Vite, elles quittèrent le tombeau, remplies à la fois de crainte et d’une grande joie, et elles coururent porter la nouvelle à ses disciples.
Et voici que Jésus vint à leur rencontre et leur dit : « Je vous salue. » Elles s’approchèrent, lui saisirent les pieds et se prosternèrent devant lui. Alors Jésus leur dit : « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. »
Tandis qu’elles étaient en chemin, quelques-uns des gardes allèrent en ville annoncer aux grands prêtres tout ce qui s’était passé.
Ceux-ci, après s’être réunis avec les anciens et avoir tenu conseil, donnèrent aux soldats une forte somme en disant : « Voici ce que vous direz : “Ses disciples sont venus voler le corps, la nuit pendant que nous dormions.”
Et si tout cela vient aux oreilles du gouverneur, nous lui expliquerons la chose, et nous vous éviterons tout ennui. » Les soldats prirent l’argent et suivirent les instructions. Et cette explication s’est propagée chez les Juifs jusqu’à aujourd’hui.
Dieu tout-puissant, tu as ressuscité ton Fils, notre Seigneur Jésus-Christ. Avec les disciples nous admirons la merveille de ta grâce, sans toutefois la saisir. Nous voulons la célébrer et nous réjouir, pour luire, en témoins auprès des païens, de la lumière de la vie nouvelle que le Fils nous a obtenue par sa Passion, mort et Résurrection, à la louange de ta gloire éternelle. Amen.
1. « Remplies à la fois de crainte et d’une grande joie, elles quittèrent le tombeau et elles coururent porter la nouvelle à ses disciples ». Christ est ressuscité, alléluia. Il est à se demander si cette méditation a encore une raison d’être. Ne vaudrait-il pas mieux contempler la Résurrection dans l’émerveillement spirituel ? Cependant, la nouvelle de la Résurrection parvient par des chemins très différents aux uns et aux autres. Les femmes ont reçu le message de l’ange et croisé le ressuscité en chemin. Les apôtres en échange auront à recevoir docilement l’annonce, alors qu’ils sont les porteurs de l’autorité, avant de le rencontrer à leur tour. Ainsi la nouvelle devient plus surprenante que compréhensible.
Tout comme les apôtres dépassés par les événements – ayant du mal à en croire leurs propres yeux, nous aussi avons ce passage à faire entre l’événement factuel et historique de la Résurrection (qui est devenu doctrine de notre foi) et la transformation de vie qu’elle doit provoquer. Pourquoi encore tant de doute, pourquoi encore tant de péché, par lequel nous mettons Dieu « à l’épreuve » ? Notre foi chancelante fait partie du dialogue entre le ressuscité et les disciples, pendant ces jours avant la Pentecôte…
2. « Tandis qu’elles étaient en chemin, quelques-uns des gardes allèrent en ville ». Deux chemins se croisent et ouvrent deux mises en marche en sens opposés. Deux ordres fusent l’un à l’encontre de l’autre : l’ordre de Jésus d’aller en Galilée pour le rencontrer et l’ordre des grands prêtres de divulguer une version non vérifiée de la disparition du cadavre de Jésus. L’un pour voir Jésus, l’autre pour ne pas le voir. La première course est remplie de crainte et de joie pour porter la nouvelle ; l’autre débourse une forte somme d’argent pour diffuser une explication.
Le fait est que Jésus met en marche la conscience de l’homme dans sa quête de la vérité et de la justice ; il ne la laisse pas tranquille et suscite soit une espérance, soit une profonde préoccupation. L’histoire de l’humanité ne peut pas rester pareil, car les pouvoirs de la mort sont vaincus, la sentence sur les ténèbres a été prononcée. Les chemins du bien et du mal aboutissent dans la démêlée de l’éternité : on ne peut plus pactiser impunément avec la corruption, l’hypocrisie et la violence ; la délivrance de l’homme emprisonné par la consommation du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal n’est plus qu’une question de temps. À qui répond ma conscience ? Au gouverneur comme critère du bien et du mal, ou à Dieu reconnu comme source de tout bien ?