En ce temps-là, Jésus avait donné un enseignement dans la synagogue de Capharnaüm. Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? » Jésus savait en lui-même que ses disciples récriminaient à son sujet. Il leur dit : « Cela vous scandalise ? Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant ! C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. » Jésus savait en effet depuis le commencement quels étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui le livrerait. Il ajouta : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. »
À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner. Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle.
Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. »
Seigneur Jésus, je désire me convertir aujourd’hui un peu plus. Donne-moi la grâce de la foi pour comprendre ta Parole et la mettre en pratique. Donne-moi également l’audace de la foi pour témoigner de ta Parole, surtout lorsque je suis tenté de t’abandonner pour emprunter un chemin plus facile et commode.
Contempler l’humanité des personnages : le ton de l’extrait est profondément humain, parce qu’on y entend des sentiments qui nous environnent souvent : le découragement des disciples ; la profonde tristesse de l’incompréhension et de la déception de Jésus. La force des douze apôtres et l’image de Jésus au milieu des foules peut occulter dans notre esprit que ceux qui suivaient Jésus ne l’ont pas tous fait jusqu’au bout, que Jésus a été rejeté même par ceux qui voulaient au départ le suivre. Du désir de suivre, de l’attirance à la croyance il y a un pas à franchir. Et c’est celui-là qu’il nous faut faire nous aussi : la conversion est tous les jours à désirer et à atteindre.
1. La voie du Seigneur est exigeante : « Cette parole est rude ! »
L’Évangile rappelle la difficulté de suivre Jésus. Vouloir le suivre, c’est accepter un chemin d’exigence qui n’est pas sans effort. Jésus traite ses disciples d’incroyants : c’est une vérité rude ! Il faut élaguer pour croître. Il en va de même dans la foi. La vie spirituelle est ce lieu de travail, c’est le travail de la grâce. Ce heurt est nécessaire à la conversion.
2. La conversion.
Il y a une incompréhension entre Jésus et les disciples. Il y a l’esprit du monde : « Qui peut l’entendre ? », la « chair », et celui que Jésus veut transmettre « esprit et vie ».
Nous avons tous des moments de révoltes et de doutes, l’esprit du monde nous rend étrangers à l’esprit du Christ et nous nous demandons aussi : « Qui peut l’entendre ? » Ces moments de doutes, nous ne pouvons les dépasser que si nous demandons d’avoir en nous l’Esprit pour les comprendre. Mais nous ne pouvons pas être croyants par nos seules forces : la foi est une grâce à demander, ne l’oublions jamais : « Personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père ». On peut penser à cet homme qui dit : « Viens au secours de mon manque de foi » (Mc 9, 14-29). Le problème n’est pas tant de manquer de foi que de ne pas en demander la grâce. Il y a une étape entre désir de croire et croire, et seul Dieu peut nous la faire franchir, notre volonté n’y suffit pas.
3. Croire et savoir.
L’acte de foi de Pierre montre la difficulté de croire. L’ordre dans lequel sont coordonnés les verbes place croire avant savoir : « Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. » Heureux hasard ? Dans la conversion de la foi, il faut avoir la grâce d’avoir la foi pour comprendre, savoir. La connaissance profonde de Dieu découle de la foi, et non pas l’inverse. C’est pourquoi la foi défie la logique humaine.
4. Sur ce chemin, nous sommes libres .
« Beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner ». Jésus savait qui croyait et ne croyait pas. Ce n’est donc pas Jésus qui les chasse, ils se détournent eux-mêmes de Jésus. Nous sommes libres sur ce chemin de la foi. Personne ne nous en exclut, c’est avant tout un désir personnel qui nous engage à croire intimement.
5. Ce cœur qui a tant aimé le monde et qui est si peu aimé.
Jésus est abandonné. Quand on connaît le nombre de ceux qui suivent Jésus au départ et les douze, on réalise qu’il a subi beaucoup de déceptions. Peu de scènes comme celle-ci montre ce rejet plus violent encore : celui des proches, non pas des ennemis comme les pharisiens. Jésus est un homme abandonné, c’est un homme dont l’on refuse les mots, dont on refuse le don : ces paroles si dures du pain de vie. C’est aussi un homme qu’on refuse d’écouter et de comprendre.
Nous avons tous fait l’expérience ou d’une amitié refusée ou d’un amour rejeté, d’une aide méprisée. Combien plus encore le fils de l’homme souffre car le degré de son amour et de son sacrifice nous est si peu tangible ! C’est de cette souffrance dont Jésus parle dans son apparition à Paray-le-Monial à sainte Marguerite-Marie Alacoque. À cette souffrance de l’âme, souffrance spirituelle, nous pouvons nous associer. La croix en est la matérialisation.