Jésus, voyant une grande foule de gens sur le bord du lac, fut saisi de pitié envers eux, parce qu'ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les instruire longuement.
Déjà l'heure était avancée ; ses disciples s'étaient approchés et lui disaient : « L'endroit est désert et il est déjà tard. Renvoie-les, qu'ils aillent dans les fermes et les villages des environs s'acheter de quoi manger. »
Il leur répondit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. »
Ils répliquent : « Allons-nous dépenser le salaire de deux cents journées pour acheter du pain et leur donner à manger ? »
Jésus leur demande : « Combien avez-vous de pains ? Allez voir. » S'étant informés, ils lui disent : « Cinq, et deux poissons. »
Il leur ordonna de les faire tous asseoir par groupes sur l'herbe verte.
Ils s'assirent en rond par groupes de cent et de cinquante.
Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction, rompit les pains, et il les donnait aux disciples pour qu'ils les distribuent. Il partagea aussi les deux poissons entre eux tous.
Tous mangèrent à leur faim.
Et l'on ramassa douze paniers pleins de morceaux de pain et de poisson.
Ceux qui avaient mangé les pains étaient au nombre de cinq mille hommes.
Seigneur, apprends-moi à prier. Je veux parler avec toi et, si mon désir de te rencontrer est grand, le tien est infini. Père, je veux prier uni à ton Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, dans la communion de l’Esprit Saint. Et pour cela je commence ma prière et ma journée au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit.
1. Que dit en soi le texte biblique ? La liturgie nous propose l’Évangile de la première multiplication des pains chez Marc. Dans ce passage aussi riche, les actions s’enchaînent : la promesse d’un week-end de repos tranquille tombe à l’eau, quand Jésus, quittant la barque, se trouve devant ces brebis sans berger. Dans le cœur de Jésus résonnent les paroles du prophète : « Voici que j’aurai soin moi-même de mon troupeau et je m’en occuperai » (Ez 34, 11). Que fait Jésus ? Il nourrit son peuple avec le pain de la parole, « il se mit à les enseigner longuement » (v. 34).
Mais les questions pratiques finissent par imposer leur poids. C’est bien d’écouter le Maître, mais il faut bien manger et se reposer. Le conflit apparent entre contemplation et action trouve en Jésus une réponse un peu paradoxale : « Donnez-leur vous-mêmes à manger » (v. 37). La disproportion entre les aliments à disposition et la foule à nourrir est patente. Cependant, ce qui change tout, c’est que maintenant cette disproportion et entre les mains de Jésus. Après avoir levé les yeux au ciel, béni et rompu les pains, partagé les poissons, Jésus remet tout entre les mains des disciples, pour que ces aliments arrivent à la foule.
Le résultat nous le connaissons : « Tous mangèrent et furent rassasiés » (v. 42). Par ses gestes, Jésus nous révèle l’amour du Père (1 Jn 4, 7-8), un amour qui nous précède, car avant même que nous puissions lui présenter nos problèmes, il a déjà une réponse dans son cœur, le don de son Fils Bien-aimé : « En ceci consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés » (v. 9).
2. Que nous dit le texte biblique ? Les deux passages de la multiplication des pains chez Marc nous aident à comprendre la dynamique interne de la célébration eucharistique. Les personnes qui s’ennuient à la Messe me font penser aux jeunes qui sont invités par la première fois à une soirée dansante : s’ils ne savent pas danser et s’ils ne se laissent pas porter par l’ambiance de la fête, on peut les voir vite de retour à la maison, disant qu’ils n’avaient jamais vu une soirée si nulle. Le Concile Vatican II a affirmé que l’Eucharistie est « source et sommet de toute la vie chrétienne ». Une image hollywoodienne peut nous aider à comprendre ces paroles : dans les films Mission Impossible les aventures incroyables des acteurs ne sont que le chemin qui sépare la mission donnée de la mission accomplie.
Notre vie chrétienne est le résultat de l’initiative et de l’amour de Dieu qui est venu à notre rencontre. Elle est tendue vers le dernier avènement du Christ, mais cette tension, cet intermédiaire, est une grande aventure, pleine de joie et de consolation par la présence de Jésus dans l’Eucharistie.
Saint Bernard disait : « Le second avènement est donc comme la voie qui conduit du premier au dernier. Dans le premier, le Christ a été notre rédemption ; dans le dernier, il apparaîtra comme notre vie ; dans sa venue intermédiaire, il est notre repos et notre consolation ». Le passé, le présent et l’avenir, l’éternité, sont là devant nous dans l’Eucharistie. Elle nous fait désirer la présence, face à face, du Christ dans la gloire. Or, la Messe, banquet du Seigneur, est une grande consolation, mais elle est aussi un envoi qui crée un style de vie missionnaire. Le nom Messe vient de Missio (Mission), parce que la liturgie, la célébration dans laquelle s’accomplit et nous est donnée l’intégralité du don du salut est aussi une, un envoi en mission. À la fin de la Messe l’aventure ne fait que commencer, car notre mission c’est de collaborer avec Jésus pour que les hommes se laissent sauver par lui, soient libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement.
L’Évangile d’aujourd’hui nous dit que, si nous avions les yeux de la foi, nous contemplerions sur l’autel l’hostie consacrée comme un cœur vivant et partout dans l’église nous entendrions ses battements d’amour, qui nous appellent, nous, tabernacles vivant dans le monde, pour porter son amour, son salut à tous les hommes. Nous contemplerions le monde qui a tant besoin d’un bon berger et le cœur du Verbe de la vie, du bon pasteur qui donne sa vie sur l’autel de la croix pour ses brebis et nous n’hésiterions pas à lui donner nos pieds, nos mains, nos bouches, pour que tous les hommes le connaissent. L’Eucharistie est une école du don total de soi. Une mission impossible ? N’ayons pas peur de mettre sur l’autel des disproportions, où un morceau de pain devient le corps du Christ, le monde entier, nos « énormes » difficultés, les obstacles invincibles de notre vie, cette peur qui nous empêche de l’annoncer. Jésus veut se manifester à tous les hommes dans le tabernacle et il m’envoie, moi, tabernacle vivant, pour que ma vie soit manifestation du don de Dieu dans l’Eucharistie, pour que tout ce que je fasse soit « eucharistisé », pour que les hommes soient rassasiés avec le pain que donne la vie.
3. Jésus, l’Eucharistie c’est toi, c’est la manifestation du don total de Dieu aux hommes, du don du pasteur innocent qui donne sa vie pour ses brebis égarées. J’aimerais contempler ma vie et le monde à la lumière de ce don total, pour que je puisse aussi t’imiter et me donner à mes frères, leur porter la nourriture de l’âme et du corps, te porter toi.