En ce temps-là, du milieu de la foule, quelqu’un demanda à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. » Jésus lui répondit : « Homme, qui donc m’a établi pour être votre juge ou l’arbitre de vos partages ? » Puis, s’adressant à tous : « Gardez-vous bien de toute avidité, car la vie de quelqu’un, même dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède. Et il leur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche, dont le domaine avait bien rapporté. Il se demandait : “Que vais-je faire ? Car je n’ai pas de place pour mettre ma récolte.” Puis il se dit : “Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j’en construirai de plus grands et j’y mettrai tout mon blé et tous mes biens. Alors je me dirai à moi-même : Te voilà donc avec de nombreux biens à ta disposition, pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.” Mais Dieu lui dit : “Tu es fou : cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ?” Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu. »
Dieu est donc caché dans notre âme et c'est là que le vrai contemplatif doit le chercher, en disant : « Où es-tu caché ? » (Saint Jean de la Croix)
1. « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. »
Jésus part d'un conflit à la réponse évidente pour relever le débat et donner un enseignement plus profond : bien sûr que ton frère ne doit pas garder pour lui seul l'héritage de toute la famille mais, au fond, en quoi réside la valeur des biens que nous possédons ici-bas : notre argent, nos actions, notre temps ?
2. Jésus invite ses auditeurs à considérer leur vie terrestre dans la perspective de sa fin. Un jour cette vie sera terminée : que restera-t-il de ce que j'ai été, fait, possédé ? On raconte qu'à celui qui avait demandé au jeune saint Louis de Gonzague, séminariste, alors qu'il était en train de jouer avec ses amis, ce qu'il ferait s'il savait qu'il allait mourir quelques instants plus tard, celui-ci aurait répondu qu'il continuerait à jouer, puisqu'il était déjà en train de vivre tout simplement son devoir d'état. Si l'on me disait que j'allais mourir dans quelques instants, continuerais-je à faire ce que je suis en train de faire ?
3. La question (utile et recommandée par saint Ignace dans les Exercices) n'a pas pour but de nous inquiéter mais, au contraire, de nous situer dans ce que nous sommes vraiment : des enfants sur lesquels veille avec attention un Père qui les aime. Voilà ce qu'est être « riche en vue de Dieu » : riche de l'assurance que Dieu notre Père nous aime, veille sur nous à chaque instant de notre vie et nous donne chaque jour l'occasion de travailler pour son Règne. Voilà la vraie mesure, devant Dieu, de notre argent, nos actions, notre temps.