Ce jour-là, Jésus était sorti de la maison, et il était assis au bord du lac. Une foule immense se rassembla auprès de lui, si bien qu'il monta dans une barque où il s'assit ; toute la foule se tenait sur le rivage. Il leur dit beaucoup de choses en paraboles : « Voici que le semeur est sorti pour semer. Comme il semait, des grains sont tombés au bord du chemin, et les oiseaux sont venus tout manger. D'autres sont tombés sur le sol pierreux, où ils n'avaient pas beaucoup de terre ; ils ont levé aussitôt parce que la terre était peu profonde.
Le soleil s'étant levé, ils ont brûlé et, faute de racines, ils ont séché. D'autres grains sont tombés dans les ronces ; les ronces ont poussé et les ont étouffés. D'autres sont tombés sur la bonne terre, et ils ont donné du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un.
Celui qui a des oreilles, qu'il entende ! »
Seigneur Jésus, comme j’aurais aimé faire partie de cette foule qui se pressait au bord du lac pour t’écouter ! Cependant, même si je ne te vois pas avec les yeux du corps, je suis quand même en ta présence. Tu me parles par l’Évangile. Aide-moi à écouter ce que tu veux que je fasse.
1. L’Évangile d’aujourd’hui introduit le premier grand discours en paraboles. Il s’agit des paraboles sur le Royaume de Dieu, que le Christ comparera à une petite graine qui grandit silencieusement, jusqu’à devenir un arbre immense. Mais pourquoi parle-t-il en paraboles ? Ne serait-il pas plus simple d’annoncer les événements tels qu’ils sont vraiment ? Le Christ pourrait simplement dire que le Royaume de Dieu, c’est sa venue dans le monde, ou sa présence dans le monde, sans chercher à faire plus compliqué. Eh bien justement, les mystères de Dieu sont plus compliqués que cela en a l’air. Ils dépassent ma façon de penser et de m’exprimer. C’est pourquoi les paraboles sont non seulement plus parlantes, mais aussi plus vraies que les discours scientifiques sur Dieu. C’est grâce à elles que Jésus peut révéler « ce qui fut caché dès l’origine » (Ps 77), le mystère de son amour.
Quand il me parle en paraboles, le Christ me donne l’occasion de faire grandir ma foi. Il me dit que les graines, les arbres et toute la création sont des images qui révèlent le mystère de Dieu. Ce sont les indices d’un gigantesque jeu de piste, laissés par le Créateur pour que l’homme puisse le connaître. Saint Paul l’affirme bien quand il écrit : « Depuis la création du monde, on peut voir avec l’intelligence, à travers les œuvres de Dieu, ce qui, de lui, est invisible : sa puissance éternelle et sa divinité » (Rm 1, 20). Je dois donc m’habituer à regarder la nature avec foi : tout ce que je vois doit me porter à Dieu. Seigneur, que chaque chose me rapproche de toi !
2. La première parabole est celle du semeur et des quatre types de terrain qui reçoivent la semence. Même si les trois premiers sont ingrats, leur manque de fruits est largement compensé par le rendement du quatrième, dont certains grains peuvent produire au centuple. La parabole me donne donc une première leçon d’espérance et d’enthousiasme. Le plan de Dieu porte toujours des fruits en abondance, malgré les possibles échecs initiaux.
Cette parabole doit aussi susciter en moi un grand désir de porter du fruit. Quel gâchis de voir des personnes tellement prometteuses, qui ne se mettent à penser qu’à leur bien-être et se détournent du Christ ! Je ne veux pas devenir comme cela. Seigneur, je te demande pardon pour toutes les fois où j’ai eu honte de toi devant les autres et où j’ai préféré le confort et la facilité à l’accomplissement de ta volonté !
En fin de compte, c’est une question de décision. Je me mets au service du Christ et de son Règne, oui ou non ? Si la réponse est oui, alors je dois me mettre à préparer le terrain pour recevoir la semence, à préparer mon âme par les sacrements et la pratique des vertus, pour accomplir la volonté de Dieu. Je dois prendre la bonne décision et y persévérer.
3. Au début de ce passage, l’évangéliste écrit : « une foule immense se rassembla auprès de lui ». Les gens avaient soif de la Parole de Dieu. Ils n’hésitaient pas à abandonner leur routine quotidienne pour aller voir ce Jésus de Nazareth, ce rabbi qui parlait avec autorité de l’amour de Dieu. Je pourrais me plaindre des gens d’aujourd’hui, qui ont l’air totalement indifférents à Dieu et à son règne. Mais ne serait-ce pas ma faute, s’ils n’entendent pas parler de Dieu ? « Jésus était sorti de la maison, et il était assis au bord du lac ». Est-ce que je sors de chez moi pour aller parler aux voisins ou aux personnes que je connais ? Les foules n’ont pas perdu la soif de Dieu, il me faut juste sortir et leur parler du Royaume.
On peut méditer avec beaucoup de fruits le paragraphe 264 de l’encyclique Evangelii Gaudium, dont voici un extrait : « La meilleure motivation pour se décider à communiquer l’Évangile est de le contempler avec amour, de s’attarder en ses pages et de le lire avec le cœur. Si nous l’abordons de cette manière, sa beauté nous surprend, et nous séduit chaque fois. Donc, il est urgent de retrouver un esprit contemplatif, qui nous permette de redécouvrir chaque jour que nous sommes les dépositaires d’un bien qui humanise, qui aide à mener une vie nouvelle. Il n’y a rien de mieux à transmettre aux autres ». Pour évangéliser, il faut d’abord contempler.