Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé !
Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli !
Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ; ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. »
Esprit Saint, toi qui vis en moi depuis mon baptême, allume en moi ton feu. Embrase-moi d’amour pour Dieu et pour mes frères !
1. Jésus annonce à ses disciples qu’il doit recevoir un baptême. Ce terme « baptême » signifie une ablution de purification. C’est le sens que lui donnait le peuple élu, notamment en allant vers Jean : ils voulaient recevoir un baptême de repentance, de conversion, de retour au Seigneur. Mais face à un « non » de l´homme à Dieu, le seul Saint, le Créateur de l’univers, celui de qui nous tenons la vie, la repentance de l’homme est bien maigre dans la balance… Il y a une objectivité dans l’offense de l’homme à Dieu que l’homme ne peut réparer lui-même. Quelle eau pouvait nous purifier, nous enlever nos fautes si ce n’est l’eau qui est sortie du côté du Christ, Dieu livré pour nous ! C’est Dieu lui-même, et seulement lui, qui pouvait réparer ce que nous avions brisé. Non seulement il « répare », mais il établit une alliance nouvelle et éternelle !
2. La manière qu’a eue Dieu d’unir ce que nous avions rompu par notre « non » à son amour est un « oui ». « Oui » que même la mort n’a pu faire fléchir. Nous avions abandonné l’alliance que le Seigneur avait accomplie avec nous en lui retirant notre confiance, lui, le Christ, ne cesse de mettre toute sa confiance en son Père ! Le comble de cette confiance est la croix. Reprenons le psaume 22 dont le Crucifié crie le premier verset : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Ce n’est pas la prière d’un désespéré. Au contraire, comme le montre la suite du psaume : « À toi je fus confié dès ma naissance ; dès le ventre de ma mère, tu es mon Dieu. Ne sois pas loin : l'angoisse est proche, je n'ai personne pour m'aider. (…) Ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement. Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin : ô ma force, viens vite à mon aide ! Préserve ma vie de l'épée, arrache-moi aux griffes du chien ; sauve-moi de la gueule du lion et de la corne des buffles. Tu m'as répondu ! Et je proclame ton nom devant mes frères, je te loue en pleine assemblée. Vous qui le craignez, louez le Seigneur (…). Car il n'a pas rejeté, il n'a pas réprouvé le malheureux dans sa misère ; il ne s'est pas voilé la face devant lui, mais il entend sa plainte. (…) Les pauvres mangeront : ils seront rassasiés ; ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent : À vous, toujours, la vie et la joie ! »
Le baptême du Christ consiste à être plongé dans les eaux de la mort. Sa confiance inébranlable dans le Père est éprouvée jusqu’à la mort par les hommes. Il est englouti mais non anéanti. Car il a mis sa confiance dans le Seigneur et la mort n’a pu le retenir. Il est ressuscité. Ce baptême est la Passion et la Résurrection du Fils.
3. Ainsi, par notre baptême, nous entrons dans un mystère qui nous dépasse totalement. Saint Paul le décrit dans la lettre aux Romains : « Ne le savez-vous pas ? Nous tous qui par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c’est à sa mort que nous avons été unis par le baptême. Si donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts. Car, si nous avons été unis à lui par une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection qui ressemblera à la sienne. Nous le savons : l’homme ancien qui est en nous a été fixé à la croix avec lui pour que le corps du péché soit réduit à rien, et qu’ainsi nous ne soyons plus esclaves du péché. Car celui qui est mort est affranchi du péché. Et si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. Nous le savons en effet : ressuscité d’entre les morts, le Christ ne meurt plus ; la mort n’a plus de pouvoir sur lui. Car lui qui est mort, c'est au péché qu'il est mort une fois pour toutes ; lui qui est vivant, c'est pour Dieu qu'il est vivant. De même, vous aussi, pensez que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus Christ » (Rm 6,3-11).
Le baptême est un don du Seigneur pour nous. Nous étions enchaînés à la mort par le péché. Le Seigneur est venu nous délivrer : « Le salaire du péché, c’est la mort ; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 6,23). Non seulement il nous sauve mais il nous fait le plus grand des dons : lui-même, Dieu, se donne à nous dans une alliance nouvelle et éternelle.