En ce temps-là, comme Jésus arrivait sur l’autre rive, dans le pays des Gadaréniens, deux possédés sortirent d’entre les tombes à sa rencontre ; ils étaient si agressifs que personne ne pouvait passer par ce chemin. Et voilà qu’ils se mirent à crier : « Que nous veux-tu, Fils de Dieu ? Es-tu venu pour nous tourmenter avant le moment fixé ? » Or, il y avait au loin un grand troupeau de porcs qui cherchait sa nourriture. Les démons suppliaient Jésus : « Si tu nous expulses, envoie-nous dans le troupeau de porcs. » Il leur répondit : « Allez. » Ils sortirent et ils s’en allèrent dans les porcs ; et voilà que, du haut de la falaise, tout le troupeau se précipita dans la mer, et les porcs moururent dans les flots. Les gardiens prirent la fuite et s’en allèrent dans la ville annoncer tout cela, et en particulier ce qui était arrivé aux possédés. Et voilà que toute la ville sortit à la rencontre de Jésus ; et lorsqu’ils le virent, les gens le supplièrent de partir de leur territoire.
Seigneur, apprends-moi à prendre le temps de te prier. Je désire te mettre au centre de ma vie et croire en toi avec une foi vive. Reste avec moi tout au long de cette journée !
1. « Les gens le supplièrent de partir de leur territoire. »
Les Gadaréniens préfèrent les porcs au Fils de Dieu. Le Christ aurait pu guérir tous les malades, multiplier la nourriture, ressusciter les morts, … et cependant ils le chassent. Ils s’étaient habitués aux possédés qui occupaient le cimetière, le lieu de l’au-delà ; les villageois quant à eux se réfugiaient dans l’ici-bas, avec les porcs. Dans tout l’Évangile on rencontre des gens qui attendent le Messie, qui espèrent la venue de Dieu. Chez les Gadaréniens, on s’est accommodé à la vie sans Dieu. Mieux vaudrait pour nous être un pécheur public qui désire retourner à Dieu qu’un individu à l’existence médiocre qui s’y complaît.
2. « Deux possédés sortirent d’entre les tombes. »
Les deux possédés vivent entre les tombes, c’est-à-dire qu’ils vivent comme des morts. Combien de nos contemporains en vivant loin de Dieu ont une existence de mort ? Non seulement ces possédés vivent entre les morts, mais ils bloquent l’accès des tombes aux vivants : « Ils étaient si agressifs que personne ne pouvait passer par ce chemin». Lorsque nous vivons séparés de Dieu qui est la source de la vie, la vie perd son sens, et donc la mort est banalisée : on en arrive à vivre entre les tombes. Si la vie n’a plus de sens, la mort devient cyniquement un remède à l’absence de sens. La foi dans le Christ est un hymne à la vie ! Il n’y a pas de personne plus heureuse sur cette terre que celle qui vit dans l’intimité de Dieu.
3. « Que nous veux-tu, Fils de Dieu ? »
La traduction littérale serait « Quoi entre toi et nous, Fils de Dieu ? » ; il s’agit d’une expression sémite que l’on utilisait pour exprimer une certaine distance, on pourrait dire : « qu’y a-t-il de commun entre nous ? ». Les démons sont les anges qui ne veulent rien avoir en commun avec Dieu, qui le rejettent, et ils le lui manifestent par ce cri. Curieusement, c’est la même expression que Jésus utilise à Cana lorsqu’il répond à la sollicitude de Marie pour les époux : « Que me veux-tu, femme ? » (Jn 2, 4). Jésus évoque aussi une distance, celle qui naîtra entre lui et sa mère à partir du moment où commence sa vie publique. Cette épée pénètre dans le cœur de sa Mère jusqu’à l’ultime épreuve de la croix. Marie qui était sans péché a vécu plus qu’aucun pécheur ce que signifie être séparé de Dieu, et cependant elle a gardé la foi. Les démons rejettent Dieu par orgueil, Marie en revanche acceptent de perdre son fils pour que les pécheurs puissent le retrouver. Elle nous accompagne lorsque nous sommes loin de Dieu, elle sait ce que nous souffrons et elle nous montre le chemin de l’offrande, de la foi et du retour à Dieu.