Un bon arbre ne donne pas de fruit pourri ; jamais non plus un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit. Chaque arbre, en effet, se reconnaît à son fruit : on ne cueille pas des figues sur des épines ; on ne vendange pas non plus du raisin sur des ronces. L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ; et l’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais : car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur. Et pourquoi m’appelez-vous en disant : “Seigneur ! Seigneur !” Et ne faites-vous pas ce que je dis ?
Quiconque vient à moi, écoute mes paroles et les met en pratique, je vais vous montrer à qui il ressemble. Il ressemble à celui qui construit une maison. Il a creusé très profond et il a posé les fondations sur le roc. Quand est venue l’inondation, le torrent s’est précipité sur cette maison, mais il n’a pas pu l’ébranler parce qu’elle était bien construite. Mais celui qui a écouté et n’a pas mis en pratique ressemble à celui qui a construit sa maison à même le sol, sans fondations. Le torrent s’est précipité sur elle, et aussitôt elle s’est effondrée ; la destruction de cette maison a été complète. »
« Je t'aime, Seigneur, ma force : Seigneur, mon roc, ma forteresse, Dieu mon libérateur, le rocher qui m'abrite, mon bouclier, mon fort, mon arme de victoire ! Louange à Dieu ! »
(Ps 17).
1. Construire sa vie sur le Christ selon saint Bède et saint Basile. Pour cette méditation, nous écoutons d’abord les commentaires de saint Basile et de saint Bède, pères de l’Église des Ve et VIIIe siècles après le Christ quand ils parlent de la personne qui construit sa vie sur la Parole de Dieu, et le torrent qui menace cette construction.
Construire sur le roc, pour saint Bède veut dire « creuser bien avant, à l'aide des préceptes de l'humilité, enlever tout ce qui est terrestre ». Quand le croyant a bien creusé, il peut poser sa vie sur le Christ comme le dit saint Basile : « Poser le fondement sur la pierre, c'est s'appuyer sur la foi de Jésus-Christ, pour demeurer ferme dans l'adversité, soit qu'elle vienne des hommes, soit qu'elle vienne de Dieu ».
Quel est le torrent ou l’adversité dont parle l’Évangile ? Bède le voit comme un débordement qui arrive de trois manières : « sous l'influence des esprits immondes, par l'agitation des méchants, par le trouble de l'âme ou de la chair ». Pourquoi tomberions-nous ? Bède explique : « Plus les hommes mettent leur confiance dans leurs propres forces, plus aussi leur chute est grande, et plus ils s'appuient sur la pierre invincible, plus ils sont inébranlables ».
2. Creuser et enlever pour poser le fondement. Souvent dans notre vie spirituelle, il nous semble que nous creusons et nous enlevons en continu. Nos efforts n’ont pas de récompense ni, parfois, de sens. La vie peut sembler vide. Pourtant, c’est dans ce vide que nous pouvons poser un acte de foi nu dans le Christ : « Seigneur, ma vie se fonde sur toi, et non sur mes avis, mes décisions ou mes sentiments ». Construire sur le roc n’est pas s’arrêter quand le travail fatigue, sinon continuer jusqu’au profond de l’abîme en croyant que nous trouverons le Christ et en le cherchant sans relâche.
Ainsi dans la lettre aux Hébreux (6, 10-11) : « Dieu n’est pas injuste : il n’oublie pas votre action ni l’amour que vous avez manifesté à son égard, en vous mettant au service des fidèles et en vous y tenant. Notre désir est que chacun d’entre vous manifeste le même empressement jusqu’à la fin, pour que votre espérance se réalise pleinement ; ne devenez pas paresseux, imitez plutôt ceux qui, par la foi et la persévérance, obtiennent l’héritage promis ».
3. Les torrents. Saint Bède parle de trois torrents : ceux qui viennent de la tentation, ceux qui viennent de l’injustice des hommes, et ceux qui sont des troubles du corps, de la santé, ou bien de l’âme ou la psyché. Pourquoi ces troubles peuvent-ils arracher le fondement de notre foi ? Selon Bède, c’est parce que nous trouvons notre appui sur nous-mêmes et non pas sur le Christ. Autrement dit, si nous construisons le sens et le but de notre existence sur l’amour du Christ, nous sommes inébranlables.