La femme adultère

1. Voici déjà la dernière semaine de Carême avant la Semaine Sainte. Jésus se rapproche de sa Passion. Dans les chapitres sept à dix de l’Évangile de saint Jean, il monte à Jérusalem à l’occasion de la fête des Tentes, bien qu’il sache parfaitement que les pharisiens et les scribes ont décidé de le tuer. Aujourd’hui, nous les voyons tendre un piège à Jésus pour le prendre en flagrant délit de contradiction avec la loi de Moïse. A la fin du chapitre (v. 59), ils ramasseront même des pierres pour le lapider, tandis que le Christ s’échappera discrètement du Temple.
Pourquoi le Seigneur se jette-t-il ainsi dans la gueule du loup ? Pourquoi prend-il le risque de se montrer non seulement au Temple de Jérusalem, mais aussi à la fin d’une grande fête religieuse qui rassemble des milliers de pèlerins ? Il veut, tout simplement, accomplir sa mission. Le Christ est venu sur terre pour me révéler que Dieu m’aime et sa mort sur la croix nous montrera la démesure de cet amour sans limites. Mais pour accepter cet amour, il faut me détourner de mon égoïsme, il faut me convertir. Et c’est ce que le Christ veut obtenir aujourd’hui de la femme adultère et des pharisiens qui s’estiment sans péché.

2. Les scribes et les pharisiens ont surpris cette femme en flagrant délit d’adultère. Ils pourraient la lapider séance tenante, selon la loi de Moïse (Dt 22, 22). Mais ils veulent en profiter pour prendre Jésus au piège. Quels esprits vicieux ! Ce n’est pas le souci de la pureté du peuple d’Israël qui les entraîne à appliquer la loi, mais leur soif de prestige. Face à cette femme pécheresse, ils se croient irréprochables et veulent que tout le monde le sache. Comme les vieillards pervers qui tentèrent jadis la chaste Suzanne, ils prennent bien soin des apparences, ils s’arrangent pour que personne ne voie leurs fautes. Peut-être ont-ils commis bien des fois l’adultère dans leur cœur (Mt 5, 28), mais tant que personne ne le sait… Ils sont comme des pommes rouges et brillantes au dehors, mais noires et grouillantes de vers à l’intérieur.
Malgré tout, le Christ aime infiniment ces pauvres pharisiens. Il veut leur faire connaître sa miséricorde infinie, il veut qu’ils sortent de leur petit monde d’apparence et de bienséance. C’est pourquoi il retourne la situation. Ils voulaient le mettre à l’épreuve, maintenant c’est à leur tour d’être testés. Le Christ leur donne le choix entre deux attitudes : lancer la pierre, c’est-à-dire continuer à nier leur péché, ou renoncer à la lapidation, c’est-à-dire reconnaître leur condition de pécheurs. Et tous « s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés ». Seigneur, aide-moi à reconnaître mon péché ! Remplace mon cœur de pierre par un cœur humble et bienveillant envers tous !

3. La femme, elle aussi, a besoin de conversion. L’Évangile reste silencieux sur ses antécédents. On ne sait pas s’il s’agit d’une femme coquette et sensuelle, ou d’une mère de famille vertueuse qui s’est laissé séduire. En tout cas, elle est bien consciente d’être coupable et, humblement debout devant le Christ, elle attend la sentence de mort. Mais aucune parole de condamnation ne s’échappe des lèvres du Seigneur. Jésus veut sauver cette femme. Il veut lui faire connaître l’amour du Père, il veut montrer que même les plus gros péchés peuvent être pardonnés. Il me laisse toujours une deuxième chance, à condition que je reconnaisse humblement mon péché. Il condamne le péché, mais pas le pécheur.