Les disciples avaient oublié d’emporter des pains ; ils n’avaient qu’un seul pain avec eux dans la barque. Or Jésus leur faisait cette recommandation : « Attention ! Prenez garde au levain des pharisiens et au levain d’Hérode ! » Mais ils discutaient entre eux sur ce manque de pains. Jésus s’en rend compte et leur dit : « Pourquoi discutez-vous sur ce manque de pains ? Vous ne saisissez pas ? Vous ne comprenez pas encore ? Vous avez le cœur endurci ? Vous avez des yeux et vous ne voyez pas, vous avez des oreilles et vous n’entendez pas ! Vous ne vous rappelez pas ? Quand j’ai rompu les cinq pains pour cinq mille personnes, combien avez-vous ramassé de paniers pleins de morceaux ? » Ils lui répondirent : « Douze. – Et quand j’en ai rompu sept pour quatre mille, combien avez-vous rempli de corbeilles en ramassant les morceaux ? » Ils lui répondirent : « Sept. » Il leur disait : « Vous ne comprenez pas encore ? »
Dans ce passage, l’on retrouve les conditions de vie quotidiennes où se côtoient les choses importantes que nous ne discernons pas immédiatement – ici, le caractère hypocrite et calculateur des pharisiens – et les choses secondaires que nous regardons comme urgentes et prioritaires – ici, le fait qu’il n’y ait qu’un seul pain.
1. « Attention, prenez garde au levain des pharisiens ».
Tu es dans une barque avec tes disciples et vous vous dirigez de l’autre côté du lac, vers Dalmanoutha. Vous quittez les païens devant lesquels tu as multiplié les pains. Pour ces derniers, c’était la première fois que tu accomplissais un tel miracle, mais pas pour les disciples. Avant de monter en barque, vous avez eu droit aux contestations des pharisiens qui rejettent ton autorité et ton identité. Tu saisis l’occasion de mettre tes disciples en garde face à leur perversité qui se cache sous de « bons prétextes ». Tu veux ouvrir les yeux de tes disciples sur la volonté de puissance des pharisiens qui les aveugle et aussi sur la fourberie d’Hérode. Tu compares ces deux réalités à du « levain » qui fait lever silencieusement la pâte en quelques heures. Tu veux démonter la naïveté de tes disciples parce que leur vie dans le monde exige vigilance et prudence : les enseignements et les discours des pharisiens manquent de franchise et sèment des rumeurs sans fondement. Pour toi, leurs paroles propagent de fausses informations ou des messages qui peuvent s’attaquer à la réputation, à la renommée des personnes, à leurs biens ou à bien d’autres choses encore. Un mot prononcé et c’est une vie détruite !
Mais les disciples ne font pas attention. Ils sont préoccupés parce qu’ils n’ont emporté qu’un pain…
2. « Jésus s’en rend compte ».
Tu sens bien que s’ils sont physiquement là, leur esprit est ailleurs. Au moment de remonter dans la barque, tu manifestes silencieusement que leur attitude superficielle est déplacée. Tu sais le terrible danger que l’hypocrisie des pharisiens fait courir aux simples. Tu veux que tes disciples soient attentifs et prudents. Les pharisiens contestent ta doctrine et tes actes et tes disciples ne doivent pas accueillir n’importe quelle doctrine et tu le leur dis : « Avez-vous l’esprit bouché ? » Et tu évoques la multiplication des pains réalisée quelques jours avant en présence des païens. Vous avez été témoins et vous avez vu et vécu ce que le Fils de l’homme, celui que le Père a envoyé, est capable de faire.
3. Et que signifie ce message pour nous aujourd’hui ?
Nous sommes invités à être disciples. Le monde dans lequel nous vivons est un monde aussi compliqué que le tien et celui de tes disciples et les contestations sont toujours là. Depuis qu’elle existe, il a été dit de ne pas écouter l’Église et de ne pas suivre ses enseignements. D’autres sont venus et viendront encore pour transmettre des messages en contradiction avec ses messages qui sont tes messages.
Par l’Esprit Saint que tu nous as envoyé et qui habite en nos cœurs, si du moins nous ne lui fermons pas la porte, tu nous invites à suivre et à transmettre l’enseignement que tu as laissé à ton Église, enseignement authentifié par les conciles et transmis de générations en générations, par les autorités compétentes. Méfiez-vous du levain des pharisiens car c’est un levain puissant qui fait lever toute la pâte. Ne vous laissez pas convaincre par de faux arguments qui ne reposent pas sur la vérité. Au cours d’une homélie de décembre 2016, le pape nous mettait en garde et nous demandait de ne pas nous laisser mener sur de fausses pistes contemporaines : « Calomnier, déterrer le passé, désinformer, se repaître de mauvaises nouvelles sont les quatre voies des pharisiens d’aujourd’hui ». Les informations sont parfois communiquées sans avoir été vérifiées et confirmées : être les premiers, poussés par l’appât du gain, la volonté de domination et bien d’autres motifs, les moyens d’information contemporains à l’hypocrisie et au mensonge, à la désinformation, au manque de respect et à ne pas tenir compte de la dignité des personnes, à ne pas respecter les lois et bien évidemment, au relativisme moral dans tous les domaines.