En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Comme cela s’est passé dans les jours de Noé, ainsi en sera-t-il dans les jours du Fils de l’homme. On mangeait, on buvait, on prenait femme, on prenait mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche et où survint le déluge qui les fit tous périr. Il en était de même dans les jours de Loth : on mangeait, on buvait, on achetait, on vendait, on plantait, on bâtissait ; mais le jour où Loth sortit de Sodome, du ciel tomba une pluie de feu et de soufre qui les fit tous périr ; cela se passera de la même manière le jour où le Fils de l’homme se révélera.
En ce jour-là, celui qui sera sur sa terrasse, et aura ses affaires dans sa maison, qu’il ne descende pas pour les emporter ; et de même celui qui sera dans son champ, qu’il ne retourne pas en arrière. Rappelez-vous la femme de Loth. Qui cherchera à conserver sa vie la perdra. Et qui la perdra la sauvegardera. Je vous le dis : Cette nuit-là, deux personnes seront dans le même lit : l’une sera prise, l’autre laissée. Deux femmes seront ensemble en train de moudre du grain : l’une sera prise, l’autre laissée. »
Prenant alors la parole, les disciples lui demandèrent : « Où donc, Seigneur ? » Il leur répondit : « Là où sera le corps, là aussi se rassembleront les vautours. »
Viens, Esprit Saint ! Illumine mon intelligence pour que je puisse connaître ta divine volonté, enflamme mon cœur pour qu’il l’aime avec passion, et renforce ma volonté pour qu’elle l’accomplisse comme tu me le demandes.
1. « … les jours du Fils de l’homme. »
Un titre tel que « L'avènement du Fils de l'homme » ou « Les jours du Fils de l'homme » peut donner à première vue une sensation d'impénétrabilité à toute épreuve. Jusqu'à ce que nous trouvions une traduction plus aimable. La voici : c'est la venue définitive du Christ, ou selon l'expression évangélique, la présence du Règne de Dieu, l’accomplissement des temps (cf. Mc 1, 15). On peut d’ailleurs comprendre « les jours de » avec l’expression « sous le règne de ». Ce qui donne « sous le règne du Fils de l’homme ». Or ce point-là, le règne du Seigneur, est l'un des premiers de la prédication du Seigneur. Nous le retrouvons ici dans l'Évangile de Luc, peu avant la Passion du Christ. Il s'agit d'un point central et transversal de l’Évangile. Cette venue est un événement, ce n'est pas un lieu matériel, c'est l'irruption soudaine du don de Dieu. Nous le recevons de la bouche du Seigneur quelques versets avant : « Car voici, le Royaume de Dieu est au-dedans de vous. » (Lc 17, 21) C'est le point central de tout l'enseignement du Christ. Car notre Dieu nous fait le don le plus grand qui existe : lui-même ! Il se donne à moi ! Voilà ce que Jésus-Christ est venu révéler et accomplir d’une manière jamais imaginée : Dieu fait homme donne sa vie pour moi : « Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout » (Jn 13, 1) jusqu’à la mort, c’est-à-dire jusqu’à ce qu’il ne puisse me donner plus, parce qu’il m’a tout donné, et s’est donné lui-même à moi, par amour.
2. « Le Fils de l'homme se révélera. »
La comparaison qu’utilise le Christ dans l’Évangile est claire : le Règne de Dieu arrivera aussi sûr que nous mourrons tous. C’est l’une des quelques certitudes que nous avons tous : du plus riche au plus pauvre, du plus savant au plus ignorant. C’est évident et universel. Ainsi notre vie terrestre, en définitive, notre pèlerinage sur terre, prendra fin tôt ou tard. Mais au moins aussi certain, le Fils de l’homme se révèlera. Ceci veut dire que nous pouvons avoir la ferme conviction, encore plus profonde, de la victoire de notre Seigneur sur la mort, sur notre mort. Parce qu’il nous découvrira son pouvoir. Nous le verrons enfin et nous comprendrons qui il est. Saint Paul en parle dans sa lettre aux Corinthiens : « En effet, notre connaissance est partielle, nos prophéties sont partielles. Quand viendra l’achèvement, ce qui est partiel sera dépassé. [...] Nous voyons actuellement de manière confuse, comme dans un miroir ; ce jour-là, nous verrons face à face. Actuellement, ma connaissance est partielle ; ce jour-là, je connaîtrai parfaitement, comme j’ai été connu. Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité. » (1 Cor 13, 9-13) Et l’apôtre termine ainsi, ce qui nous sera révéler, avant tout et par-dessus tout, c’est l’amour, la charité de Dieu.
Cela peut nous amener à nous demander : quelle(s) est(sont) ma(mes) sécurité(s) dans ma vie, au jour le jour ? Sur quoi est-ce que je mise tout ? Et encore : qu’est-ce que j’attends du Seigneur ? Seulement qu’il me sorte du petit problème du moment, ou qu’il me résolve mon ennui ? Ou j’attends de grandes choses de lui, ce qui me fait vivre, l’essentiel de la vie ? Quelle est mon espérance ?
3. Sauver et perdre sa vie.
Je ne peux pas contrôler Dieu. Si j'ai l'impression du contraire, c'est que j'en ai fait une idole. C'est commode, je la mets où je veux, je lui fais dire et penser ce que je désire entendre. Mais « leurs idoles : or et argent, ouvrages de mains humaines. Elles ont une bouche et ne parlent pas, des yeux et ne voient pas, des oreilles et n'entendent pas, des narines et ne sentent pas. Leurs mains ne peuvent toucher, leurs pieds ne peuvent marcher, pas un son ne sort de leur gosier ! Qu'ils deviennent comme elles, tous ceux qui les font, ceux qui mettent leur foi en elles. » (Ps 113b, 4-8) Voilà le danger qui guette celui qui veut que sa vie se déroule selon ce qu’il veut et programme et n’arrive pas à faire confiance en celui qui est le Maître de ma vie personnelle et de l’Histoire universelle. Je dois accepter que je ne sois pas mon propre sauveur. J’ai besoin qu’un autre me libère de mes entraves, de mes obstacles, de mes peurs, de mes échecs, de mes souffrances, de ma honte. Nous voudrions nous sauver par le fait de ne pas avoir à souffrir. Mais le Christ nous montre un autre chemin, divin. Celui d’accepter ces « morts », comme lui est plongé dans la mort depuis la croix. Et de nous mener par le pouvoir de Dieu de ce tunnel de mort à la Résurrection. Accepter de perdre sa vie et de la recevoir à nouveau. Au lieu de mettre la main sur une vie postiche. Qui est mon Sauveur ?