Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter.
Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »
Alors Jésus leur dit cette parabole : « Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une, n’abandonne-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ? Quand il l’a retrouvée, il la prend sur ses épaules, tout joyeux ; et, de retour chez lui, il rassemble ses amis et ses voisins pour leur dire : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue !” Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion.
Ou encore, si une femme a dix pièces d’argent et qu’elle en perd une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison, et chercher avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve ? Quand elle l’a retrouvée, elle rassemble ses amies et ses voisines pour leur dire : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue !”
Ainsi je vous le dis : Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. »
Jésus, ce matin je m’approche de toi en silence, dans la foi, pour t’accueillir comme la Parole qui nous révèle le visage du Père de miséricorde. Que l’Esprit d’amour guide mon écoute dans la prière et grave sur mon âme le désir de te contempler pour l’éternité, Trinité infinie, Père, Fils et Saint-Esprit.
1. Le chapitre 15 de saint Luc pourrait être appelé le petit Évangile de la miséricorde. Les paroles de Jésus – réponse aux critiques des pharisiens et des scribes (« Cet homme fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux ») – nous révèlent le cœur du Père à travers les images du pasteur, de la femme qui retrouve la drachme, du père du fils prodigue, qui voit revenir sain et sauf son enfant bien-aimé. La première image nous fait penser aux nombreux textes de l’Ancien et du Nouveau Testament qui nous révèle le cœur de Dieu. Saint Paul a été témoin en première personne de la miséricorde du Père (« Il nous a pardonné toutes nos fautes ! Il a effacé, au détriment des ordonnances légales, la cédule de notre dette, qui nous était contraire ; il l'a supprimée en la clouant à la croix » Col 2, 13-14) et c’est pourquoi il ose interpeller la communauté chrétienne de Rome avec des paroles fortes dans la première lecture : « Alors toi, pourquoi juger ton frère ? Toi, pourquoi mépriser ton frère ? Tous, en effet, nous comparaîtrons devant le tribunal de Dieu » (Rm 14, 10).
2. « À travers sa parole, ses gestes, et toute sa personne, Jésus de Nazareth révèle la miséricorde de Dieu » (Misericodiae Vultus, no. 1) Le passage, que la liturgie nous propose aujourd’hui, met l’accent sur le cœur du Pasteur, de Dieu, prêt à aller à la recherche d’une brebis égarée coûte que coûte. Et quel est le sentiment de son cœur quand il retrouve cette brebis ? « Il la met, tout joyeux, sur les épaules (…) réjouissez-vous avec moi (…) il y a plus de joie dans le ciel (…) ». Dieu est joyeux et sa joie est notre bien, il est prêt à parcourir le long chemin de l’Incarnation et du mystère pascal pour nous retrouver, pour nous pardonner et nous prendre sur lui : la miséricorde, c’est l’acte ultime et suprême par lequel Dieu vient à notre rencontre » (Misericordiae Vultus, no. 2). La joie de la femme qui retrouve son argent est aussi un signe clair de l’amour de Dieu pour nous. La troisième image nous montre que pour notre Père nous sommes plus que son bien - ses brebis ou son argent – nous sommes ses enfants.
3. Certes, ces textes nous révèlent le cœur du Père joyeux de miséricorde. Mais ils nous dévoilent aussi un aspect de notre relation avec Dieu : pour découvrir la joie et la miséricorde dans notre relation avec Dieu, il nous faut accueillir la foi comme l’expérience d’un amour reçu. À la base de cette expérience se trouve la reconnaissance de notre condition de pécheurs. Les conclusions des deux premiers récits nous rappellent que la joie au ciel, devant les anges, vient du repentir d’un seul pécheur. Chacun de nous est ce pécheur qui doit se convertir à Dieu chaque jour, à son amour. Le Padre Pio invitait ses frères tous les jours à faire un pas de plus dans « cet exercice de l’amour envers Dieu ». Mais cet exercice doit être accompagné de l’accueil de l’amour de Dieu pour nous. Si nous ne nous sentons pas concernés par cet amour, le berger ne viendra pas nous chercher, le médecin ne viendra pas nous guérir et le risque sera la sécheresse éprouvée par tant d’âmes chrétiennes qui, épuisées, pensent que la priorité dans la vie chrétienne appartient à ce que nous faisons pour Dieu et pour les autres et non pas à ce que Dieu fait pour nous. La pire chose qui peut arriver à notre vie, à notre société c’est de croire que nous n’avons pas besoin du salut. Y. Congar écrivait : « Le salut dépend essentiellement d’un autre (…). Il est dans la puissance, non de l’homme ou du monde, mais du Seigneur. C’est lui, Jésus, vrai Dieu et vrai homme, capable d’unir la puissance de Dieu à l’indigence du monde ». Ouvrons notre cœur au bon Pasteur pour être retrouvés, pour être sauvés.