Il vint à Nazareth, où il avait été élevé. Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture. On lui remit le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit : l’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui.
Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. »
Aujourd’hui le passage d’Évangile est celui de la messe chrismale que l’évêque concélèbre avec les prêtres de son diocèse et au cours de laquelle sera consacré le saint chrême utilisé pour l’administration de certains sacrements chrétiens. Il servira également à différentes onctions comme la dédicace d’une église, d’un autel ou de cloches. Il symbolise la pénétration de l’Esprit Saint et de ses dons dans les âmes des fidèles.
1. « Tous dans la Synagogue avaient les yeux fixés sur lui ».
Après la tentation démoniaque rapportée par Luc au début du chapitre 4 de son Évangile, Jésus revient à Nazareth parmi les siens. Il entre à la synagogue le jour du Sabbat et, comme à tout juif pratiquant, on lui confie la lecture de l’Écriture. Il est parmi les siens, il a été élevé au milieu d’eux et, de près ou de loin, tout le monde le connaît. Il se sait regardé et écouté. Il va parler à ses auditeurs de façon très franche et leur expliquer sa propre mission. Il commente : « C’est aujourd’hui que s’accomplit ce passage de l’Écriture ». Il leur demande d’ouvrir les yeux de la foi et de comprendre sa mission au milieu d’eux. Il les invite à voir qu’à travers sa personne, Dieu accomplit sa promesse : c’est lui, Jésus qui est venu pour réaliser les promesses de Dieu. Il demande à ses contemporains d’avoir foi en ces promesses du Père et d’avoir foi en sa mission à lui.
2. « Ils étaient tous stupéfaits par ce qu’on disait de lui ».
Il avait passé ses années de vie cachée dans ce village et tout le monde le connaissait. C’était le fils de Joseph le charpentier. Marie était sa Mère et tel ou tel était de sa famille, on les appelait les frères ou les sœurs de Jésus. Différents bruits avaient précédé son retour : il avait guéri celui-ci, consolé celle-ci, ressuscité le fils de la veuve, apaisé une tempête sur le lac.
Là, dans le Temple, il se lève et se rend à l’endroit habituel pour accomplir ce qui lui est confié. Il est décidé, il n’hésite pas, il proclame et annonce l’accomplissement de l’Écriture à partir d’aujourd’hui. Il se trouve devant un public qui l’accueille avec sympathie mais au fur et à mesure de son discours, le ton change et, après une attitude enthousiaste, ses auditeurs vont le rejeter totalement et même tenter de le « jeter du haut de la colline » pour qu’il soit éliminé de la surface de la terre.
3. L’accueil des Écritures n’est pas toujours accessible au premier abord.
Donc, lorsque Jésus termine la lecture du texte et annonce qu’il est celui qui va accomplir le contenu, les auditeurs passent de l’admiration sympathique que l’on adresse à celui que l’on connaît et qui « est un des nôtres », à la contestation des propos de celui qui se présente comme « celui qui doit venir » et qu’on doit écouter et suivre.
Pourquoi cette versatilité devant la Parole de Dieu ? Aujourd’hui, n’avons-nous pas, nous aussi, un comportement comparable ? Quand nous prions et adressons nos demandes à Dieu, y engageons-nous vraiment toute notre foi, tout notre désir, tout notre cœur ? Nous demandons parce que « cela nous paraît sympathique » mais lorsque nous comprenons que ce que nous demandons requiert un changement d’attitude, de comportement, de témoignage, sommes-nous disposés à jouer le jeu ? Ne sommes-nous pas souvent comme celui dont le Seigneur dénonce la tiédeur, le manque de correspondance entre ce qu’il demande et sa façon de le demander ? Ne prions-nous pas souvent avec les lèvres alors que notre cœur est loin de ce que nous demandons et de celui à qui nous le demandons ?