On « bourre les crânes » des jeunes avec des principes, des morales, des concepts afin de s’assurer qu’ils apprennent quelque chose. La liberté souhaitée est une liberté de l’entrave de la faute. La responsabilité finalement est de correspondre au souhait de l’éducateur, qui se présente comme volonté de Dieu.

Chose curieuse : ces deux écoles coïncident dans leur conception de liberté et de responsabilité. Dans l’une comme dans l’autre, la liberté n’est que « liberté d’entraves ». Liberté du péché chez les néo-jansénistes, liberté de la société corrompue chez les idéologues de Rousseau. La liberté ne devient jamais une force positive pour faire des choix et construire l’avenir. En plus, puisque la liberté n’est pas libre, la responsabilité n’est qu’un devoir de conformité aux exigences de l’éducateur ou de son système. Responsabilité sera donc opposée à la liberté absolue. Par exemple, si le jeune veut manger à volonté, et plus que le raisonnable, soit nous lui disons que ce n’est pas agréable pour les autres (comme Rousseau) ou qu’il est en train de commettre un péché de gourmandise (comme Jansénius). Il n’a pas d’obstacle pour le faire, c’est alors son sens de responsabilité qui doit s’imposer pour l’empêcher d’agir librement.

Cet exemple nous montre une troisième voie. Il est évident que si nous montrons au jeune que cela n’est pas bon pour lui de trop manger, il pourrait vraiment agir en liberté. Sa responsabilité ne serait plus une entrave à sa liberté sinon un moyen de mieux la vivre. Voilà comme Jean-Paul II présente[qtip:4|Une pensée présentée dans son ouvrage The Acting Person, et repris dans l’encyclique Veritatis Splendori, 1997.] un chemin pour comprendre la liberté et la responsabilité autrement. Pour Karol Wojtyja puis Jean-Paul II, la liberté est toujours liée à la vérité, car « la vérité vous rendra libres ». La liberté, c'est donc la liberté de faire des choix qui nous rendent authentiquement humains, meilleurs, vrais dans notre être profond. Pour lui, cet être profond est un être de relation qui ne se trouve pleinement que dans le don désintéressé de soi[qtip:5|Cf. Gaudium et Spes, 24] .

Ainsi, la liberté de l’homme est une liberté pour entrer en relation avec les autres, jusqu’au point de se donner à eux sans chercher une récompense pour soi. Quand nous regardons la liberté de cette manière, la responsabilité n’est plus une question d’« assumer ses devoirs » sinon d’assumer son être de relation avec Dieu, le monde et les autres, et s’engager pour les améliorer. Éduquer à la responsabilité et à la liberté, pour Jean-Paul II, sera de guider le jeune hors de son individualisme pour s’engager profondément dans le monde. Comme dira François aux JMJ à Rio de Janiero :
« Par vous l’avenir entre dans le monde... Continuez à vaincre l’apathie, en donnant une réponse chrétienne aux inquiétudes sociales et politiques, présentes dans diverses parties du monde... Chers jeunes, s’il vous plaît, ne regardez pas la vie « du balcon », mettez-vous en elle. Jésus n’est pas resté au balcon, il s’est immergé ; ne regardez pas la vie « du balcon », immergez-vous en elle comme l’a fait Jésus »[qtip:6|Discours, Rio de Janeiro – Copacabana, samedi 27 juillet 2013] .

Educateurs à la liberté et la responsabilité

Malgré tout, nous sommes souvent tentés par les écoles de M. Rousseau et Mgr Jansénius. Elles nous donnent des excuses rationnelles pour nos défauts en tant qu’éducateurs. Est-ce que nous laissons passer le moment de corriger un enfant, en se disant qu’il apprendra soi-même (vive Rousseau !), parce qu’au fond nous ne voulons pas gérer sa réaction ? Ou sommes-nous de bons jansénistes qui exigeons trop de perfection et de discipline, parce que nous nous sommes réveillés du mauvais côté du lit le matin ?

Comme le note l’auteur de « Vos enfants ne sont pas des grandes personnes » souvent les parents (comme, d’ailleurs les éducateurs) : « ont des attentes plus fortes parce qu’ils sont insatisfaits et fragilisés dans leur relation de couple ou dans leur travail. Alors ils ont tendance à tout miser sur les enfants »[qtip:7|Béatrice Copper-Royer (Albin Michel), 2000]. Pour éviter ce danger, le défi d’un éducateur est de vivre hors de soi, de vivre dans la réalité. C’est alors qu’il pourra guider les jeunes dans leur propre chemin de liberté et engagement.

Alors, comment ? Quand Jean-Paul II parle de la liberté dans Veritatis Splendor, il rappelle l’histoire du jeune homme riche. Ce jeune s’approche de Jésus pour lui demander comment trouver la plénitude de sens pour sa vie.
« C'est en fonction de cette prise de conscience d'insuffisance que Jésus s'adresse à lui dans sa dernière réponse : en saisissant la nostalgie d'une plénitude qui dépasse l'interprétation légaliste des commandements, le bon Maître invite le jeune homme à entrer dans le chemin de la perfection : “Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux ; puis viens, suis-moi” (Mt 19, 21) »[qtip:8|Jean Paul II, Veritatis Splendor, 17. 1993].

Comme éducateurs, il y a trois éclairages à tirer de ce court passage pour apprendre à être éducateurs. Le premier nous montre que l’éducation commence quand le jeune prend conscience de son insuffisance. Le deuxième se trouve dans la réponse directe de Jésus à la question intérieure du jeune (et pas uniquement à sa manière de la poser). Comme troisième point, nous voyons Jésus faire confiance au garçon et lui demander des grandes choses.

Premier éclairage : l’éducation commence quand le jeune prend conscience de son insuffisance à soi-même

On ne peut pas donner à manger à qui n’a pas faim. C’est un des principes pédagogiques de lECyD , mouvement des jeunes de Regnum Christi. Dans un contexte éducatif, il faut savoir susciter la faim, sortir les questions profondes du jeune. Il s’agit d’éduquer dans la liberté, afin d’éduquer à la liberté et à la responsabilité, car si le jeune cherche la vérité de son plein gré, il sera plus responsable quand il la trouve.

Alors, comment faire pour susciter la faim ? Cela dépendra de l’éducateur (personnalité, talents, etc.) et des jeunes qu’il accompagne. Pourtant ce principe exige de nous de connaître nos jeunes dans leurs amitiés, leur page Facebook, leur ambiance à la maison, leur collège ou lycée, les livres qu’ils lisent ou les films qu’ils visionnent, leurs peurs, leurs souffrances, leurs joies et leurs aspirations.

En même temps, ne nous trompons pas : le monde n’a pas changé au point que les questions éternelles de l’homme soient transformées. Nous assistons à un changement de culture, comme dit le Pape François, justement parce que ces questions se posent avec plus d’urgence, et la culture ne peut plus donner une réponse satisfaisante. Les questions des jeunes sont toujours les mêmes que les nôtres : le sens de la vie, la mort, la souffrance, le mal, l’amour et ses expressions,…

Et voilà une deuxième partie de l’équation pour susciter la faim. Aider le jeune à réaliser qu’il n’est pas autosuffisant veut dire que nous aussi nous nous reconnaissons faibles. Un éducateur n’est pas un super héros. Même le Christ ne se présentait pas intouchable : « Nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché. » Hb 4,15.

Pour compatir aux faiblesses des jeunes, nous nous montrons « éprouvés » dans notre combat spirituel. Il ne s’agit pas de se confier aux jeunes, sinon de savoir demander pardon ou de l’aide, admettre parfois qu’on ne sait pas, rire avec eux, participer à leurs projets, mettre « j’aime » sur Facebook,... Ces petits gestes qui nous rendent proches. Ils ne veulent pas non plus un adulte dépendant comme éducateur, mais ils veulent savoir que nous pouvons comprendre leurs faiblesses et ambivalences, comme dans le cas d’une animatrice qui voulait se réconcilier avec un dortoir de filles. Elle les avait grondées trop sévèrement la nuit précédente, mais elle craignait de perdre son autorité en s’expliquant. Quand elle s’est simplement excusée pour son manque de patience, les filles d’elles-mêmes ont reconnu qu’elles étaient aussi en tort.

Aider le jeune à reconnaître son insuffisance contribue à l’épauler et aussi à faire un travail sur soi. Cette reconnaissance met la relation éducateur-jeune dans un rapport de liberté et rend le jeune plus responsable des échanges qui se vivent.

Jésus répond à la question intérieure du jeune

Combien de fois en tant qu’éducateurs nous trouvons-nous devant un jeune avec une question ennuyeuse. Il cherche à provoquer une réponse. Nous sommes frustrés, prêts à prononcer un mot qui l’empêche de réagir ou bien qui adoucit la vérité parce que nous ne sommes pas convaincus que le jeune puisse l’entendre. Pourtant, ni l’une ni l’autre des réactions n’est appropriée pour le jeune.

Car s’il provoque, c’est que le jeune n’arrive pas trouver une réponse qui le satisfasse. Si un jeune demande « pourquoi l’Église est contre le préservatif ? », il ne veut pas que nous lui disions « tu vois, on évolue, ça prend du temps, personnellement je pense que… », ni « ce que l’Église dit est toujours vrai ». Il veut savoir pourquoi.

Ce n’est pas une question stupide. Dans sa tête, il a tous les arguments. Il a appris en classe que le préservatif est le seul salut contre le SIDA. Interdire le salut ne concorde pas avec ce qu’il sait du Christ et son Église. Ou bien il pense avoir des relations avec sa petite amie. Sur la publicité qu’il voit dans le métro, il sait qu’il doit utiliser le préservatif, ce serait un manque d’amour de ne pas se protéger, alors pourquoi l’Église dit-elle non ? Voilà pour sa raison. Et puis, dans sa conscience, il a l’impression qu’il y a quelque chose de plus qu’il ne sait pas expliquer. Il veut que nous le conduisions à voir plus loin que les horizons qu’on lui a donnés. Il veut savoir pourquoi il faut se garder pour son épouse et ne pas essayer avec sa petite amie ou pourquoi il peut être fier de sa foi et avoir une réponse quand on se moque de ses croyances.

Pour l’éducateur, il s’agit de ne pas répondre sur le vif, mais d’aider le jeune à se poser les vraies questions. « La vérité vous rendra libres », c’est la conviction intime de l’éducateur. Répondre aux questions intérieures du jeune exige deux choses de l’éducateur, noté par saint Pierre dans sa première lettre :
« Soyez prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance qui est en vous ; mais faites-le avec douceur et respect. Ayez une conscience droite, afin que vos adversaires soient pris de honte sur le point même où ils disent du mal de vous pour la bonne conduite que vous avez dans le Christ » (3,15 -16).

Pour Saint Pierre donc, en premier lieu, le croyant (et l’éducateur) doit savoir pourquoi il croit, afin de répondre aux questions avec douceur et respect. Quand nous ne savons pas répondre, dire humblement notre ignorance et puis chercher avec le jeune la réponse est une meilleure solution que d’inventer ou raconter une histoire. En deuxième lieu, saint Pierre note que le témoignage ne se limite pas à la connaissance de foi, mais que la vie de l’éducateur soit cohérente avec sa foi.

Pour l’éducateur, une question gênante ou tout simplement une question est donc un « eldorado » pour éduquer le jeune. Dans la vérité qu’il découvre, il peut construire sa liberté et savoir comment s’engager dans le monde où il est.

Jésus lui fait confiance et lui demande des grandes choses

Le jeune homme riche qui vient vers Jésus a soif d’une réponse profonde. Jésus lui dit : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux ; puis viens, suis-moi. »

Le Christ prend un risque énorme. Il demande quelque chose d’inouï à ce jeune qui sent un vide intérieur. Il lui demande tout. Et en retour, il lui promet le bonheur qui est son désir profond. Nous savons la suite. Ce jeune homme ne se détache pas de sa richesse et il reste pour toujours un homme sans nom.

Pourtant, le Christ vient d’éduquer ce jeune homme. Il l’a regardé avec amour, dit l’Évangile, et il proposait de le guider hors des attaches qui rendent sa vie banale, sans nom, pour devenir un héros.

Si nous aimons les jeunes qui nous sont confiés, nous ne nous limiterons pas à leur demander des petites choses comme parfois lire à la messe (même si pour quelques jeunes, c’est déjà un grand pas) ou faire la vaisselle après une réunion. Les jeunes ont soif de grandeur, d’héroïsme, de sortir d’une vie sans nom. Ils ont envie de responsabilité quand elle n’est pas un devoir sinon un engagement pour les autres.

La responsabilité s’éduque par étapes, mais cela commence par notre attitude. Il y a deux pièges principaux : le perfectionnisme, quand nous demandons une tâche sans nous détacher du résultat. Il arrive que nous disions « Il faut que tu me prépares un panneau… », mais en fait, c’est nous qui avons fait le brouillon pour ce panneau, nous qui avons écrit le texte, et nous qui avons choisi les images. Ou bien, nous ne demandons rien du tout, parce qu’ils « n’ont pas le temps » (pour donner le résultat que nous voulons).

Le deuxième piège est de laisser faire. Nous donnons trop, ou peu précisément, au jeune, et nous n’accompagnons pas assez. Un jeune a besoin de sentir notre confiance, savoir que nous croyons qu’il peut faire des grandes choses, mais en même temps, il doit savoir qu’il peut avoir confiance en nous, comme le bébé qui fait ses premiers pas parce qu’il sait que sa mère est là pour le rattraper.

Éduquer à la responsabilité est un travail à temps plein. Il faut penser le projet dans son ensemble, le séparer en parties interdépendantes mais avec des tâches précises, savoir à qui demander, et puis l’expliquer de manière assez claire pour qu’il en connaisse le but, mais de façon assez souple pour qu’il le réalise à sa guise. Ensuite, donner un suivi au groupe. Et puis souvent, l’étape la plus délicate est de le laisser faire et qu’il accepte le résultat, en corrigeant uniquement le nécessaire (et pas ce qui correspondra à notre goût).

La responsabilité, comme nous avons vu plus haut, n’est pas une question d’« assumer ses devoirs » mais d’assumer son être de relation avec Dieu, le monde et les autres, et s’engager pour les améliorer. Une responsabilité, donc, doit se vivre en communion avec d’autres. Pour un jeune, savoir qu’il n’est pas seul et qu’il participe à un grand projet donne la confiance de se lancer et découvrir le bonheur du don de soi. Cette dimension communautaire de la responsabilité est vitale. C’est cela qui contribuera à motiver le jeune à vivre l’engagement librement, et la liberté en s’engageant.

L’éducateur en mission

C’est exigeant de guider un jeune hors de soi pour découvrir l’horizon de sa liberté et son engagement dans le monde. L’idéal d’éducateur peut nous faire peur, ou donner le sentiment que nous ne sommes pas à la hauteur. Et pourtant les jeunes nous sont confiés. La conscience d’être en mission, envoyé, donne la confiance de se lancer dans la tache d’éduquer. Les jeunes ne sont pas à nous ; ils sont au Seigneur. Nous ne les façonnons pas grâce à nos actes. Nos actes collaborent avec le projet d’amour que le Seigneur a tissé et tisse tous les jours pour chacun d’eux. Nos faiblesses, impatiences, erreurs ainsi que nos talents et forces sont des moyens par lesquels le Seigneur parlera à leurs cœurs.

Un passage de Veritatis Splendor résume bien la mission de l’éducateur :
« L’Église fait sienne la conscience que l'apôtre Paul avait de sa mission : “Le Christ... m'a envoyé... annoncer l'Evangile, et cela sans la sagesse du langage, pour que ne soit pas réduite à néant la Croix du Christ... Nous proclamons, nous, un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais pour ceux qui sont appelés, Juifs et Grecs, c'est le Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu” (1 Co 1, 17.23-24). Le Christ crucifié révèle le sens authentique de la liberté, il le vit en plénitude par le don total de lui-même et il appelle ses disciples à participer à sa liberté même. » [qtip:10|Veritatis Splendor, op. cit, 85]

Nous sommes envoyés, souvent sans la sagesse du langage des jeunes, en proclamant des choses qui sembleraient être folie et scandale, mais pourtant portés par la puissance et la sagesse de Dieu. Cette puissance et cette sagesse se révèlent en plénitude dans le don total de soi, vécu par le Christ pour nous. Dans son choix de se donner et de s’engager pour nous, il s’est montré l’homme le plus libre de l’histoire. Quand nous donnons nous-mêmes, notre temps, notre énergie, notre amour, et nous nous engageons pour les jeunes, nous participons dans la liberté du Christ et nous sommes un appel à la liberté de ces jeunes qui sont « le jeune présent de l'Église et de l'humanité »[qtip:11|Benoît XVI, 10 mai 2007 aux jeunes de Brésil : Ne gaspillez pas votre jeunesse, ne la fuyez pas... Consacrez votre jeunesse aux justes idéaux de la foi et de la solidarité humaine. Jeunes, vous n'êtes pas seulement l'avenir de l'Eglise et de l'humanité, comme s'il s'agissait d'une fuite du présent. Au contraire, vous êtes le jeune présent de l'Eglise et de l'humanité. Vous êtes son jeune visage...sans lequel l'Eglise serait défigurée. ] .