En ce temps-là, Jésus disait à ses Apôtres :
« Sur votre route, proclamez que le royaume des Cieux est tout proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons. Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement. Ne vous procurez ni or ni argent, ni monnaie de cuivre à mettre dans vos ceintures, ni sac pour la route, ni tunique de rechange, ni sandales, ni bâton. L’ouvrier, en effet, mérite sa nourriture.
Dans chaque ville ou village où vous entrerez, informez-vous pour savoir qui est digne de vous accueillir, et restez là jusqu’à votre départ. En entrant dans la maison, saluez ceux qui l’habitent. Si cette maison en est digne, que votre paix vienne sur elle. Si elle n’en est pas digne, que votre paix retourne vers vous. Si l’on ne vous accueille pas et si l’on n’écoute pas vos paroles, sortez de cette maison ou de cette ville, et secouez la poussière de vos pieds. Amen, je vous le dis : au jour du Jugement, le pays de Sodome et de Gomorrhe sera traité moins sévèrement que cette ville. »
Seigneur, tu ne m’obliges jamais à faire ce qui m’est impossible. Néanmoins, je ne peux pas produire les fruits de ton royaume sans la grâce qui accompagne ton appel à la mission : proclamer, guérir, purifier, expulser les démons. Alors, dans ton amour gratuit, inonde mon âme avec ta grâce pour que, par les actes de miséricorde que j’accomplis en ton Nom, la puissance des Cieux apparaisse sur terre, ton royaume soit tout proche, et ta paix descende sur toute personne qui en est digne.
1. « Sur votre route, proclamez que le royaume des Cieux est tout proche ». Par le baptême j’ai acquis l’identité « chrétienne » : je suis personne « consacrée au Christ ». Jésus a guéri les malades, purifié les lépreux, expulsé les démons, ressuscité les morts. Il l’a fait pour moi, pour nous. Jésus a pris nos maladies, nos péchés sur lui. En fait, à notre place il est devenu malade, lépreux, tourmenté par Satan, et finalement mort sur la Croix. « Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché, afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu ». (2Cor 5, 21) Par sa miséricorde infinie, il nous a conféré sa justice et sa grâce. « En effet, nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché. Avançons-nous donc avec assurance vers le Trône de la grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours » (Hb 4, 16). Pour un chrétien de dire aux âmes, « le royaume des Cieux est tout proche », c’est témoigner devant elles de la grâce reçue et de les appeler à obtenir aussi la miséricorde devant le Trône de la grâce où se trouve le secours divin. Est-ce que je vis mon identité chrétienne dans le monde avec confiance ? Elle trouvera toujours son expression dans des actes de charité. Jésus démontre sa victoire, ressuscité d’entre les morts, ressuscité en moi. Chaque acte de charité fait que son amour, son royaume soit « proche » au « prochain ».
2. « Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons. Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement ». Tout d’abord, la pire des maladies c’est le péché. L’homme qui ne vit pas en amitié avec Dieu est « mort ». Celui dont l’exemple n’édifie plus la communion avec les fidèles est « lépreux ». On est toujours « captif du diable » (cf 2Tm 2, 26) au moment où l’on perd le bon sens de vivre selon l’image et la ressemblance de Dieu empreints dans la nature humaine à la création. Saint Paul l’affirme ainsi : « Et vous, vous étiez des morts, par suite des fautes et des péchés qui marquaient autrefois votre conduite, soumise aux forces mauvaises de ce monde, au prince du mal qui s’interpose entre le ciel et nous, et dont le souffle est maintenant à l’œuvre en ceux qui désobéissent à Dieu. Et nous aussi, nous étions tous de ceux-là, quand nous vivions suivant les convoitises de notre chair, cédant aux caprices de la chair et des pensées, nous qui étions, de par nous-mêmes, voués à la colère comme tous les autres. Mais Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions des morts par suite de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ : c’est bien par grâce que vous êtes sauvés » (Eph 2, 1-5). Le baptême fait que quelqu’un voué à la colère devienne enfant de Dieu : le don que saint Paul a reçu gratuitement avec sa conversion, ce qui lui permet de parler ainsi. La riche miséricorde de Dieu s’exprime encore dans le sacrement de la réconciliation qui guérit l’homme de ses péchés commis après le baptême. L’Eucharistie c’est le sacrement où le Christ s’est offert gratuitement à nous dans cette nourriture spirituelle. Est-ce que ma vie sacramentelle me permet de venir au secours des âmes, en les amenant aussi, comme saint Paul, au Trône de la grâce ? « Avant tout, ayez entre vous une charité intense, car la charité couvre une multitude de péchés » (1P 4, 8), dit saint Pierre.
3. « Si cette maison en est digne, que votre paix vienne sur elle. Si elle n’en est pas digne, que votre paix retourne vers vous ». La grâce de Dieu nous est offerte, pas imposée. C’est Dieu qui produit le fruit. De notre part, nous sommes appelés à en témoigner : de sa part, c’est Dieu qui donnera la paix que le monde ne peux pas donner.