Jean, l’un des Douze, disait à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. »
Jésus répondit : « Ne l’en empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ; celui qui n’est pas contre nous est pour nous.
Dieu éternel et tout-puissant, tu nous as donné le nom de Jésus pour nous montrer le chemin du salut. Pour ta plus grande gloire nous voulons conformer notre vie à l’exigence de ton amour afin que le monde puisse être renouvelé par le don de ton Esprit, libéré des emprises malignes. C’est pour cela que nous confessons ton honneur et ta gloire et nous disposons à te louer, avec les chœurs des anges et des saints, dans l’éternité. Amen.
1. « Il n’est pas de ceux qui nous suivent ». Pourquoi les Douze ont-ils empêché quelqu’un d’expulser les démons dans le nom de Jésus ? La justification, « il n’est pas de ceux qui nous suivent », qui mijote dans tout ego humain, met inconsciemment un barrage à l’action de Dieu. Elle renvoie à notre conscience deux questions : premièrement, qui est celui qui mérite d’être suivi, moi (mon groupe) ou Jésus ? Deuxièmement, à qui revient le droit d’employer le nom de Jésus et d’autoriser son emploi ?
Mais au fond, le motif de la consternation des Douze n’est-il pas dans le fait qu’eux aussi avaient essayé d’expulser un démon en son nom et qu’ils n’y sont pas arrivés ? Ne se cache-t-il pas, derrière ce désappointement, un brin de jalousie ? Le problème est alors d’ordre spirituel avant d’être juridique : puisque tout appartient à Dieu, la foi et la prière priment sur le droit et l’autorité, car elles en sont l’âme.
2. « Celui qui fait un miracle en mon nom… ». L’œuvre du Christ se définit par une conversion de vie qui entraîne l’âme sur un chemin de sanctification à la suite du Christ (au sein de la communauté ecclésiale) et qui aboutit dans un élan missionnaire. Mais en amont, l’expérience chrétienne commence par une rencontre vivante de Dieu, d’ordre sensible ou spirituel. Le miracle est un signe de l’action de Dieu qui doit mener à la foi, l’amour et l’abandon aux desseins de la Providence.
Le salut dans le nom de Jésus en effet ne se limite pas à un idéal moral, désincarné du côté de Dieu et humanitaire du côté des hommes. De la même manière que la délivrance miraculeuse des Hébreux de la domination des Égyptiens, 1250 ans avant notre Ère, était nécessaire pour adorer le vrai et unique Dieu et pour lui rendre un culte, elle l’est encore aujourd’hui pour chaque chrétien, afin qu’il devienne témoin de la victoire du Christ dans sa vie.
3. « Celui qui n’est pas contre nous est pour nous ». Appartenir au Christ va au-delà de l’adhésion institutionnelle ; le message évangélique se détache de ses expressions culturelles, pour approfondir la foi en la Parole. Cela implique une connaissance toujours plus vivante du message et rend l’annonce du nom de Jésus plus urgente que jamais. L’Évangile rejoint la création tout entière.
Si la suite de Jésus passe cependant par la médiation humaine, prophétique et charismatique du pasteur et de la communauté, celle-ci ne veut pas étouffer le souffle de l’Esprit Saint, mais élargir l’éventail d’expressions de foi possibles selon le simple critère de non-opposition, pour reconduire les chrétiens vers l’unité dans l’amour et ne former qu’un seul troupeau à la suite du seul Pasteur, le Christ.