En ce temps-là, comme tout le monde était dans l’admiration devant tout ce qu’il faisait, Jésus dit à ses disciples : « Ouvrez bien vos oreilles à ce que je vous dis maintenant : le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes. » Mais les disciples ne comprenaient pas cette parole, elle leur était voilée, si bien qu’ils n’en percevaient pas le sens, et ils avaient peur de l’interroger sur cette parole.
Nous fêtons aujourd’hui saint Jérôme, père de l’Église et éminent traducteur de la Bible. Adressons-lui notre prière : « Jérôme, toi qui nous as précédé sur le chemin des Écritures, aide-moi à recevoir l’Évangile de ce jour avec la foi qui permet d’y discerner la Parole que Jésus veut m’adresser aujourd’hui. »
1. Saint Jérôme disait qu’ignorer les Saintes Écritures revient à ignorer le Christ lui-même. En effet, c’est à travers le texte biblique que l’on comprend que le dessein de Dieu sur l’humanité consiste à nous permettre de vivre dans une communion parfaite avec Dieu. Or, cette communion se réalise avec le Christ, par lui et en lui. Oui, les Saintes Écritures disent en quelque sorte quel est le grand secret de Dieu : son amour pour chacun d’entre nous, un amour qui veut nous rapprocher au plus intime de lui-même. En somme, ce que Dieu veut, c’est que nous ne fassions « qu’un » avec lui et que nous partagions sa vie divine. Comment Dieu nous a-t-il manifesté l’intensité de son amour ? Il nous l’a témoigné par la mort de Jésus sur la croix, car « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ». Cela est vite dit, mais pas si simple à comprendre, au point que les disciples eux-mêmes ne percevaient pas le sens de cette parole et elle leur demeurait voilée, dit l’Évangile.
2. Jésus lui-même nous invite à ouvrir bien grandes nos oreilles ! L’écoute devient ainsi la première de toutes les qualités du chrétien et la condition pour entrer dans la compréhension de son message. Car Dieu se révèle aux hommes en leur faisant entendre progressivement sa Parole, jusqu’à son expression pleine et définitive en la personne du Christ. L’homme qui écoute cette Parole entre en dialogue avec Dieu et lui répond, avec l’aide de la grâce, en lui soumettant son intelligence et sa volonté : c’est cela l’écoute et c’est cela l’« obéissance de la foi ». Le dialogue qui s’instaure entre Dieu et l’homme est empreint de confiance et s’exprime toujours par une libre adhésion du cœur. L’obéissance (ob-audire) à Dieu n’est rien d’autre que la soumission à la Parole écoutée. « Ouvrir bien grandes ses oreilles », comme le demande Jésus, traduit cette capacité originelle qu’a l’homme de recevoir Dieu.
3. Et que fait en nous cette Parole de Dieu si nous apprenons à l’écouter ? Voici ce que répond le saint curé d’Ars : « La Parole de Dieu est semblable à cette colonne de feu qui conduisait les Juifs lorsqu’ils étaient dans le désert, qui leur montrait le chemin par où ils devaient passer, qui s’arrêtait lorsqu’il fallait que le peuple s’arrêtât et marchait quand il fallait qu’il marchât ; de sorte que ce peuple n’avait qu’à être fidèle à la suivre et il était sûr de ne pas s’égarer dans sa marche. Oui, elle fait la même chose à notre égard : elle est un flambeau qui brille devant nous, qui nous conduit dans toutes nos pensées, nos desseins et nos actions ; c’est elle qui allume notre foi, qui fortifie notre espérance, qui enflamme notre amour pour Dieu et pour le prochain ; c’est elle qui nous fait comprendre la grandeur de Dieu, la fin heureuse pour laquelle nous sommes créés, les bontés de Dieu, son amour pour nous, le prix de notre âme, la grandeur de la récompense qui nous est promise. »