Comme les disciples s'étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur déclarait :
« Il ne suffit pas de me dire : 'Seigneur, Seigneur !', pour entrer dans le Royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux. Ce jour-là, beaucoup me diront : 'Seigneur, Seigneur, n'est-ce pas en ton nom que nous avons été prophètes, en ton nom que nous avons chassé les démons, en ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles ?' Alors je leur déclarerai : 'Je ne vous ai jamais connus. Écartez-vous de moi, vous qui faites le mal !'
Tout homme qui écoute ce que je vous dis là et le met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, la tempête a soufflé et s'est abattue sur cette maison ; la maison ne s'est pas écroulée, car elle était fondée sur le roc.
Et tout homme qui écoute ce que je vous dis là sans le mettre en pratique est comparable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, la tempête a soufflé, elle a secoué cette maison ; la maison s'est écroulée, et son écroulement a été complet. »
Jésus acheva ainsi son discours. Les foules étaient frappées par son enseignement,
car il les instruisait en homme qui a autorité, et non pas comme leurs scribes.
Loué sois-tu, Dieu notre Père, d’être le rocher de mon salut, le fondement inébranlable de mes certitudes et de mes orientations. Je garde constamment le cœur ouvert pour recevoir ta lumière, ta vérité qui éclairent ma conscience et fortifient ma volonté, pour cheminer dans la foi.
1. « Il ne suffit pas de me dire : 'Seigneur, Seigneur !', pour entrer dans le Royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux ». L’expression très actuelle de Jésus dénonce le faux semblant de la prière creuse, sans impact sur la vie quotidienne. C’est l’hypocrisie du culte ; Jésus réclame avec force une cohérence entre le « dire » et le « faire », entre la foi proclamée le dimanche et la foi vécue tout au long de la semaine.
La suite du discours confirme la même exigence d’authenticité : Jésus nous veut solides, bâtisseurs sur le roc de la Parole de Dieu. Pas de tricherie, une vie claire, construite sur la vérité, donc bien fondée. Ce que Jésus nous invite à établir, c’est une vie profondément évangélique, non pas un « badigeon » d’Évangile en surface, mais un engagement réel et définitif, à la suite du Christ. C’est l’engagement de tout baptisé.
2. Que faire alors ? « Il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux ». Cette phrase contient trois affirmations :
1) faire – ce verbe exprime l’insistance à incarner la foi dans une vie quotidienne, en famille, au travail, sur les plans personnel, social, ecclésial, et dans tous les autres domaines.
2) faire la volonté de mon Père – cette invitation est déjà contenue dans la prière du Notre Père : que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Ce qui conduit à la constatation que la volonté du Père, Jésus s’y réfère constamment : « Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux » (Matthieu 26, 39). Et comme Dieu est amour, ce qu’il veut constitue notre bonheur véritable.
3) qui est aux cieux – le Père transcende l’homme et le dépasse – vivre selon sa volonté ne peut pas être selon le monde : ce sera vivre à contre-courant d’une société post-moderne, sécularisée qui a perdu tous ses repères et maintient en vie le cadavre du civisme. Au croyant est réservée une voie difficile qui va en sens inverse des chemins qui éloignent de Dieu.
3. « Ce jour-là, beaucoup me diront : 'Seigneur, Seigneur (…)' Alors je leur déclarerai : 'Je ne vous ai jamais connus. Écartez-vous de moi, vous qui faites le mal !' » Dans ce passage solennel, Jésus se présente en juge de la fin des temps, par des paroles redoutables que nous devons prendre au sérieux. Puisque Dieu est amour, celui qui vit sans amour ne peut participer au Royaume de Dieu. Jésus nous met en garde, ce ne sont pas les actes spectaculaires qui nous sauveront, lorsqu’ils sont accomplis sans amour.
Il faut donc s’appliquer humblement à la vie d’amour du quotidien banal. Il faut se garder de critiquer les autres, à chercher son bouc émissaire (« la société », « les gens », « l’Église », chacun connaît les siens…) et s’exercer à se changer soi-même.