Jésus expulsait un démon qui rendait un homme muet. Lorsque le démon fut sorti, le muet se mit à parler, et les foules furent dans l’admiration. Mais certains d’entre eux dirent : « C’est par Béelzéboul, le chef des démons, qu’il expulse les démons. » D’autres, pour le mettre à l’épreuve, cherchaient à obtenir de lui un signe venant du ciel. Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit : « Tout royaume divisé contre lui-même devient désert, ses maisons s’écroulent les unes sur les autres. Si Satan, lui aussi, est divisé contre lui-même, comment son royaume tiendra-t-il ? Vous dites en effet que c’est par Béelzéboul que j’expulse les démons. Mais si c’est par Béelzéboul que moi, je les expulse, vos disciples, par qui les expulsent-ils ? Dès lors, ils seront eux-mêmes vos juges.
En revanche, si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le règne de Dieu est venu jusqu’à vous. Quand l’homme fort, et bien armé, garde son palais, tout ce qui lui appartient est en sécurité. Mais si un plus fort survient et triomphe de lui, il lui enlève son armement auquel il se fiait, et il distribue tout ce dont il l’a dépouillé.
Celui qui n’est pas avec moi est contre moi ; celui qui ne rassemble pas avec moi disperse.
Seigneur Jésus, me voici en ta présence. Je veux, pour un instant, ne penser qu’à toi, en rejetant toute pensée qui puisse me distraire. Ou plutôt, je veux te donner toutes ces pensées pour que tu les prennes et que tu les transformes en actes qui te plaisent ! Aide-moi à ne vivre que pour ton bon plaisir !
1. Ce passage de l’Évangile me transporte sur la route qui va de la Galilée à Jérusalem, pendant le dernier voyage de Jésus vers sa mort et sa Résurrection. Sa victoire définitive sur la mort et le péché se laisse déjà entrevoir dans les miracles et les signes qui jalonnent le trajet vers la ville sainte. Et cette expulsion d’un démon ne fait pas exception. En jetant dehors cet esprit impur, le Seigneur annonce l’échec définitif du diable, qui recevra bientôt le coup de grâce sur le Golgotha.
Le démon d’aujourd’hui a une particularité : il rend muet. Moi aussi, d’une certaine façon, je suis attaqué par un démon qui me fait perdre la langue. C’est sans doute l’une de ses tactiques préférées : il m’empêche de parler, il me fait croire que la sincérité est une vertu des faibles, il s’arrange pour qu’aucune parole de vérité ou de conviction ne franchisse mes lèvres. Il veut bloquer mes appels à l’aide adressés au Seigneur. Il veut m’isoler et me bâillonner. Seigneur, délivre-moi de ce démon du silence !
2. Après l’expulsion de l’esprit mauvais, la foule admire Jésus tout haut, mais certains commencent à grommeler des critiques. Ils traitent Jésus de serviteur de Béelzéboul, c’est-à-dire de Satan. Comme si le diable s’amusait à détruire sa propre maison ! Ces « rouspéteurs » réclament aussi un signe venant du ciel. Comme si la guérison du muet n’était pas un signe ! Mais les mécontents, qui ne supportent pas la bonté du Christ, se rendent aveugles de leur propre gré. Ils ne veulent pas voir le bien là où ils ont décidé de voir le mal. Le démon de l’orgueil a posé sur leurs yeux des écailles de plomb.
Moi aussi, combien de fois je refuse de voir le bien que fait mon prochain parce que je suis convaincu qu’il n’est bon à rien ! Combien de fois je critique mes frères dans la foi en disant qu’ils en font trop ou que leurs intentions sont douteuses, pour la simple raison que je me sens gêné par leur ardeur ! Heureusement pour moi, le Seigneur, qui a délié la langue du muet, a aussi le pouvoir de faire tomber les écailles de mes yeux. Seigneur, guéris-moi de ma cécité ! Toi qui regardais chacun avec amour, ouvre mes yeux pour voir le bien que font mes frères !
3. Dans sa réponse aux pharisiens, le Christ parle d’abord du royaume de Béelzéboul, puis du règne de Dieu. Royaume, règne, c’est le même mot en grec, basileia. Il y a deux royaumes. Je suis libre de choisir entre les deux. D’un côté, je peux entrer dans le royaume de celui qui « faisait le bien là où il passait » (Ac. 10, 38). Ou alors, je peux faire partie du royaume de Béelzéboul, dont le nom signifie Seigneur du fumier ou Seigneur des mouches. D’ailleurs, le roman Sa Majesté des mouches de William Golding, où des enfants laissés à eux-mêmes sur une île déserte en viennent à se tuer, illustre bien la brutalité d’un monde dominé par Satan. Seigneur, aide-moi à ne jamais faire de compromis avec le démon ! Aide-moi à comprendre tes paroles : « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi » !