Que je meure à moi-même pour ressusciter en toi, Seigneur !

1. Un festin
Pour commencer cette méditation, imaginons que le Christ nous adresse ces paroles de l’Évangile. Nous l'avons invité chez toi, dans ton salon. Nous avons mis soigneusement la table, les couverts, les fleurs, les bougies peut-être pour créer une atmosphère intime d’amitié chaleureuse. Nous avons préparé un menu succulent avec sans doute un vin d'un très bon millésime. Bref, ce dîner est prêt pour notre ami le Christ. Dans ton cœur, nous n'attendrions du Seigneur que des éloges pour cette si bonne cuisine et ce salon si accueillant. Quel invité oserait donc se plaindre ? Cependant Jésus nous surprend. Il se permet de donner ces conseils plutôt fâcheux. En effet, il est invité et nous savons bien que Jésus, après être ressuscité des morts, a guéri des aveugles et des estropiés ; il pourrait sans aucun doute améliorer notre vie, dans un certain sens, grâce à ce bon dîner que nous lui avons préparé.
Effectivement, le Seigneur, par ces paroles, améliore notre vie au centuple car il pose les bases du véritable bonheur : l’amour est pur et gratuit.
Tout d’abord l’amour est pur : cela signifie qu’il surgit toujours de bonnes intentions, il est dépouillé de toute sorte d’égoïsme ou d’intérêt utilitariste. Si le Christ, au début, parle d’un déjeuner ou d’un dîner pour nos amis et toutes les personnes qui peuvent me donner en retour, il parlera ensuite en revanche d’un festin (traduction de la Bible de Jérusalem) pour les pauvres, les estropiés et les aveugles qui n’ont pas de quoi te rendre. Leur offrir un festin, c’est leur offrir un banquet, une fête inoubliable, en peu de mots la meilleure version de nous-mêmes purifiés de notre égoïsme et de nos intérêts. Donc pendant ce dîner le Christ nous propose la conversion du cœur, aimer depuis la meilleure version de toi-même de façon gratuite.

2. Un amour gratuit
Dans la vie spirituelle, il est important d’écouter le Seigneur à travers sa chair, ses désirs, ses impulsions et ses sentiments. Si le Christ s’est incarné, c’est justement pour nous montrer ce chemin de la vie intérieure. Il ne s’agit donc pas d’inviter tous les sdf chez soi ce soir à un festin pour mettre en pratique les paroles du Christ. Au contraire, il faut d’abord entrer en soi-même et se demander pourquoi j’invite certaines personnes avec une certaine fréquence à déjeuner ou à dîner chez moi. Peut-être serait-il utile de faire une simple liste des différents dîners des derniers mois et s’interroger sur mon intention ultime en invitant ces personnes. Faisons ce simple examen avec le Christ pour savoir si nous les avons invités avec pureté d’intention, si nous ne cherchions rien en retour. Depuis ce simple examen humble alors le Seigneur va nous suggérer sans doute de purifier notre amour en le vivant de manière plus gratuite : « Heureux seras-tu alors de ce qu’ils n’ont pas de quoi te le rendre ! »
Ensuite, il serait bon de mettre en pratique véritablement cet Évangile. Je pense très fortement à l’exemple d’un couple qui, en plus d’accueillir une jeune femme immigrée, soutient également une femme en difficulté avec ses parents âgés et des problèmes de tout genre. Ils donnent ce festin gratuitement – la meilleur version d’eux-mêmes – jour après jour (et parfois jusqu’à des heures tardives de la nuit) à ces personnes qui jamais ne pourront leur rendre. En outre, comment récompenser l’amour gratuit quand il n’espère rien en retour sinon le bonheur du prochain ?