En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer. Sinon, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux. Ainsi, quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner la trompette devant toi, comme les hypocrites qui se donnent en spectacle dans les synagogues et dans les rues, pour obtenir la gloire qui vient des hommes.
Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra. Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient. Amen, je vous le déclare : ceux- là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu pries, retire- toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra.
Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme les hypocrites : ils prennent une mine défaite pour bien montrer aux hommes qu’ils jeûnent. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement de ton Père qui est présent au plus secret ; ton Père qui voit au plus secret te le rendra. »
Seigneur, merci de m’inviter à te rencontrer d’une manière spéciale maintenant. Aide-moi à fixer mon regard et mon cœur sur toi, pour entendre ta Parole.
1. « Quand tu fais l’aumône ».
Pour commencer, je me demande s’il y a quelque chose que je donne en aumône ! Mais si j’y songe, même si je ne donne pas souvent de l’argent à des personnes dans la rue ou à une ONG, je donne des choses, du temps, ma personne, de nombreuses fois dans la journée ! Qu’est-ce que je donne ? Est-ce que je souhaite « obtenir la gloire qui vient des hommes » lorsque je le réalise ? Je suis tentée de dire que non, bien évidemment… mais suis-je frustrée si je ne reçois pas de contrepartie, ou que je ne me sens pas remerciée à ma juste mesure, ou que ce que je donne est refusé, méprisé. Seigneur, comment veux-tu que je donne ? Que veux-tu que je donne sans reprendre ?! La première lecture de ce jour viens illuminer cette réflexion : « Que chacun donne comme il a décidé dans son cœur, sans regret et sans contrainte, car Dieu aime celui qui donne joyeusement. Et Dieu est assez puissant pour vous donner toute grâce en abondance, afin que vous ayez, en toute chose et toujours, tout ce qu’il vous faut, et même que vous ayez en abondance de quoi faire toute sorte de bien » (2 Co 9, 7-8).
2. « Quand tu pries ».
Seigneur, tu m’invites à me « retirer dans la pièce la plus retirée ». Il est vrai que cela m’aide à m’isoler du bruit, des distractions. Où aimerais-tu que j’aille lorsque je te prie ? Mais il n’y a pas toujours un lieu physique idéal ! Dans tous les cas, je peux toujours « fermer la porte » intérieure de mon cœur et te chercher, même si je dois prendre plusieurs minutes pour « plonger » sous mon bric-à-brac, de tout ce que j’accumule dans mon cœur, et trouver tout au fond de moi, mon « Père qui est présent dans le secret ».
« Averti de revenir à moi-même, je suis entré au fond de mon cœur, sous ta conduite, Seigneur, et j’ai pu le faire, parce que tu es venu à mon secours. Je suis entré, et avec le regard de mon âme, quel que fût son état, au-dessus de ce même regard, au-dessus de mon intelligence, j’ai vu la lumière immuable. Ce n’était pas cette lumière ordinaire que tout le monde peut voir ; ce n’était pas non plus une lumière de même nature, mais plus puissante, qui aurait brillé de plus en plus et aurait tout rempli par son éclat. Non, cette lumière n’était pas cela, elle était autre chose, tout autre chose. Elle n’était pas au-dessus de mon esprit comme l’huile flotte à la surface de l’eau, ni comme le ciel s’étend au-dessus de la terre. Elle était au-dessus de moi parce qu’elle m’a créé ; j’étais au-dessous d’elle parce que créé par elle. Celui qui connaît la vérité la connaît, et celui qui la connaît, connaît l’éternité. C’est l’amour qui la connaît ! (…) Tard je t'ai aimée, Beauté ancienne et si nouvelle ; tard je t'ai aimée. Tu étais au-dedans de moi et moi j'étais dehors, et c'est là que je t'ai cherché. Ma laideur occultait tout ce que tu as fait de beau. Tu étais avec moi et je n'étais pas avec toi. Ce qui me tenait loin de toi, ce sont les créatures, qui n'existent qu'en toi. Tu m'as appelé, tu as crié, et tu as vaincu ma surdité. Tu as montré ta lumière et ta clarté a chassé ma cécité. Tu as répandu ton parfum, je t'ai humé, et je soupire après toi. Je t'ai goûté, j'ai faim et soif de toi. Tu m'as touché, et je brûle du désir de ta paix » (Saint Augustin, Les Confessions 10, 27).
3. « Quand tu jeûnes ».
Est-ce que je prends « un air abattu » quand je me prive de quelque chose ou qu’il me manque quelque chose ? Tout le monde le sait-il en me regardant ou en écoutant mes plaintes et soupirs ? Est-ce que je le fais remarquer aux autres lorsque je me prive pour eux, pour leur « bien » ? Seigneur, ce n’est pas facile ce que tu me demandes ! Bien sûr, tu veux que je partage mes souffrances avec toi, et aussi ma famille, mes amis, toutes ces personnes que tu mets à mes côtés pour m’aider à porter la croix. Mais tout dépend de l’intention et de la manière avec laquelle je partage. Si c’est pour faire ma victime ou pour démontrer même subtilement ma supériorité, cela ne me fait pas de bien !
Quelle est la récompense des hommes dont tu parles Seigneur, et que je cherche si souvent ? Et celle de Dieu ? Là encore, la première lecture peut m’éclairer : « Dieu, qui fournit la semence au semeur et le pain pour la nourriture, vous fournira la graine ; il la multipliera, il donnera la croissance à ce que vous accomplirez dans la justice. Il vous rendra riches en générosité de toute sorte, ce qui suscitera notre action de grâce envers Dieu » (2 Co 9, 10-11).