En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »
Seigneur Jésus, permets-moi d’écouter ta Parole aujourd’hui, en ce moment, ici et maintenant. Que je puisse l’accueillir d’une façon nouvelle, que je puisse m’émerveiller à nouveau de ton amour infini pour moi.
1. Voici un texte riche des thèmes préférés de saint Jean : l’amour de Dieu, la foi, la lumière et la vérité. Il les reprendra tout au long de son Évangile et de ses trois lettres.
« Dieu a tellement aimé le monde », et qui mieux que le Fils pour nous le dire ! Ce sont les personnes les plus proches de nous, qui nous connaissent le mieux, qui savent ce qui se passe dans notre cœur. Il en est de même pour les personnes de la Trinité. Qui mieux que le Fils pour nous révéler qui est le Père et de quel amour il nous aime ! Dans ce passage, le Christ nous explique en quoi consiste cet amour : « Il a donné son Fils unique ». Le Père nous aime tant qu’il ne considère pas son propre Fils comme un prix trop onéreux de rachat ! Le Père livre entre nos mains son plus grand trésor, son plus grand amour : son Fils unique. Jésus ne va pas se contenter de nous parler de l’amour de son Père, il va l’accomplir avec sa propre vie. Chacune de ses actions et ses paroles – jusqu’à la croix – cherchent à nous révéler le visage aimant du Père. D’ailleurs, Jésus nous aime du même amour incommensurable que son Père : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés » (Jn 15, 9).
2. La merveille de cet amour est sa gratuité. Dieu nous a aimés en premier, sans que nous n’ayons pu réaliser quoi que ce soit pour mériter son amour. Notre simple existence est déjà un signe de son amour envers nous, envers chacun de nous.
Nous n’avons pas à mériter l’amour de Dieu, ni à le gagner. Toutes nos bonnes actions, toute notre vie, même la vie du plus saint des saints, ne suffirait pas à « rendre » tout ce que nous avons reçu de lui. « Un homme donnerait-il toutes les richesses de sa maison pour acheter l’amour, il ne recueillerait que mépris » (Ct 8, 6). Nous pouvons prendre la Sainte Vierge comme exemple ; elle a accueilli l’amour de Dieu à chaque instant avec une immense humilité et gratitude, et toute sa vie n’a été qu’un Magnificat, un chant d’action de grâce pour l’amour reçu du Seigneur.
Cet amour ne s’impose pas, cet amour nous laisse totalement libres de l’accueillir ou de le rejeter. Autrement dit, Dieu nous propose la vie éternelle, le salut, d’une façon gratuite ; tout ce qu’il nous demande, c’est d’y croire. La cause de notre condamnation, c’est l’incrédulité, c’est de ne pas s’abandonner à cet amour infiniment miséricordieux. Saint Jean n’utilise jamais l’appellation générale et abstraite de « foi », mais préfère employer le verbe « croire », pour bien rappeler que la foi est un acte, un engagement à renouveler chaque jour.