Par la suite, Jésus se rendit dans une ville appelée Naïm. Ses disciples faisaient route avec lui, ainsi qu’une grande foule.
Il arriva près de la porte de la ville au moment où l’on emportait un mort pour l’enterrer ; c’était un fils unique, et sa mère était veuve. Une foule importante de la ville accompagnait cette femme.
Voyant celle-ci, le Seigneur fut saisi de compassion pour elle et lui dit : « Ne pleure pas. »
Il s’approcha et toucha le cercueil ; les porteurs s’arrêtèrent, et Jésus dit : « Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi. »
Alors le mort se redressa et se mit à parler. Et Jésus le rendit à sa mère.
La crainte s’empara de tous, et ils rendaient gloire à Dieu en disant : « Un grand prophète s’est levé parmi nous, et Dieu a visité son peuple. »
Et cette parole sur Jésus se répandit dans la Judée entière et dans toute la région.
Père, riche en miséricorde et plein d’amour, en cette année jubilaire fais-nous découvrir ton visage en Jésus. Que l’Esprit Saint crée en nous un cœur nouveau, un cœur miséricordieux. Au nom du Père…
1. La première lecture et l’Évangile nous présentent deux scènes avec beaucoup de points en commun, mais aussi avec un dépassement fondamental de la part de Jésus. Un mal terrible arrive dans la maison où habite l’homme de Dieu : le fils de la femme chez qui habitait le prophète Élie tomba malade et expira. « Que me veux-tu, homme de Dieu ? ». Comment concilier la présence de Dieu et du mal sous le même toit ? Dans l’Évangile le Fils de Dieu arrive à la porte de la ville juste au moment où l’on enterre un fils unique, le fils d’une veuve. Sur les chemins de ce monde Dieu a croisé le drame de la souffrance, les larmes d’une mère qui a perdu son enfant. Dans les deux cas une intervention divine rend la vie. Face au constat d’une telle souffrance Dieu ne reste pas indifférent. Cependant, le texte du livre des Rois laisse entrevoir une certaine hésitation de la part du prophète et un reproche de la part de la femme qui considère injuste qu’une chose pareille puisse lui arriver alors qu’elle a été généreuse envers l’homme de Dieu. L’issue de l’histoire est positive, car Dieu entend la prière de son prophète et « le souffle de l’enfant revint en lui ». Élie remet l’enfant à sa mère qui reconnaît, grâce à ce signe, qu’elle a vraiment accueilli un prophète. Dans l’Évangile Jésus ne s’adresse pas à Dieu, car lui-même est l’Emmanuel, Dieu avec nous. Le cœur de Dieu nous est révélé quand l’évangéliste nous dit : « le Seigneur fut saisi de compassion pour elle ». Dans la première lecture, il semblerait que la femme considère la mort de l’enfant comme un châtiment de Dieu pour ses fautes et le signe pourrait paraître juste comme un moyen pour justifier et soutenir l’action du prophète à l’égard des hommes. À la lumière du Nouveau Testament il n’y a plus d’ambiguïté : Dieu pleure la mort de ses enfants, il connaît notre histoire personnelle et notre situation concrète (c’était un fils unique et sa mère était veuve) et il sort à la rencontre de notre souffrance même là où nous n’attendions pas son intervention.
2. L’Évangile nous révèle les sentiments de Dieu face à la souffrance humaine. Saint Luc, l’évangéliste de la miséricorde, revient à la charge avec ce verbe qui est au cœur des paraboles de la miséricorde : Jésus « fut saisi de compassion (splagchnizomai : être ému de compassion, avoir compassion) pour elle ». Nous pourrions même trouver une traduction plus familiale qui reflète notre état parfois face au mal et aux injustices de ce monde : « Ses viscères furent retournés ». Nous attachons beaucoup d’importance au signe extérieur, il est important. Néanmoins cette description de l’intériorité divine face à notre douleur devrait avoir une influence plus importante dans notre vie. Certes, « Dieu ne peut pas souffrir, mais il peut compatir » (saint Bernard). Sa compassion, sa miséricorde pour nous, prouvent la valeur immense que nous avons à ses yeux. L’extraordinaire puissance de Dieu se manifeste pleinement dans sa bonté dont saint Paul nous parle dans la deuxième lecture.
3. La liturgie de ce dimanche met en avant aussi la radicalité de la miséricorde de Dieu. Dans la première et la deuxième lecture il s’agit en réalité d’un retour de la mort à la vie de tous les jours, et non pas vraiment d’une résurrection. Les enfants qu’Élie et Jésus rendent vivants à leurs mères allaient mourir un jour. Dieu qui a eu pitié de toute l’humanité soumise au pouvoir de la mort nous a envoyé son Fils pour nous libérer définitivement du pouvoir de la mort et nous donner la vie en plénitude.