En ce temps-là, entré dans la ville de Jéricho, Jésus la traversait. Or, il y avait un homme du nom de Zachée ; il était le chef des collecteurs d’impôts, et c’était quelqu’un de riche. Il cherchait à voir qui était Jésus, mais il ne le pouvait pas à cause de la foule, car il était de petite taille. Il courut donc en avant et grimpa sur un sycomore pour voir Jésus qui allait passer par là. Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et lui dit : « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. » Vite, il descendit et reçut Jésus avec joie. Voyant cela, tous récriminaient : « Il est allé loger chez un homme qui est un pécheur. »
Zachée, debout, s’adressa au Seigneur : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. » Alors Jésus dit à son sujet : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham. En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »
« Comme le cerf soupire après les sources d'eau, ainsi mon âme soupire après toi, ô Dieu. Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant : quand irai-je et paraîtrai-je devant la face de Dieu ? » (Ps 42, 2-3)
1. « Il cherchait à voir qui était Jésus. »
Qu’est-ce qui poussait Zachée à voir qui était Jésus ? Il avait sûrement entendu parler de ses miracles, de ses enseignements. Que voulait-il savoir de plus ? Désirait-il quelque chose que Jésus pouvait lui donner ? Quelles questions se posait-il sur lui ? Ou bien cherchait-il plutôt à le connaître plus profondément, personnellement, à le rencontrer ? Qu’est-ce qui l’attirait en Jésus ? « Il cherchait à voir qui était Jésus.» Lorsque l’on cherche à connaître quelqu’un, on désire savoir d’où il vient, qui est sa famille, ce qu’il aime, ce qu’il pense, ses désirs et l’on souhaite que ce soit cette même personne qui nous donne ces informations, et pas seulement ce que l’on nous en dit. Et moi, est-ce que je souhaite voir qui est Jésus ? Est-ce que je me contente de ce que je sais, de ce que j’ai appris, de ce que l’on m’en a dit ? Jésus, qui es-tu ? Zachée court en avant « pour voir Jésus qui allait passer par là. » Où passe Jésus dans ma vie ? Est-ce que je sais où je peux le trouver ? Est-ce que j’y cours ?
« Ecoute, Seigneur, mon cri d'appel, pitié, réponds-moi ! De toi mon cœur a dit "Cherche sa face". C'est ta face, Seigneur, que je cherche, ne me cache point ta face. » (Psaume 27, 7-9)
2. « Mais il ne le pouvait pas à cause de la foule, car il était de petite taille. »
Voilà que deux obstacles se présentent. Tout d’abord « Zachée ne réussissait pas à voir le Maître parce qu’il était petit. Aujourd’hui aussi nous pouvons courir le risque de rester à distance de Jésus parce que nous ne nous sentons pas à la hauteur, parce que nous avons une basse considération de nous-mêmes. C’est une grande tentation, qui ne regarde pas seulement l’estime de soi, mais touche aussi la foi. Parce que la foi nous dit que nous sommes ‘’enfants de Dieu et nous le sommes réellement’’ (1 Jn 3, 1) : nous avons été créés à son image ; Jésus a fait sienne notre humanité et son coeur ne se lassera jamais de nous ; l’Esprit Saint désire habiter en nous ; nous sommes appelés à la joie éternelle avec Dieu ! C’est notre stature, c’est notre identité spirituelle : nous sommes les enfants aimés de Dieu, toujours. Vous comprenez alors que ne pas s’accepter, vivre mécontents et avoir des pensées négatives signifie ne pas reconnaître notre identité la plus vraie : c’est comme se tourner d’un autre côté tandis que Dieu veut poser son regard sur moi, c’est vouloir effacer le rêve qu’il nourrit pour moi. Dieu nous aime ainsi comme nous sommes, et aucun péché, défaut ou erreur ne le fera changer d’idée. » (Pape François, homélie de la messe des JMJ de Cracovie, 31 juillet 2016)
Un autre obstacle, « c’est la foule qui murmure, qui l’a d’abord arrêté et puis l’a critiqué : Jésus ne devait pas entrer dans sa maison, la maison d’un pécheur ! (…) Ils pourront vous empêcher, en cherchant à vous faire croire que Dieu est distant, raide et peu sensible, bon avec les bons et mauvais avec les mauvais. Au contraire, notre Père ‘’fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons’’ (Mt 5, 45) et il nous invite au vrai courage : être plus forts que le mal en aimant chacun, même les ennemis. Ils pourront rire de vous, parce que vous croyez dans la force douce et humble de la miséricorde. (…) La foule, ce jour-là, a jugé Zachée, elle l’a regardé de haut en bas ; Jésus au contraire, a fait l’inverse : il a levé son regard vers lui. » (Pape François, homélie de la messe des JMJ de Cracovie, 31 juillet 2016)
« Seigneur, qu’ils sont nombreux mes adversaires, nombreux à se lever contre moi, nombreux à déclarer à mon sujet : ‘’Pour lui, pas de salut auprès de Dieu !’’ (…) Et moi, je me couche et je dors ; je m’éveille : le Seigneur est mon soutien. » (Psaume 3, 2-3.6)
3. « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. »
Jésus m’appelle par mon nom et s’invite ! Il s’invite dans ma maison, dans mon cœur, dans ma vie, dans mon intimité, dans ma famille. Tu veux demeurer chez moi. Quel mystère, mais quelle joie ! « Voici, je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi. » (Ap 3, 20)
Et tu veux venir aujourd’hui même ! Cet aujourd’hui, ce moment présent, qui est le moment que j’ai pour te rencontrer. Dieu se manifeste aujourd’hui : « Aujourd'hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur. » (Lc 2, 11) « En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis. » (Lc 23, 43). Sainte Thérèse de Lisieux nous le rappelle dans son « chant d’aujourd’hui » : « Tu le sais, ô mon Dieu ! pour t’aimer sur la terre, je n’ai rien qu’aujourd’hui ! Viens habiter mon cœur, Jésus, ma blanche Hostie, rien que pour aujourd’hui. »