En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Moi, je vous le dis : Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles. Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose est digne de confiance aussi dans une grande. Celui qui est malhonnête dans la moindre chose est malhonnête aussi dans une grande. Si vous n’avez pas été dignes de confiance pour l’argent malhonnête, qui vous confiera le bien véritable ? Et si, pour ce qui est à autrui, vous n’avez pas été dignes de confiance, ce qui vous revient, qui vous le donnera ? Aucun domestique ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent ». Quand ils entendaient tout cela, les pharisiens, eux qui aimaient l’argent, tournaient Jésus en dérision. Il leur dit alors : « Vous, vous êtes de ceux qui se font passer pour justes aux yeux des gens, mais Dieu connaît vos cœurs ; en effet, ce qui est prestigieux pour les gens est une chose abominable aux yeux de Dieu. »
Seigneur Jésus, en commençant ce temps de prière, je me dis que je suis un peu dans la même situation que les apôtres après l’Ascension. Je ne peux te voir physiquement. Je t’aime de tout mon cœur, mais pourtant je n’ai jamais vu la couleur de tes yeux. Saint Jean, lors de la pêche miraculeuse au bord du lac de Tibériade, après la Résurrection (cf. Jn 21), me donne l’exemple. « C’est le Seigneur ! ». Jésus, aide-moi à te reconnaître là où tu es présent. À m’exclamer avec saint Jean lorsque j’entre dans une église, lorsque je rencontre une difficulté, lorsque je m’émerveille devant ta création, ou devant une bonne action. Seigneur, au début de cette méditation, je veux me recueillir et reconnaître ta présence dans mon cœur : m’exclamer : c’est Jésus, c’est le Seigneur !
1. « Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête (…) »
Cette phrase du Christ est bien étrange. Il semble nous inviter à nous servir de quelque chose qu’il dit lui-même être malhonnête pour arriver à la récompense qu’il nous promet : la vie éternelle. Pourtant si souvent, nous utilisons « l’argent malhonnête » à toutes sortes de fins sauf celle de parvenir à l’éternité.
Saint Ignace avait une expression latine pour désigner le rapport que nous devrions avoir avec les créatures : tantum… quantum…, ce qui pourrait être traduit par autant… que…, ou dans la mesure où… Il explique que dans la vie chrétienne tout ce qui n’est pas Dieu, tout ce qui n’est pas le Créateur, est créature et doit être utilisé dans la mesure où cela nous mène vers Dieu. Utiliser les créatures autant que l’on voudra, et même le plus possible, tant qu’on les utilise pour aller vers Dieu, tant qu’elles nous mènent à Dieu. Le temps que Dieu nous donne doit être mis à profit pour nous rapprocher de Dieu. Les choses matérielles, telles que la voiture, les vêtements, l’ordinateur, … ne doivent pas nous distraire de notre chemin vers Dieu.
2. « (…) afin que ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles. »
Et il en est de même pour les amitiés. Suis-je prêt à mettre Dieu à la première place dans ma vie ? Tout le reste me conduit-il à lui ? Suis-je prêt à renoncer à ces amis qui, par leurs conversations, par leur compagnie, m’éloignent de Dieu ? Mon mari, mon épouse m’aident-ils à arriver à Dieu ? Que fais-je pour aider mon épouse, mon mari pour se rapprocher de Dieu ? Écoutons les paroles de saint François de Sales au sujet des mauvaises amitiés : « L’amour tient le premier rang entre les passions de l’âme : c’est le roi de tous les mouvements du cœur, il convertit tout le reste à soi et nous rend tels que ce qu’il aime. Prenez donc bien garde, ma Philothée, de n’en point avoir de mauvais, car tout aussitôt vous seriez toute mauvaise. » (Introduction à la vie dévote III, 17).
3. « Ce qui est prestigieux pour les gens est une chose abominable aux yeux de Dieu. »
Comme les choses prennent une perspective différente lorsque nous les contemplons ainsi, en gardant bien en vue le but de notre vie chrétienne ! D’où cette phrase de l’Évangile d’aujourd’hui, citée au début de ce paragraphe. Saint Ignace la résumait ainsi : « Quid est hoc ad aeternitatem ? », qu’est-ce que cela face à l’éternité ? Si, souvent, nos soucis, nos préoccupations nous retiennent sur terre, nous empêchent de nous envoler vers Dieu, si, souvent, nous nous attachons tellement aux choses de ce monde que nous ne pouvons arriver à Dieu : aller voir le match de foot est plus important pour nous que d’aller à la messe, préférer passer un moment avec mes amis au lieu de rendre visite à ma grand-mère souffrante, perdre mon temps devant une série télévisée, etc. Au contraire, servons-nous des créatures pour arriver à Dieu.