Jésus disait à ses disciples : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu'il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et comme il m'en coûte d'attendre qu'il soit accompli ! Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ; ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. »
Viens Esprit Saint, j’ai besoin de toi. Comble-moi du don de piété, pour que je puisse prier avec ferveur et sincérité ! Tu es le feu qui doit embraser mon cœur d’amour pour le Seigneur, je t’en prie, rends ma prière agréable à Dieu le Père et au Seigneur Jésus-Christ ! Descends sur moi comme tu es descendu sur les apôtres le jour de la Pentecôte ! Sainte Vierge Marie, accompagne-moi pendant ce moment de prière.
1. Les chapitres 9 à 18 de l’Évangile de saint Luc racontent la montée du Christ à Jérusalem, où il va souffrir, mourir et ressusciter. C’est dans ce contexte que se situe le passage évangélique d’aujourd’hui. Le baptême que Jésus annonce, c’est sa mort sur la croix. Le feu qu’il vient jeter sur la terre, c’est l’Esprit Saint, que les apôtres recevront après la Résurrection, sous forme de langues de feu. Dans l’Ancien Testament, le feu indiquait la présence de Dieu, comme dans le buisson ardent ou sur la montagne du Sinaï. Cette présence de Dieu, le Christ veut la répandre dans le monde entier, pour que tous les hommes puissent le connaître et l’aimer. Chaque fois que nous disons Que ton Règne vienne, nous demandons au Seigneur de régner sur nous, de nous transformer en son fief, son terrain sacré, son buisson ardent.
Pendant toute sa vie terrestre, le Christ brûlait intérieurement du désir de nous sauver. Il ne pouvait pas rester indifférent face au péché et à l’égoïsme qui rongeaient les âmes. Dès ses douze ans, il voulait absolument être aux affaires de son père. C’est ce désir ardent de nous arracher au péché qui l’a poussé à chasser les marchands du Temple, à reprocher ouvertement aux pharisiens leur hypocrisie et à renoncer au peu de temps libre qu’il avait, pour s’occuper des foules qui accouraient à lui. Quelques jours avant sa Passion, il disait : « Maintenant, mon âme est troublée et que dirai-je ? Père, sauve-moi de cette heure ! Mais c’est pour cela que je suis venu à cette heure. Père, glorifie ton nom ». Le Christ brûle du désir de nous sauver, c’est pour cela qu’il est venu sur terre.
2. En contemplant l’exemple du Seigneur, il faut prendre conscience que nous sommes appelés à le suivre. Comme son maître, le vrai disciple du Christ ne peut pas rester passif ou indifférent face au mal. Mais qu’il est difficile de renoncer à notre tranquillité ! Souvent, nous aimerions bien nous désintéresser du salut du prochain. Nous aimerions dire, comme Caïn, « Je ne suis pas le gardien de mon frère ». Nous aimerions rester dans notre petit nid douillet, notre routine familiale ou professionnelle, sans déranger personne, sans nous faire remarquer. On peut se plaindre que le monde va mal, que la déchristianisation de la société se poursuit et qu’il y a de moins en moins d’enfants au catéchisme et de vocations au sacerdoce. Mais on reste passif et on tombe dans cette paresse spirituelle que le Pape appelle l’acédie égoïste.
Ainsi prend forme la plus grande menace, « C’est le triste pragmatisme de la vie quotidienne de l’Église, dans lequel apparemment tout arrive normalement, alors qu’en réalité, la foi s’affaiblit et dégénère dans la mesquinerie ». La psychologie de la tombe, qui transforme peu à peu les chrétiens en momies de musée, se développe. Déçus par la réalité, par l’Église ou par eux-mêmes, ils vivent la tentation constante de s’attacher à une tristesse douceâtre, sans espérance, qui envahit leur cœur comme "le plus précieux des élixirs du démon" » (Pape François, Evangelii Gaudium, n° 83).
3. Que faire pour éviter de devenir ces momies de musée, pour évangéliser avec passion et enthousiasme ? Il faut simplement vivre sa foi avec cohérence. Le Seigneur ne nous demande pas de parler de lui 24 heures sur 24. Au début de son exhortation apostolique, le pape indique que l’Église ne grandit pas par prosélytisme mais « par attraction » (Evangelii Gaudium, n° 14). C’est le témoignage de notre vie sincèrement chrétienne qui doit évangéliser autour de nous.
Le problème, c’est que vivre de manière vraiment chrétienne peut gêner nos proches qui sont éloignés de la foi. Quand on se convertit et qu’on décide de suivre le Christ sérieusement, cela entraîne forcément des conflits avec nos amis ou des membres de notre famille. L’exemple de saint Thomas Becket, pourchassé par son ancien ami, le roi Henri II, et surtout l’exemple du Christ, nous apprennent à rester fermement attachés à Dieu et à ses commandements, même si cela nous attire des ennuis. Le Christ divise, c’est vrai. Il n’est pas venu apporter la paix sur la terre, mais le glaive. Mais ce glaive, c’est pour nous détacher de toutes nos mauvaises tendances, pour nous libérer du péché et nous attacher à lui seul. Même si la foi doit être une cause de conflit entre le père et le fils ou la mère et la fille, il ne s’agit que d’une séparation provisoire, en attendant que le témoignage de notre vie chrétienne touche les membres de notre famille qui vivaient loin de Dieu.