Jésus entra de nouveau dans la synagogue ; il y avait là un homme dont la main était atrophiée. On observait Jésus pour voir s’il le guérirait le jour du sabbat. C’était afin de pouvoir l’accuser. Il dit à l’homme qui avait la main atrophiée : « Lève-toi, viens au milieu. » Et s’adressant aux autres : « Est-il permis, le jour du sabbat, de faire le bien ou de faire le mal ? de sauver une vie ou de tuer ? » Mais eux se taisaient. Alors, promenant sur eux un regard de colère, navré de l’endurcissement de leurs cœurs, il dit à l’homme : « Étends la main. » Il l’étendit, et sa main redevint normale. Une fois sortis, les pharisiens se réunirent en conseil avec les partisans d’Hérode contre Jésus, pour voir comment le faire périr.
« Si je monte au ciel, ô mon Dieu, vous y êtes ; si je descends aux enfers, vous y êtes » (Ps. 138, 8). Avec saint François de Sales, je veux prendre en considération que, de même que « les oiseaux, où qu’ils volent, rencontrent toujours l’air, ainsi, où que nous allions, où que nous soyons, nous trouvons Dieu présent ». Au début de ma prière, je veux donc prendre un ins-tant et dire : Ô mon cœur, mon cœur, Dieu est vraiment ici !
1. « Est-il permis, le jour du sabbat, de faire le bien ou de faire le mal ? de sauver une vie ou de tuer ? »
Belle phrase de notre Seigneur ! Loin de se vouloir ironie poignante de celui qui se justifie en disant « je ne fais que faire le bien », cette phrase montre toute la préoccupation du cœur du Christ : Jésus s’est incarné pour se révéler afin que, l’accueillant, nous ayons la vie. Faire le bien, nous donner la vie en plénitude, c’est tout ce qu’il y a dans son cœur. Pas de duplicité. Jésus veut faire le bien à l’homme à la main paralysée et aux pharisiens ; à l’homme à la main paralysée en le guérissant et aux pharisiens en leur enseignant que faire le bien passe avant l’accomplissement de normes telles que celles du sabbat.
2. « Navré de l’endurcissement de leurs cœurs ».
C’est peut-être ce qui fait le plus mal au cœur du Christ. Quand nous refusons son action dans notre vie. Quand il essaie de nous mener vers le bonheur et que nous croyons savoir mieux que lui où se trouve le bonheur, mieux que lui qui nous a faits. N’est-ce pas là la racine de tout péché ? C’est ce que disait déjà le serpent à Ève : « vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal » (Gn 3, 5). Au fond, le voleur pense que c’est mieux pour lui de voler, et nous ne ferions jamais le mal si nous ne le voyions sous couvert de bien. Apprenons à faire confiance au Seigneur et à le suivre lui, lui qui sait ce qui est bien et mal. Adam et Ève ont arrêté de regarder vers Dieu et ses commandements, et ils ont été persuadés que le péché originel était bon.
3. « Une fois sortis, les pharisiens se réunirent en conseil avec les partisans d’Hérode contre Jésus, pour voir comment le faire périr ».
En lisant cette dernière phrase de l’Évangile d’aujourd’hui, un seul mot me vient à l’esprit : Pourquoi ? Pourquoi donc chercher à supprimer quelqu’un pour le seul fait qu’il ait fait le bien ? Mais pourtant, combien de fois, moi aussi, dans ma vie, je ne reconnais pas le Christ ? Pour nous, c’est « facile », nous savons que celui contre lequel les pharisiens se heurtaient était (et est) bel et bien le Messie, le Fils de Dieu. Mais mettons-nous à la place des pharisiens, eux qui ont appris depuis leur enfance que le médecin ne peut réaliser de guérison le jour du sabbat, et voilà qu’un certain Jésus de Nazareth n’arrête pas d’en accomplir ! Au fond, la difficulté est souvent de savoir reconnaître le Christ. Les pharisiens, surtout au début de la vie publique de Jésus, comme c’est le cas dans l’Évangile d’aujourd’hui, ne voyait en Jésus qu’un imposteur. N’essayons pas, à notre tour, de faire entrer Jésus dans notre concept de Jésus. Au contraire, laissons-le nous surprendre. Écoutons avec la docilité de fils les paroles du Saint-Père. Soyons attentifs à ce qu’il veut nous dire dans la prière.