En ce jour-là, Jésus était en prière à l’écart. Comme ses disciples étaient là, il les interrogea : « Au dire des foules, qui suis-je ? »
Ils répondirent : « Jean le Baptiste ; mais pour d’autres, Élie ; et pour d’autres, un prophète d’autrefois qui serait ressuscité. »
Jésus leur demanda : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Alors Pierre prit la parole et dit : « Le Christ, le Messie de Dieu. »
Mais Jésus, avec autorité, leur défendit vivement de le dire à personne, et déclara : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. »
Il leur disait à tous : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive.
Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera.
Prends Seigneur et reçois toute ma liberté,
Ma mémoire, mon intelligence
Et toute ma volonté.
Tout ce que j’ai et tout ce que je possède,
C’est toi qui me l’as donné.
Tout cela, Seigneur, je te le rends.
Tout est à toi, disposes-en
Selon ton entière volonté.
Donne-moi seulement de t’aimer,
Donne-moi cette grâce,
Elle seule me suffit. (Prière d’offrande de Saint Ignace de Loyola)
1. Le Seigneur pose deux questions à ces disciples : « Au dire des foules, qui suis-je ? » Et « Pour vous, qui suis-je ? » Ce sont deux questions qu’il me pose à moi aussi aujourd’hui. Avec la quantité d’informations qui circulent dans les médias aujourd’hui nous restons souvent avec ce que disent les autres sur les personnes et les évènements de notre temps sans trop prendre le temps de se former une conviction personnelle. Nous nous contentons de répéter ce que l’on entend, de rester à la surface des choses sans trop aller en profondeur. C’est un danger qui peut aussi nous guetter dans notre foi et dans notre relation avec le Seigneur. Bien évidemment, il est important d’entendre ce que les autres disent sur Dieu, de connaître son catéchisme, d’entendre les homélies le dimanche, d’écouter des témoignages, ou même de faire des études théologiques mais est-ce que je prends le temps de rencontrer le Christ, de faire l’expérience d’une vraie relation personnelle avec lui dans mon quotidien ? Saurais-je dire qui est Jésus pour moi ? La foi n’est pas une théorie, elle est avant tout une rencontre avec le Seigneur, une relation personnelle avec lui. Tant que je n’ai pas franchi le pas de rencontrer le Seigneur dans la prière je pourrai bien répondre à la première question du Seigneur mais j’aurais du mal à répondre à la deuxième : « Pour vous, qui suis-je ? » Cette deuxième question de Jésus révèle le désir qu’il a dans son cœur d’avoir une vraie relation personnelle avec moi dans la prière.
2. Pierre avait bien répondu à la deuxième question de Jésus en disant que pour lui, Jésus était le Christ, le Messie de Dieu. Personne n’avait encore osé le dire ou le croire. Dans un texte parallèle à celui-ci, dans l’Évangile de Matthieu 16, 13 le Seigneur va féliciter Pierre pour sa réponse en disant que ce n’est pas la chair et le sang qui lui ont révélé cela mais l’Esprit Saint. Il va même profiter de cette profession de foi de Pierre pour lui confier la mission d’être le chef des apôtres. Curieusement c’est aussi le moment où Pierre va montrer sa grande ignorance lorsqu’il reproche au Seigneur (Mt 16, 21) d’annoncer sa mort sur la Croix et qu’il recevra une correction assez forte de Jésus. Ce texte, en parallèle à celui d’aujourd’hui, nous aide à comprendre que même si nous pensons, comme Pierre, avoir tout compris de la personne de Jésus par rapport à notre vie, la vérité est que nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir pour connaître le Seigneur et grandir dans notre foi. C’est ce qu’il y a de si passionnant dans notre foi chrétienne. Même avec toute une vie terrestre et même une vie éternelle devant nous, nous n’aurons jamais fini de découvrir le mystère de la personne du Christ. Ne nous satisfaisons pas du catéchisme de notre enfance. Cherchons à approfondir toujours plus notre connaissance et notre expérience du Christ.
3. Le Seigneur annonce à ces disciples sa Passion. Il invite ses disciples à découvrir que derrière ces souffrances qui l’attendent il y a une réalité qui est belle et qui est grande, celle de son amour infini pour eux et pour toute l’humanité. Ce ne sera pas une fatalité cruelle et absurde. Ce sera le moyen qu’il aura choisi pour se donner à nous et nous sauver de la mort et du péché. Il invite même ses disciples à le suivre, à entrer dans cette logique du don de soi même jusqu’au sacrifice. « Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera ». En autre mot pour Jésus et pour nous ses disciples, le secret d’une vie heureuse et d’une vie bien réussie, c’est une vie donnée aux autres et à Dieu, même parfois jusqu’au point du renoncement à son confort et à son bien-être. Quand Jésus parle de perdre sa vie à cause de lui, il parle d’une vie qui est donnée aux autres et à Dieu avec amour. La vie qui est vraiment perdue dans la logique du Seigneur, c’est une vie qui est égoïste, centrée sur soi-même, gardée pour soi-même, orientée vers le bien-être et le confort sans amour pour Dieu ou pour le prochain.