En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance. Tout m’a été remis par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler.
Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »
Seigneur Jésus, je te prie devant le crucifix, ce symbole de ton amour extrême. Tu m’as aimé jusqu’à la dernière goutte de ton sang. Je n’arrive pas à me rendre compte de ce que cela signifie. Pardon pour mon indifférence ! Aide-moi à mieux saisir aujourd’hui combien tu m’aimes !
1. Aujourd’hui, l’Église célèbre la solennité du Sacré-Cœur. C’est une fête qui a beaucoup à me dire. Certes, je peux me sentir indifférent ou agacé devant les images pieuses de l’époque de nos grands-parents. Je peux aussi être mal à l’aise à l’idée de m’adresser à une partie du corps de Jésus, en ignorant que, dans la Bible, le cœur désigne la personne tout entière. Mais si je veux vraiment pénétrer le sens de cette fête, il me suffit de lire et de méditer la Parole de Dieu que la liturgie d’aujourd’hui me propose. En six versets, on y trouve l’essentiel.
Ce passage de l’Évangile est comme une bouffée d’air frais au milieu d’une chaleur étouffante. Dans les versets qui précèdent et qui suivent, la conversation avec les foules puériles et les pharisiens sournois s’enlise dans des discussions stériles. Mais ici, tout à coup, le Seigneur s’élève au-dessus des controverses mesquines, il exulte, et de ses lèvres jaillit ce dont son coeur est constamment rempli : son amour pour le Père et pour les « tout-petits ».
2. Jésus montre d’abord son amour débordant pour son Père. Ce cri de joie spontané est un cri d’amour filial. Le Christ est le premier de ces « tout-petits » qu’il évoque, lui dont le seul désir est de faire ce qui est agréable au Père (Cf. Jn 8, 29). Quand il explique ensuite que personne ne connaît le Fils sinon le Père, et réciproquement, il faut entendre « connaître » dans le sens biblique du terme, qui inclut l’amour. Jésus parle donc de l’intimité extraordinaire qui l’unit au Père.
Mais cet amour déborde ensuite sur tous les hommes : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau ». Le Christ n’est pas indifférent face à ma misère, il connaît très bien les fardeaux sous lesquels je fatigue. Ces poids qui m’écrasent peuvent être très divers : la pression du travail, la peur de décevoir, la solitude, le désespoir, etc. Le Seigneur vient à ma rencontre pour briser toutes ces entraves. Il veut me donner le repos.
3. Mais pourquoi Jésus ne me débarasse-t-il pas simplement de tout fardeau ? S’il veut me donner le repos, pourquoi voudrait-il me laisser un joug sur les épaules ? Ne puis-je pas être libre de tout ce qui m’accable ? Disons plutôt que le joug dont parle le Christ est inséparable de la vie sur terre. Ce joug, c’est l’idéal qui doit me motiver, c’est l’objectif qui me fait aller de l’avant. C’est le projet que je porte sur mes épaules, c’est ce qui me donne une raison de me lever chaque matin. Si le Seigneur appelle à lui les hommes qui souffrent sous le poids du fardeau, c’est justement pour nous débarasser des idéaux décevants et trompeurs : la recherche du prestige, du plaisir, de la richesse, autant d’idéaux qui finiront par détruire ma vie à force de leur donner la priorité.
Jésus m’aime tellement qu’il veut remplacer ces fardeaux pesants par le seul idéal qui m’apportera vraiment le bonheur : l’amour de Dieu. C’est pour cela que j’ai été créé. C’est seulement en aimant le Seigneur que je trouverai le repos. « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi » (Saint Augustin).