En ce temps-là, Jésus s’adressa aux foules et à ses disciples, et il déclara : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas. Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens : ils élargissent leurs phylactères et rallongent leurs franges ; ils aiment les places d’honneur dans les dîners, les sièges d’honneur dans les synagogues et les salutations sur les places publiques ; ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi. Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul maître pour vous enseigner, et vous êtes tous frères.
Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux. Ne vous faites pas non plus donner le titre de maîtres, car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. »
Père, je te rends grâce pour ton Fils, Jésus-Christ et te demande de raviver dans mon cœur la flamme de ton Esprit, pour que je puisse aimer et me mettre au service des autres. Au nom du Père…
1. Les hommes de notre temps crient au scandale lorsqu’ils voient les pires atrocités commises au nom de Dieu. Se servir de Dieu tout en affirmant qu’on sert Dieu à des fins personnelles n’est pas un phénomène nouveau. Dans la première lecture, le prophète Malachie critique de manière dure les prêtres hébreux : « Vous vous êtes écartés de la route, vous avez fait de la Loi une occasion de chute pour la multitude ». Dans l’Évangile Jésus adresse aussi des critiques sévères aux scribes et aux pharisiens. Pour eux la religion consistait en titres et pratiques extérieures. Ce n’est pas la doctrine qui est mauvaise, mais l’incohérence entre la propre vie et l’enseignement de Dieu.
2. Le chemin de notre conversion passe par un retour continuel à l’essence de l’Évangile : Jésus. Nous sommes invités à nous demander continuellement de quelle manière nous imitons Jésus ici et maintenant, dans les circonstances actuelles de notre vie. Jésus est venu pour servir son Père et tous les hommes, il a abandonné les privilèges de sa condition divine pour partager notre fragilité humaine. Est-ce que je vis dans une attitude de service, don de moi-même à Dieu et à mes frères à l’exemple de Jésus ? Est-ce que je sers Dieu ou je me sers de Dieu pour justifier et faire peser sur mes frères mes jugements, mes critiques et mon manque d’amour ? La foi n’est pas une question de dignité, de pratiquer pour être le plus grand, celui qui enseigne les autres. La foi en Jésus n’incite pas à la domination, au combat à mort pour la première place. La foi chrétienne nous pousse au service, à l’exercice souverain de notre liberté qui nous rend capable de prendre la dernière place par amour.
3. Dans la deuxième lecture, saint Paul nous montre un exemple de cette transformation intérieure. Lui, l’apôtre du Christ, l’homme de Dieu, n’arrive pas à la communauté avec des prétentions particulières en réclamant les privilèges de sa condition d’apôtre : « C’est en travaillant nuit et jour, pour n’être à la charge d’aucun d’entre vous, que nous vous avons annoncé l’Évangile de Dieu. » Saint Paul arrive à la communauté pour se mettre au service et montrer à travers son attitude la douceur de Dieu à l’égard de son peuple. Saint Paul avait entendu la parole du Christ : « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. » Nous le savons aussi : le vrai pouvoir, c’est le service.