En ce temps-là, Jésus était en train d’enseigner dans une synagogue, le jour du sabbat. Voici qu’il y avait là une femme, possédée par un esprit qui la rendait infirme depuis dix-huit ans ; elle était toute courbée et absolument incapable de se redresser. Quand Jésus la vit, il l’interpella et lui dit : « Femme, te voici délivrée de ton infirmité. » Et il lui imposa les mains. À l’instant même elle redevint droite et rendait gloire à Dieu.
Alors le chef de la synagogue, indigné de voir Jésus faire une guérison le jour du sabbat, prit la parole et dit à la foule : « Il y a six jours pour travailler ; venez donc vous faire guérir ces jours-là, et non pas le jour du sabbat. » Le Seigneur lui répliqua : « Hypocrites ! Chacun de vous, le jour du sabbat, ne détache-t-il pas de la mangeoire son bœuf ou son âne pour le mener boire ? Alors cette femme, une fille d’Abraham, que Satan avait liée voici dix-huit ans, ne fallait-il pas la délivrer de ce lien le jour du sabbat ? » À ces paroles de Jésus, tous ses adversaires furent remplis de honte, et toute la foule était dans la joie à cause de toutes les actions éclatantes qu’il faisait.
Seigneur Jésus, je me mets en ta présence pour que tu poses ton regard sur moi, sur mon infirmité, sur mes faiblesses, sur ce qui me fait souffrir.
1. Jésus se trouve dans une synagogue, en train d’enseigner, c’est-à-dire en train de commenter les Saintes Écritures à l’assemblée qui s’est réunie pour le jour du shabbat. Le shabbat, ou le septième jour, est le jour consacré au Seigneur. Dans le premier chapitre du livre de la Genèse, l’œuvre de la création s’achève au sixième jour avec la création de l’homme et de la femme. Au septième jour, Dieu chôme. Par son repos, il permet à l’homme et à la femme de prendre pleinement possession de la création et d’en devenir les maîtres. Plus tard, au Sinaï, l’observation du jour du shabbat est donnée comme commandement central du décalogue, car ce jour a pour fonction de rappeler aux Hébreux la délivrance de l’esclavage en Égypte. Le shabbat devient dès lors le jour anniversaire de la plus spectaculaire action de Dieu après la création : celle de la libération du joug ennemi. Cette délivrance est dès lors la matrice identitaire du peuple d’Israël et l’événement paradigmatique de toute l’œuvre de Dieu.
2. C’est un jour de shabbat, donc dans ce contexte de la mémoire de l’action libératrice de Dieu envers son peuple, que Jésus réalise la guérison de la femme courbée. Jésus la libère de cette maladie ou de ce mal, dont Satan est qualifié comme l’auteur. C’est précisément en ce jour de shabbat, jour de libération, que Jésus s’autorise à redresser le mal. Et cela n’est pas un hasard ! Jésus s’inscrit tout droit dans la pédagogie divine qui cherche par tous les moyens à libérer les hommes de ce qui les rend esclaves.
3. Jésus pointe du doigt l’hypocrisie de ce chef de la synagogue qui n’est pas capable de lire et de reconnaître l’action divine à travers cette guérison. Pire encore, Jésus montre à quel point l’attitude du chef de la synagogue mène à l’absurde : un jour de shabbat, il est permis de faire le bien à son âne ou à son bœuf, mais non point de délivrer une fille d’Abraham du mal qui la tourmente ? L’hypocrisie a inversé les valeurs : le jour consacré au Seigneur, ce sont les animaux qui dictent la conduite des hommes, ces derniers n’étant plus capables de discerner la souffrance du prochain ! Le dessein initial de Dieu - rappelé à chaque shabbat et qui visait à garantir la liberté des hommes - a été remplacé par une loi qui rend les hommes esclaves ! Jésus vient donc rappeler et rétablir l’ordre voulu par Dieu depuis le commencement. En le faisant, il rend aux hommes également la joie, comme le montre la réaction de la foule ! Réjouissons-nous de ce que cela signifie pour nos propres vies !