Jésus disait aux chefs des prêtres et aux anciens : « Que pensez-vous de ceci ? Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit : 'Mon enfant, va travailler aujourd'hui à ma vigne.' Celui-ci répondit : 'Je ne veux pas.' Mais ensuite, s'étant repenti, il y alla. Abordant le second, le père lui dit la même chose. Celui-ci répondit : 'Oui, Seigneur !' et il n'y alla pas. Lequel des deux a fait la volonté du père ? » Ils lui répondent : « Le premier ».
Jésus leur dit : « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. Car Jean Baptiste est venu à vous, vivant selon la justice, et vous n'avez pas cru à sa parole ; tandis que les publicains et les prostituées y ont cru. Mais vous, même après avoir vu cela, vous ne vous êtes pas repentis pour croire à sa parole. »
Ta parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route. Je l'ai juré, je tiendrai mon serment, j'observerai tes justes décisions. J'ai vraiment trop souffert, Seigneur ; fais-moi vivre selon ta parole. Accepte en offrande ma prière, Seigneur : apprends-moi tes décisions. A tout instant j'expose ma vie : je n'oublie rien de ta loi. Des impies me tendent un piège : je ne dévie pas de tes préceptes. Tes exigences resteront mon héritage, la joie de mon cœur. Mon cœur incline à pratiquer tes commandements : c'est à jamais ma récompense. Je hais les cœurs partagés ; j'aime ta loi. Toi, mon abri, mon bouclier ! J’espère en ta parole (Psaume 118, 105-114).
1. Les deux frères. Jésus s’adresse aux chefs des prêtres et aux anciens dans un contexte très polémique, car il venait de chasser les vendeurs du Temple : les autorités sont indignées par ce geste. Ceux qui prétendaient être irréprochables devant Dieurejettent l’appel de Dieu à la conversion. Jésus y perçoit la morsure diabolique. C’est pour cela que, par trois paraboles, il lance un dernier appel qui nous concerne tous : les deux fils, les vignerons homicides et le festin des noces. Les deux fils représentent deux attitudes devant l’appel du Seigneur : depuis la perspective des prêtres du Temple, le « non » provient des pécheurs, des impies, des païens. « Je ne veux pas » est en effet le discours du tentateur d’Eden et de tous ceux qui, depuis Adam, lui ont obéi. Le « oui Seigneur », en revanche, est la réponse pour laquelle ils ont opté. Or, la perspective qui compte n’est pas celle du fils ayant dit « oui », mais celle du Père. Les deux fils sont avant tout frères, solidaires dans le bien et dans le mal. La vigne, image biblique pour Israël, est destinée aux deux : en cette vie sur terre, Dieu confie à chacun une mission. Et moi, au lieu de critiquer mon frère, est-ce que j’accomplis vraiment ma mission ?
2. La volonté du Père. En tant que chrétien catholique, on croit éviter l’hypocrisie d’un oui prononcé en paroles et rétracté dans les faits. Mais qu’arrive-t-il du oui d’un sacrement reçu – la confirmation, le mariage, le baptême d’un enfant –, engagé envers Dieu pour toute la vie ? Lorsqu’une épreuve arrive, quel sera le réflexe ? Se révolter contre Dieu ou s’enfouir dans la relaxation du yoga (dit « chrétien »), voir le psychiatre, consulter une voyante ? Ou alors, lorsque Dieu me demande un fils, dans le cadre d’une vocation religieuse, quelle est ma réaction ? « Il doit d’abord faire une prépa, étudier la médecine… il est trop jeune pour décider ». Qui s’occupe alors de la vigne du Seigneur ?
Le « oui » n’est jamais un acquis. Le « non » n’est pas définitif non plus, tant que dure la vie sur terre. Le oui est à renouveler tous les jours et s’il ne se traduit pas en actes, il se transforme en non. Le non jette l’âme dans les ténèbres, mais en elles peut se réveiller la soif de la lumière. Ce qui compte est de se convertir, de recevoir et d’assimiler la lumière de la volonté de Dieu. Où en est-il, mon oui au Seigneur ?
3. Le Royaume de Dieu. Jésus est venu annoncer le Royaume de Dieu, c’est-à-dire le domaine où est mise en œuvre la volonté du législateur. Or Jésus précisera que ce Royaume n’est pas de ce monde, ce qui excède la conception qu’en avaient eu les responsables religieux. La Loi et le Temple ne constituent pas en eux-mêmes le Royaume de Dieu. La justice extérieure cache parfois un endurcissement de cœur à l’égard du père. L’appartenance au Royaume ne se réduit pas à une adhésion formelle, même si elle ne saurait s’en passer – il faut bien appeler au baptême comme signe qui rend effective la conversion – mais elle traverse la dimension extérieure de la vie pour pénétrer plus en profondeur dans la personne : il s’agit de l’adhésion spirituelle de la volonté et du cœur. Et cela est à la portée de tout le monde, y compris des pécheurs, publicains, des païens. Dieu qui parle à nos pensées les plus intimes. Puissions-nous, avec la grâce de Dieu, correspondre en esprit, en actes et en vérité, à notre option de vie chrétienne !