Jésus appelle les Douze,
et pour la première fois il les envoie deux par deux.
Il leur donnait pouvoir sur les esprits mauvais,
et il leur prescrivit de ne rien emporter pour la route,
si ce n'est un bâton ;
de n'avoir ni pain, ni sac,
ni pièces de monnaie dans leur ceinture.
« Mettez des sandales,
ne prenez pas de tunique de rechange. »
Il leur disait encore :
« Quand vous avez trouvé l'hospitalité dans une maison,
restez-y jusqu'à votre départ.
Si, dans une localité,
on refuse de vous accueillir et de vous écouter,
partez en secouant la poussière de vos pieds ;
ce sera pour eux un témoignage. »
Ils partirent, et proclamèrent qu'il fallait se convertir.
Ils chassaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d'huile à de nombreux malades, et les guérissaient.
Seigneur Jésus, Parole éternelle du Père, tu nous as dit : « Si vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père » (Jn 14, 7). Je veux te connaître, t’écouter ce matin pour découvrir le visage de notre Père, guidé par ton Esprit, l’Esprit du Père. Je veux voir Dieu, je veux voir la Trinité d’Amour, je veux être envoyé par toi et annoncer au monde ton amour, ta miséricorde et ta fidélité. Je veux être envoyé au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit.
1. Que dit en soi le texte biblique ? Le but de l’Évangile de saint Marc est de nous montrer qui est Jésus : « Commencement de l’Évangile de Jésus Christ, Fils de Dieu » (1, 1). Pour cela, dans la lecture du texte, nous devons être attentifs aux paroles, aux gestes de Jésus, qui nous révèlent le mystère du Verbe caché depuis l’éternité. Jésus, en effet, appelle à lui les douze, les envoie en mission et leur donne pouvoir. En plus, il leur donne des indications précises. C'est seulement après l’action de Jésus que vient l’action des apôtres : ils prêchèrent, ils chassaient beaucoup de démons et faisaient des onctions d’huile et guérissaient. Saint Marc nous a déjà parlé de l’appel des douze dans un cadre plus intime, mais il n’y a pas eu encore d’envoi (cf. Mc 3, 13-19). Quels traits de l’identité de Jésus veut nous montrer saint Marc dans ce passage ? Seigneur, montre-moi ton visage.
2. Que nous dit le texte biblique ? La première lecture peut servir de repoussoir à l’Évangile. David envoie en mission, si on peut parler de cette manière, son fils Salomon, pour régner sur Israël. Les lois, les commandements, les ordonnances et les instructions écrites dans la loi de Moïse (cf. 1 R 2, sont le point de référence de sa mission, de son action). En plus, la promesse de Dieu de donner un roi à Israël est conditionnée par la fidélité des hommes : « Si tes fils surveillent leur conduite en marchant loyalement devant moi, de tout leur cœur et de toute leur âme, tu ne manqueras jamais de quelqu’un sur le trône d’Israël » (v. 4). Maintenant, en envoyant les apôtres en mission, Jésus semble prendre la place de Dieu : il devient le point de référence, la source de l’autorité. Sur ce point, le Rabbin Neusner a saisi l’enjeu et la nouveauté du message chrétien. De retour à la synagogue, après le dialogue avec Jésus, il parle avec son maître : Maître : « Ton Jésus a négligé quelque [chose de la Thora] ? » Rabbin Neusner : « Rien ». Le maître : « Alors il a ajouté quelque chose ? » Rabbin Neusner : « Oui, lui-même ».
C’est Dieu qui choisit ses apôtres, il nous appelle « à lui », par un amour libre, qui n’est pas lié aux privilèges royaux, qui ne s’arrête pas devant les défauts et les carences personnelles ; il les envoie et leur donne pouvoir, parce qu’en lui s’est manifesté l’amour tendre de Dieu. Toutes les recommandations qu’il donne à ses missionnaires ne font qu’expliciter la nature du Royaume, dont les messagers ne sont plus les guerriers puissants, mais les pèlerins en marche, eux aussi, vers le ciel, chaussés de sandales, le bâton à la main. Ceux qui refusent leur message ne sont pas détruits par une armée puissante, mais ils sont appelés sans cesse à la conversion et touchés intérieurement par le respect et l’humilité de Dieu. La réussite de leur mission ne dépend plus de l’observance formelle d’une loi, mais de l’union et de la fidélité à la Parole de Jésus, qui est la plénitude de la Loi. Ce n’est plus la fidélité des hommes qui assure l’accomplissement de la mission, mais l’assistance continuelle de l’Esprit Saint. La Parole de Dieu nous ramène toujours au cœur de l’évangélisation, à la source, qui est l’envoi de Jésus : « La Sainte Écriture est source de l’évangélisation […] toute l’évangélisation est fondée sur elle, écoutée, méditée, vécue, célébrée et témoignée » (Evangelii Gaudium).
3. Seigneur, ce temps de prière, ce temps en ta présence, à l’écoute de ta Parole, me réconforte et me donne envie de rester plus de temps avec toi, pour écouter tes paroles douces comme le miel. Mais je sais que l’appel et l’envoi vont ensemble dans la vie chrétienne, tu en es l’exemple. La contemplation de Dieu et l’engagement pour le monde, pour la société sont inséparables pour un chrétien. Seigneur, j’ai du mal à sortir, j’ai l’impression qu’en entrant dans la masse de soucis de la vie, je m’éloigne de toi. En lisant l’Évangile ce matin, je me rends compte que tu es au plus rude du combat, là, près de moi, tu nous assistes par ton Esprit, tu nous donnes le pouvoir face au mal et ta Parole est l’huile qui guérit les âmes, qui guérit nos blessures. Quand je me regarde moi-même, j’ai peur, quand je te regarde, quand je regarde l’Église, les apôtres, je me sens rassuré. Je ne m’envoie pas moi-même, c’est en ton nom que je veux être un évangélisateur, là où tu voudras, comme tu voudras, quand tu voudras.