Pierre se mit à dire à Jésus : « Voici que nous avons tout quitté pour te suivre. »
Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle. Beaucoup de premiers seront derniers, et les derniers seront les premiers. »
Jésus, j’ai tout quitté pour quelques moments. Pendant ce temps de prière, tu es ma seule richesse, et, j’en suis sûr, tu me donneras le centuple ; toute prière est féconde. Ne permets pas que les « persécutions », c'est-à-dire, les difficultés dans la prière, me mènent à reprendre les choses que j’ai laissées derrière moi pour me dédier à toi seul pendant ce temps. C’est la joie de me donner à toi qui multiplie les petites joies que je trouve dans le monde.
1. Pierre fait une confession, Il parle avec sincérité, et le fait aussi au nom de ses camarades, les apôtres : « Voici que nous avons tout quitté pour te suivre ». Oui, c’est vrai. Pierre a laissé derrière lui une maison, une profession, un paysage bien connu, ses amis et proches. Il a tout quitté pour suivre Jésus. J’imagine que Jésus sourit en entendant Pierre faire cette confession d’amour.
Jésus a aussi tout quitté pour nous « suivre ». Il est parti de son Ciel, il s’est abaissé de sa condition de Dieu pour nous suivre, comme un berger suit la brebis perdue. Il a tout quitté pour être avec nous et nous mener vers son Père. Pour lui, nous sommes sa grande richesse, notre amour lui est irremplaçable et unique.
2. Pierre, peut-être, ne se rappelle pas qu’il y en avait d’autres qui avaient tout quitté avant lui : Abraham quitta sa terre et la maison de son père pour aller là où Dieu le mènerait. Moïse et le peuple élu se mirent en marche vers la Terre Promise. « Tout quitter », c’est laisser le connu, la sécurité derrière soi, pour aller là où on ne connaît pas, avec la seule assurance que c’est le Seigneur lui-même qui appelle et accompagne.
3. Pierre quitte tout, non pour aller vers l'inconnu, mais pour suivre quelqu’un avec qui il avait déjà une amitié. Les sacrifices que Dieu nous propose ne sont pas simplement pour nous priver des bonnes choses, mais ils nous permettent de choisir le meilleur. Comme disait Jésus à Marthe : « Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée » (Lc 10, 42).
Oui, Jésus est lui-même notre plus grande récompense. Mais il sait – car il l’a vécu lui-même – que nous sommes des êtres incarnés, de chair. Et pourtant, les biens matériels que nous avons quittés « une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre » sont multipliés en se donnant au Christ. Ce qui augmente au centuple la valeur de ce monde, c’est que nous soyons assez libérés de nos attachements pour que toute chose retrouve sa perspective, de sorte que nous y reconnaissions Dieu, qui s’y donne à nous.
« Celui qui fait entrer le Christ ne perd rien, rien – absolument rien de ce qui rend la vie libre, belle et grande. Non ! C'est dans cette amitié seulement que s’ouvrent tout grand les portes de la vie. Dans cette amitié seule se dévoilent réellement les grandes potentialités de la condition humaine. Dans cette amitié seule nous faisons l’expérience de ce qui est beau et de ce qui libère. Ainsi, aujourd’hui, je voudrais, avec une grande force et une grande conviction, à partir d’une longue expérience de vie personnelle, vous dire, à vous les jeunes : n’ayez pas peur du Christ ! Il n’enlève rien et il donne tout. Celui qui se donne à lui reçoit le centuple. Oui, ouvrez, ouvrez tout grand les portes au Christ – et vous trouverez la vraie vie » (Benoît XVI, 24 Avril 2005).