La paille et la poutre

lun 20/06/2016
Fête du jour: 
Saint Silvère, pape et martyr

Chapitre d'Evangile:

Verset de début: 
1
Verset de fin: 
5
Evangile: 

« Ne jugez pas, pour ne pas être jugés ; de la manière dont vous jugez, vous serez jugés ; de la mesure dont vous mesurez, on vous mesurera.
Quoi ! Tu regardes la paille dans l’œil de ton frère ; et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ? Ou encore : Comment vas-tu dire à ton frère : “Laisse-moi enlever la paille de ton œil”, alors qu’il y a une poutre dans ton œil à toi ?
Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère.

Prière: 

Que notre espoir, Seigneur, soit en toi, comme ton amour est sur nous ! Jésus j’ai confiance en toi. « J'avais dit : les ténèbres m'écrasent ! Mais la nuit devient lumière autour de moi. Même les ténèbres pour toi ne sont pas ténèbres, et la nuit comme le jour est lumière ! » (Ps 138/139).

Demande: 
Seigneur, guéris-moi de mon aveuglement ! Inonde-moi de ta lumière ! Éclaire mes ténèbres intérieures. Pour que je vive dans ta lumière et qu’à travers moi tu sois une lumière pour mes frères.
Points de réflexion: 

1. « Ne jugez pas, pour ne pas être jugés ». Ces paroles du Christ se trouvent à la fin du discours sur la montagne (chapitres 5 à 7 de l’Évangile de saint Matthieu). Dans cet enseignement, qui commence avec les Béatitudes, Jésus donne en quelque sorte son programme ou encore la règle de vie des fils du Royaume, dont il est le modèle. Ici, il met en garde contre le fait de juger de haut les autres. Juger s’entend dans le sens de condamner l’autre, non pas au sens d’un jugement de valeur comme « c’est bien » ou « c’est mal ». Et quand il parle d' « être jugés » il s’agit non plus de notre jugement, mais de l’action de Dieu envers nous. Nous exigeons la justice. Servons-nous de cet élan intérieur pour le « convertir », pour l’élever. Apprenons de notre Seigneur, qui est juste, le juste par excellence : « Je vous le dis en effet : si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux » (Mt 5, 20). En Dieu la justice ne fait qu’un avec la vérité et la miséricorde (c’est-à-dire son amour pour nous).

2. Voir clair. Le jugement est une question de regard. Le sens que nous utilisons pour juger est la vue. Ce passage rappelle donc cette phrase du même enseignement du Christ : « La lampe du corps, c’est l’œil. Donc, si ton œil est limpide, ton corps tout entier sera dans la lumière; mais si ton œil est mauvais, ton corps tout entier sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, comme elles seront grandes, les ténèbres ! » (Mt 5, 22-23) Ce regard porte aussi bien sur soi que sur ce et ceux qui nous entourent. Nous avons besoin de voir clair pour voir juste. La lumière nécessaire vient de Dieu. Regarder comme Dieu, c’est regarder avec amour et avec miséricorde. Telle est la mesure de Dieu : « La mesure de l'amour de Dieu c'est d'aimer sans mesure » (phrase de saint Bernard dans le Traité de l'Amour de Dieu chapitre I, qui reprend saint Augustin). Vivre le commandement que nous a laissé le Christ, d’aimer Dieu et d’aimer nos frères comme il nous a aimés, réajuste notre regard sur Dieu, les autres et nous-même.

3. Parler à son frère. Jésus ne demande pas de ne pas s’occuper des autres, ou de demeurer indifférent à leurs difficultés. Ce serait un « laissez-moi en paix », mais une paix individualiste et égoïste, qui n’est pas la vraie paix. C’est au contraire la recherche d’une paix véritable pour soi et pour l’autre, la paix que seul le Christ donne. « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne » (Jn 14, 27). Il ne s’agit pas, non plus, d’être parfait avant de pouvoir reprendre quelqu’un, puisque nous ne sommes pas sans péché. Cependant nous sommes appelés à nous aider les uns les autres pour marcher dans les pas du Christ. La correction fraternelle est bonne, elle est conseillée (cf. Mt 18, 15), mais elle a une condition primordiale : aimer celui qu’on doit reprendre. C’est en résumé vivre selon l’Esprit, le Saint, l’Esprit de Jésus. Et c’est un appel constant à la conversion, à nous tourner vers celui qui est justice, vérité et miséricorde.
Saint Augustin (S. Domini in Monte, II, 19) : « Par exemple : quelqu’un a péché par colère, et toi tu le reprends haineusement. Il y a autant de différence entre la colère et la haine qu’entre la paille et la poutre. Car la haine, c’est de la colère invétérée : avec le temps, elle a pris tant de force qu’on peut l’appeler une poutre. Si tu t’irrites seulement, tu peux avoir bonne volonté de corriger le coupable ; mais si tu le hais, tu ne peux pas vouloir son amendement. Jette loin de toi ta haine : et alors, cet homme que désormais tu aimes, tu pourras le corriger ».

Dialogue: 
Seigneur, convertis-moi, apprends-moi à regarder comme toi. J’ai confiance en toi. « Du haut des cieux, le Seigneur regarde : il voit la race des hommes. Dieu veille sur ceux qui le craignent, qui mettent leur espoir en son amour, pour les délivrer de la mort, les garder en vie aux jours de famine. Nous attendons notre vie du Seigneur : il est pour nous un appui, un bouclier » (Ps 32/33).
Résolution: 
Chercher à regarder mes frères comme Jésus les regarde. « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » (Mt 5, 7).