De nouveau, des Juifs prirent des pierres pour lapider Jésus. Celui-ci reprit la parole : « J’ai multiplié sous vos yeux les œuvres bonnes qui viennent du Père. Pour laquelle de ces œuvres voulez-vous me lapider ? » Ils lui répondirent : « Ce n’est pas pour une œuvre bonne que nous voulons te lapider, mais c’est pour un blasphème : tu n’es qu’un homme, et tu te fais Dieu. »
Jésus leur répliqua : « N’est-il pas écrit dans votre Loi : J’ai dit : Vous êtes des dieux ? Elle les appelle donc des dieux, ceux à qui la parole de Dieu s’adressait, et l’Écriture ne peut pas être abolie. Or, celui que le Père a consacré et envoyé dans le monde, vous lui dites : “Tu blasphèmes”, parce que j’ai dit : “Je suis le Fils de Dieu”. Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, continuez à ne pas me croire. Mais si je les fais, même si vous ne me croyez pas, croyez les œuvres. Ainsi vous reconnaîtrez, et de plus en plus, que le Père est en moi, et moi dans le Père. » Eux cherchaient de nouveau à l’arrêter, mais il échappa à leurs mains. Il repartit de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où, au début, Jean baptisait ; et il y demeura. Beaucoup vinrent à lui en déclarant : « Jean n’a pas accompli de signe ; mais tout ce que Jean a dit de celui-ci était vrai. »
Et là, beaucoup crurent en lui.
Seigneur, je te prie par la contemplation de ton Évangile. Seigneur, que mon cœur devienne toujours plus semblable au tien !
1. « Les Juifs de nouveau apportent des pierres pour le lapider ».
Ne sommes-nous pas comme ces juifs ? Nous apportons souvent à Jésus notre cœur de pierre qui a tant de mal à sortir de lui-même, à aimer, à pardonner. Et pourtant, que fait Jésus pour ces hommes qui lui apportent des pierres ? Il les enseigne inlassablement, patiemment. Il ne leur donne pas un enseignement superficiel, mais il les emmène au centre le plus intime de leur vie, dans le secret de la Trinité : « Le Père est en moi et moi dans le Père ».
Quelle confiance nous donne ce passage en l'amour du Christ dont on ne peut sonder ni la hauteur, ni la largeur, ni la longueur, ni la profondeur (Cf. Eph 3, 18) ! Oui, vraiment, on peut chanter avec sainte Thérèse de Lisieux : « Moi, si j'avais commis tous les crimes possibles, je garderais toujours la même confiance, car je sais bien que cette multitude d'offenses n'est qu'une goutte d'eau dans un brasier ardent ».
2. Reprenons les phrases de Jésus sur lui-même : « Je vous ai montré quantité de bonnes œuvres, venant du Père. (...). Le Père m'a consacré et envoyé dans le monde. (...) Le Père est en moi et moi dans le Père ». C'est une catéchèse condensée - Jésus n'a pas beaucoup de temps, il est environné de personnes hostiles - mais suffisante pour faire comprendre qu'il est chemin vers le Père, vérité et vie. Si seulement, ne serait-ce qu'un instant, les Juifs acceptaient d'oublier leur point de vue et se mettaient à envisager sérieusement celui de leur interlocuteur... S'ils renonçaient, dans cette discussion où les avis sont contraires, à leur propre jugement, cette humilité les sauverait.
3. Un homme, Jésus, est sur le point d'être lapidé par ses accusateurs. Il répond à ses adversaires, mais, dans tout son discours, l’on sent que son souci principal n'est pas de se défendre : il est entré dans le monde en se consacrant tout entier à son Père, faisant le don total et définitif de sa vie pour sauver les hommes. Il cherche au contraire à sauver ses ennemis en leur donnant à croire en ses œuvres et en lui.
Inspiré par l'Esprit-Saint, d'accusé, il devient le défenseur de ses bourreaux. « Car je suis venu non pour juger le monde, mais pour sauver le monde » (Jn 12, 47). Cette transformation des rôles, d'accusé en défenseur, Jésus l'effectue sans cesse pour nous...