En ce temps-là, il arriva que Jésus, passant à travers villes et villages, proclamait et annonçait la Bonne Nouvelle du règne de Dieu. Les Douze l’accompagnaient, ainsi que des femmes qui avaient été guéries de maladies et d’esprits mauvais : Marie, appelée Madeleine, de laquelle étaient sortis sept démons, Jeanne, femme de Kouza, intendant d’Hérode, Suzanne, et beaucoup d’autres, qui les servaient en prenant sur leurs ressources.
Ô Jésus, que Dieu me sauve ! Prie le Père pour moi pour que je le connaisse, que je découvre son règne, que je professe que tu es le Christ en trouvant ma place au service de ton Royaume ! En recevant ainsi la vie éternelle, délivré du péché et de la mort parce que devenu messager de ta grâce, celui qui me recevra te recevra et, en te recevant, recevra notre Père.
1. « Jésus, passant à travers villes et villages, proclamait et annonçait la Bonne Nouvelle du règne de Dieu. »
Dans ce très bref récit évangélique de trois versets, il est à noter que saint Luc identifie clairement que c’est Jésus le protagoniste de la proclamation de la Bonne Nouvelle : protagoniste, parce qu’il devance les Douze, les femmes et les autres ; protagoniste, parce que Jésus n’attend pas que la Bonne Nouvelle se répande de village en village d’elle-même, en étant lui celui qui les parcourt le premier : la « Bonne Nouvelle », c’est le « règne de Dieu », c’est-à-dire, le « Messie/Christ » qui est en train de se révéler « prêtre, prophète, et roi » : « l’Emmanuel », le « Dieu-avec-nous ». La Bonne Nouvelle, c’est « Jésus » lui-même, dont le nom veut dire « Dieu-sauve ». L’homme pécheur, voire déchu, n’a pas de « bonne nouvelle » à proclamer à lui-même, c’est Jésus qui l’annonce parce qu’il est le Sauveur de l’homme. Tandis que l’homme ignorant de Dieu n’a pas l’habitude de parler de lui aux autres, c’est Jésus qui passe en avant-garde, de village en village, familier à tous les hommes parce que familier avec Dieu. Il attire des autres personnes à sa mission. Néanmoins, ce passage de l’histoire du salut raconté par saint Luc atteste que la transformation des hommes en apôtres de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, même s’ils l’accompagnent dès maintenant, exige encore un temps d’apprentissage jusqu’à pouvoir agir en son Nom selon la perfection de son exemple : « Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » (Mt 5, 48)
2. « Les Douze l’accompagnaient. »
Voilà « les Douze », les futurs « Apôtres » en train de suivre Jésus en tout ce qu’il fait. Nous savons que « l’Évangile » selon saint Luc n’est que son premier livre d’histoire sainte, à suivre par « les Actes des Apôtres » : une fois qu’ils auront reçu l’Esprit Saint, transformés dans des « autres-Christ ». Ce sont des hommes d’élection, élus par la grâce, choisis par le Fils qui pria et discerna leur appel devant le Père. Leur vocation les configure au plus haut degré avec sa prêtrise, sa prophétie, et sa royauté : colonnes dans l’Église, son Épouse, le Peuple de Dieu. La grâce sanctifie la nature. Le chrétien imite le Christ jusqu’à sa transformation en un autre-lui. Un jour, les Douze qui débutent maintenant leur ministère, deviendront, avec leurs successeurs, des vicaires du Christ pour leurs troupeaux, leurs églises, aujourd’hui nos diocèses : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé, et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28, 19-20)
3. « Ainsi que des femmes qui avaient été guéries de maladies et d’esprits mauvais, (…) et beaucoup d’autres (l’accompagnaient), qui les servaient en prenant sur leurs ressources ».
Alors, chez les disciples de Jésus qui « l’accompagnaient », saint Luc identifie « des femmes » et « beaucoup d’autres ». Quelque part, cette différenciation des groupes de disciples, dont tous « l’accompagnaient », veut reconnaître plusieurs types de vocations dans sa suite, ces âmes consacrées-là, actives et missionnaires. Tandis que le chiffre « Douze » - les Apôtres - définit le choix de Jésus-Christ de certains auxquels il dira à leur ordination définitive, « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure » (Jn 15, 16), – en tant que ministres qui rendrons réellement présente son Eucharistie en agissant ainsi dans sa Personne divine –, la caractérisation du deuxième groupe de personnes les identifie comme « guéries de maladies et d’esprits mauvais ». Leur appel est présenté comme le fruit d’avoir été « délivrés du mal », selon l’expression de la prière du Seigneur, comme si c’était la conséquence d’une dette de gratitude qui ne trouve plus de sens dans la vie qu’en servant le Bien qu’elles savent aimer gratuitement, en se reconnaissent tant aimées gratuitement. D’autres encore ont su que leurs biens proviennent du Bien qu’ils ont trouvé en Jésus, le Verbe incarné, par lequel tout l’univers fut créé : ils veulent donc mettre leurs vies entières au service de Jésus et des autres qu’il a choisis, en tant que bienfaiteurs qui consacrent leurs talents matériels et spirituels, « en prenant sur leurs ressources » à faveur du projet de la première évangélisation.