Les Apôtres dirent au Seigneur : « Augmente en nous la foi ! »
Le Seigneur répondit : « La foi, si vous en aviez gros comme une graine de moutarde, vous diriez au grand arbre que voici : 'Déracine-toi et va te planter dans la mer', et il vous obéirait.
Lequel d'entre vous, quand son serviteur vient de labourer ou de garder les bêtes, lui dira à son retour des champs : 'Viens vite à table' ?
Ne lui dira-t-il pas plutôt : 'Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et que je boive. Ensuite tu pourras manger et boire à ton tour.'
Sera-t-il reconnaissant envers ce serviteur d'avoir exécuté ses ordres ?
De même vous aussi, quand vous aurez fait tout ce que Dieu vous a commandé, dites-vous : 'Nous sommes des serviteurs quelconques : nous n'avons fait que notre devoir.' »
Seigneur, mon Dieu, accorde-moi la grâce de franchir le seuil de la porte de la foi (Ac 14, 27). Le jour de mon baptême, les cieux se sont ouverts, tu es venu vers moi pour me donner en héritage cette foi, qui est communion avec le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Tu es rentré au sein du Père, Ô Jésus, mais je suis encore en route, sois mon chemin, mon guide. Conduis-moi, Esprit Saint. Père, fais-moi écouter aujourd’hui la parole de ton Fils, pour que mon cœur soit modelé par elle et que ma prière s’unisse à la sienne.
1. Que dit en soi le texte biblique (Évangile) ?
Le texte nous présente les apôtres dans une attitude humble de demande : « Augmente en nous la foi ». Cela est important, car cette attitude nous montre que personne ne se donne la foi, elle est un don qui doit être demandé dans la prière. Le verbe « augmenter » (en grec « poser dessus ») (v. 5) nous révèle la conscience des disciples : ils savent qu’ils ont la foi et pour cela ils demandent une « augmentation ». Le don est là et son absence provoquerait une autre type de prière : donnez-nous de croire. La réponse de Jésus met en évidence notre peu de foi et, au lieu de nous décourager, elle doit nous motiver à la prière incessante, à raviver en nous constamment le don spirituel que Dieu a déposé en nous (cf. 2 Tm 1,6), tel est le but de cette Année de la Foi. Dans la deuxième partie du texte, Jésus nous invite à réfléchir d’abord en maîtres (v. 7), pour nous montrer qu’il est juste de demander au serviteur ce qu’il doit faire, même s’il est fatigué ; et ensuite, il nous met à la place du serviteur, dont la joie doit être le devoir accompli. C’est comme si Jésus connaissait la pensée des deux ; il nous invite à vivre dans la simplicité du serviteur, car il connaît qui est notre maître, Dieu. Ce rapport du maître et du serviteur sera bouleversé tout au long de l’Évangile à la lumière de la Loi nouvelle (cf. Jn 15).
2. Que nous dit le texte biblique ?
La Parole de Dieu nous rappelle ce dimanche que lorsque nous traversons la porte de la foi, qui nous introduit dans l’Église, nous nous engageons sur un chemin qui dure toute la vie (Porta Fidei, n. 1). Ce chemin est merveilleux, parce que Jésus nous introduit et nous accompagne, comme il l’a fait avec les disciples d' Emmaüs. La marche avec Jésus doit nous donner une grande confiance, comme aux disciples, pour lui demander la foi, l’espérance et la charité, dont nous avons besoin pour la route. Mais parfois nous traversons les ravins de ténèbres (Ps 23, 4) et comme le prophète Habaquq nous demandons à Dieu : « Jusques à quand, Yahvé, appellerai-je au secours sans que tu écoutes, crierai-je vers toi : ‘A la violence !’ sans que tu sauves ? (Ha 1, 2). « Combien de croyants, même de nos jours, sont éprouvés par le silence de Dieu, alors qu’ils voudraient écouter sa voix consolante ! » (Porta Fidei, n. 15). C’est à ce moment-là, que nous devons nous rappeler que la grande œuvre de l’homme de Dieu ne consiste pas à déraciner les arbres, mais à persévérer dans la foi, à dire oui chaque jour à la promesse de Dieu. La grande œuvre de notre vie quotidienne est la fidélité, surtout au milieu de l’épreuve et « le juste vivra par sa fidélité » (Ha 2, 4). Nulle part dans l’Évangile nous ne retrouvons le commandement du Seigneur d’aller déraciner tous les arbres de la planète. Élisabeth ne fait pas l’éloge de sa cousine en disant : Heureuse es-tu, qui as vu un ange. Elle dit plutôt à Marie : bienheureuse es-tu, parce que tu as cru à l’accomplissement de la Parole du Seigneur. Dieu nous demande des choses apparemment très simples : annoncer, baptiser, aimer, visiter, donner à manger. Mais justement, à la lumière de la foi, même si elle est petite, les actes du serviteur deviennent grands, car Dieu se sert de la fidélité des âmes pour déraciner le mal de la terre et faire des œuvres grandes, conformément à son dessein bienveillant (cf. 2 Tm 1, 9). Mais il faut croire et demander au Seigneur d’augmenter notre foi, car nous voudrions des actions éclatantes pour changer le monde et le ramener au Christ. La deuxième lecture complète ce cadre, car elle nous rappelle que l’œuvre de la fidélité et de la persévérance dans la foi est avant tout une œuvre de Dieu, car nous savons, comme saint Paul, en qui nous avons mis notre foi et nous savons, comme lui, qu’il est capable de garder notre dépôt (cf. 2 Tm 1, 13-14).
3. Contemplatio :
Seigneur, la vie de tout homme, de toute femme est un chemin de foi. Certains pensent qu’ils sont seuls sur la route et j’aimerais leur dire que tu es là, présent. Fais-moi la grâce de te découvrir à côté de moi chaque jour, pour que je puisse annoncer ta compagnie. Je t’offre mon travail de simple serviteur, je t’offre mes moments d’incrédulité, ils me rappellent qu’à genoux et dans l’humilité, je dois revenir vers toi, être confirmé par toi. Que la foi opérante par la charité devienne un critère d’intelligence et d’action, qui change toute ma vie et la vie de ceux et celles qui m’entourent.