Quel est votre avis ? Si un homme possède cent brebis et que l’une d’entre elles s’égare, ne va-t-il pas laisser les quatre-vingt-dix-neuf autres dans la montagne pour partir à la recherche de la brebis égarée ?
Et, s’il arrive à la retrouver, amen, je vous le dis : il se réjouit pour elle plus que pour les quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont pas égarées.
Ainsi, votre Père qui est aux cieux ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu.
Ouvrons-nous à la nouveauté du message chrétien, qui nous est donné aujourd’hui dans cet Évangile. Faisons-le avec un cœur nouveau, une ouïe nouvelle, à cette parole qui nous est donnée comme un don, comme un cadeau de Dieu. Dans ce temps de conversion qu’est l’Avent, laissons-nous conduire par sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, en essayant de saisir l’aspiration qui habite son cœur.
Sainte Thérèse écrit dans Histoire d’une âme : « Moi je me considère comme un faible petit oiseau couvert seulement d’un léger duvet ; je ne suis pas un aigle, j’en ai simplement les yeux et le cœur car malgré ma petitesse extrême, j’ose fixer le Soleil Divin, le Soleil de l’Amour et mon cœur sent en lui toutes les aspirations de l’aigle. Le petit oiseau voudrait voler vers ce brillant Soleil qui charme ses yeux, il voudrait imiter les aigles ses frères qu’il voit s’élever jusqu’au foyer Divin de la Trinité Sainte… hélas ! Tout ce qu’il peut faire, c’est de soulever ses petites ailes, mais s’envoler, cela n’est pas en son petit pouvoir ! » (Manuscrit B - 8 septembre 1896 à Sœur Marie du Sacré-Cœur).
1. Les yeux fixés sur Jésus, contemplons sa miséricorde. « Quel est votre avis ? » nous dit Jésus. Que penses-tu de cet homme qui laisse les quatre-vingt-dix-neuf brebis pour aller chercher la brebis égarée? Que nous dit-il de lui-même ? Comment qualifier son amour envers la brebis ? Son amour est révélé dans le fait de se mettre à sa recherche, d’aller vers elle, de tout faire de son côté pour la retrouver. Le verset 13 dit : « et s’il la trouve » ; ce qui veut dire qu’il laisse la porte ouverte à celui qui ne la retrouve pas. La brebis peut ne pas se laisser trouver ; et ceci n’enlève rien à la bonté et à l’amour actif de cet homme.
2. Mais « s’il la trouve », voilà que nous est révélé encore plus le cœur de cet homme : « Amen, je vous le dis : il se réjouit pour elle plus que pour les quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont pas égarées » ! Dieu se réjouit de nous trouver, de nous sauver, de nous prendre entre ses bras et de nous remettre sur son dos, pour nous ramener à la maison, dans son foyer.
3. Mais voilà aussi que notre sentiment de justice se réveille et a du mal à comprendre. Pourquoi « plus » de réjouissance pour celle qui est partie, que pour les autres qui sont restées ? Comment comprendre ceci ? C’est le cœur de Dieu et notre condition face à lui qui nous sont révélés : oui, nous pouvons tous revenir au Seigneur, il aime chacune de ces brebis comme si elle était la seule, l’unique. Et aussi, nous sommes chacun de nous cette brebis égarée, qui s’éloigne du Seigneur. Si sainte Thérèse se sent ce petit oiseau et non un aigle, comment pourrions-nous nous situer à la place de l’aigle, déjà arrivé au « foyer divin ».
Réjouissons-nous donc, nous sommes cette brebis égarée, pour laquelle le Seigneur fait tout pour nous rejoindre ! « Il ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu ». Il vient à nous. Laissons-nous trouver. N’ayons pas peur de voir notre égarement, c'est la seule condition pour être trouvé.