Levant les yeux, il vit les gens riches qui mettaient leurs offrandes dans le Trésor. Il vit aussi une veuve misérable y mettre deux petites pièces de monnaie. Alors il déclara : « En vérité, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres. Car tous ceux-là, pour faire leur offrande, ont pris sur leur superflu mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle avait pour vivre. »
Seigneur, quel don de pouvoir m’arrêter un moment et d’unir mon cœur un peu plus au tien. Je m’abandonne à toi, fais de moi ce qu’il te plaira.
1. « Levant les yeux, il vit les riches qui mettaient leurs offrandes dans le Trésor. Il vit aussi une veuve indigente qui y mettait deux piécettes ».
Tu vois tout ! Ce que je fais pour être reconnu, admiré par les autres, pour « avoir bonne conscience » ou pour montrer ma supériorité ; et tu vois aussi mes efforts, ce que personne ne remarque lorsque je tais une critique non constructive, lorsque je rends service avec un sourire alors que mon cœur pleure, lorsque je sourie sincèrement à ceux qui me méprisent. Et tu vois aussi le cœur de chacun ; la richesse de chaque cœur ! Comme j’ai tort de juger les intentions et les actes des autres ! Ce qui me paraît dérisoire peut être un grand acte de charité de la part de l’autre. Mais comme c’est difficile de voir avec tes yeux, de te laisser seul juge, d’encourager au lieu de briser ! Peut-être que si je me laisse regarder par toi, chaque jour, quelques minutes, tu m’aideras, petit à petit, à voir les autres comme tu les vois.
2. « Ils mettaient leurs offrandes dans le Trésor ».
« Le mot grec öõëáaeáé veut dire conserver et le mot persan gaza signifie richesse, de là vient le nom de gazophylacium, donné à l'endroit où on déposait l'argent » (Bède le Vénérable). Et aujourd’hui, qui conserve ma richesse ? Ma vraie richesse ? Ce n’est sûrement pas la banque ! En ce jour de la Présentation de Marie, nous pouvons penser que la Sainte Vierge est ce « coffre à trésor », qui garde « fidèlement toutes ces choses en son cœur ». Tout ce que nous lui confions, elle le garde dans son cœur et l’offre au Père. Rien, absolument rien de ce que nous leur offrons n’est perdu. J’ajouterais même que nos petits actes d’amour sont multipliés au ciel à des taux imbattables !
Ainsi, « ne vous amassez point de trésors sur la terre, où la mite et le ver consument, où les voleurs percent et cambriolent. Mais amassez-vous des trésors dans le ciel : là, point de mite ni de ver qui consument, point de voleurs qui perforent et cambriolent. Car où est ton trésor, là sera aussi ton cœur » (Lc 6, 19-21). Où est mon trésor ? Où est mon cœur ?
3. « Cette veuve qui est pauvre a mis plus qu'eux tous ».
Certains Pères de l’Église ont vu dans cette pauvre veuve un sens allégorique. Ainsi, elle « représente la simplicité de l'Église ; elle est pauvre parce qu'elle s'est dépouillée de l'esprit d'orgueil et des péchés qui sont comme les richesses du monde ; elle est veuve parce que son époux a souffert la mort pour elle ; elle met deux petites pièces de monnaie dans le tronc, parce que c'est en présence de Dieu (qui conserve les offrandes que nous lui faisons de nos oeuvres), qu'elle vient apporter l'offrande soit de l'amour de Dieu et du prochain, soit de la foi et de la prière qui l'emportent de beaucoup sur toutes les oeuvres des orgueilleux » (Bède le Vénérable). En effet, je mets plus que tous lorsque je mets mon cœur en Dieu, peu importe ma situation. Sainte Thérèse de Lisieux nous recommande que notre seul trésor soit d’aimer notre petitesse et notre pauvreté, d’espérer aveuglement en sa Miséricorde. Que je me sente « heureuse de me sentir faible et misérable parce que, plus on le reconnaît humblement, attendant tout gratuitement du bon Dieu sans aucun mérite de notre part, plus le bon Dieu s’abaisse vers nous pour nous combler de ses dons avec magnificence ». Que « tout ce que je [fasse], les mouvements, les regards, tout, depuis mon offrande, [soit] par amour ».