Alors que Jésus approchait de Jéricho, un aveugle mendiait, assis au bord de la route. Entendant la foule passer devant lui, il s’informa de ce qu’il y avait. On lui apprit que c’était Jésus le Nazaréen qui passait. Il s’écria : « Jésus, fils de David, prends pitié de moi ! » Ceux qui marchaient en tête le rabrouaient pour le faire taire. Mais lui criait de plus belle : « Fils de David, prends pitié de moi ! » Jésus s’arrêta et il ordonna qu’on le lui amène. Quand il se fut approché, Jésus lui demanda : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Il répondit : « Seigneur, que je retrouve la vue. » Et Jésus lui dit : « Retrouve la vue ! Ta foi t’a sauvé. » À l’instant même, il retrouva la vue, et il suivait Jésus en rendant gloire à Dieu. Et tout le peuple, voyant cela, adressa une louange à Dieu.
Loué sois-tu, Dieu notre Père, par ton Fils, notre Seigneur Jésus-Christ ; car tu l’as envoyé depuis le sein même de ton Amour, pour vivre notre condition d’hommes et nous guider vers la vie éternelle. En voyant les dons de ta grâce, nous voulons te bénir et proclamer ta gloire. Amen.
1. La rencontre de Jésus avec l’aveugle à l’approche de Jéricho transcende les faits : l’événement est paradigmatique pour comprendre la mission de Jésus et ouvrir les yeux sur le caractère surnaturel du ministère de ce « maître de Nazareth » que la voix du peuple appelle « Fils de David ».
L’Église est, elle aussi, reconnue comme Corps mystique du Christ ; un corps structuré par ses membres, fonctions, vocations et dont la tête est le Christ. Son caractère surnaturel, parfois plongée dans l’ombre de l’humanité, a défié la foi du peuple tout au long de son histoire. Et moi, est-ce que je reconnais en elle Jésus, mon Sauveur ?
2. « Fils de David, prends pitié de moi ! »
C’est de l’abîme de la misère que retentit cette voix, laissée au bord des routes qui parcourent les affaires de ce monde. Et c’est à cet abîme que Jésus descend avec ce qu’il a de plus précieux et spécifique : sauver les âmes du mal qui les enchaîne.
Le mendiant représente et porte dans ses yeux l’aveuglement spirituel de notre cité terrestre. Non pas la foule, mais celui qui en est rejeté sera le premier bénéficiaire de la grâce et son témoin privilégié. C’est en lui que la parole du psaume prend tout son sens : « Les cieux ont proclamé sa justice, et tous les peuples ont vu sa gloire. » (Ps 96, 6).
3. « Retrouve la vue ! Ta foi t’a sauvé. »
En voyant la force et l’autorité de cette parole, le peuple adresse une louange à Dieu. Tel est le fruit de la grâce en l’âme : que Dieu soit glorifié en sa créature, lorsqu’elle retrouve la paix et l’harmonie de vie. Tout en ayant son origine dans la grâce, l’autorité se fonde dans la liberté des hommes, par le consentement et l’adhésion de la foi : « ta foi t’a sauvé».
Est-ce que je crois en l’autorité de la Parole ? Il est plus commode de concevoir cette autorité comme réservée à Jésus, puisqu’il est Dieu, aux prêtres et aux religieux, puisqu’ils lui ont dédié leur vie ; ce raisonnement est en effet moins engageant. Mais en réalité la grâce agit par le ministère des hommes qui sont oints, « christs », par le baptême. Est-ce alors le doute qui m’aveugle ?