Quelques sadducéens – ceux qui soutiennent qu’il n’y a pas de résurrection – s’approchèrent de Jésus et l’interrogèrent : « Maître, Moïse nous a prescrit : Si un homme a un frère qui meurt en laissant une épouse mais pas d’enfant, il doit épouser la veuve pour susciter une descendance à son frère. Or, il y avait sept frères : le premier se maria et mourut sans enfant ; de même le deuxième, puis le troisième épousèrent la veuve, et ainsi tous les sept : ils moururent sans laisser d’enfants. Finalement la femme mourut aussi. Eh bien, à la résurrection, cette femme-là, duquel d’entre eux sera-t-elle l’épouse, puisque les sept l’ont eue pour épouse ? » Jésus leur répondit : « Les enfants de ce monde prennent femme et mari. Mais ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts ne prennent ni femme ni mari, car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, ils sont enfants de Dieu et enfants de la résurrection.
Que les morts ressuscitent, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du buisson ardent, quand il appelle le Seigneur le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob. Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Tous, en effet, vivent pour lui. »
Sainte Trinité, aide-moi à accueillir la vie bienheureuse qui vient de toi, introduis-moi ta communion d’amour. Au nom du Père…
1. Les thématiques de la mort et de la résurrection traversent les lectures de ce dimanche. Saint Paul a compris l’enjeu de la foi en la Résurrection : « Si le Christ n’est pas ressuscité, vide alors est notre message, vide aussi votre foi » (1Co 15, 14). Dans la première lecture, la vie éternelle éclaire et donne sens à la vie terrestre d’une mère et ses sept enfants : l’homme est appelé à une plénitude de vie qui dépasse les limites de sa vie sur terre, il est l’image et la ressemblance du Dieu éternel. Saint Jean-Paul II écrivait que la vie terrestre de l’homme est une réalité qui n’est pas « dernière », mais « avant-dernière ». Le plus important en cette vie c’est l’autre qui nous attend et nous appelle. Toute cette famille qui est restée fidèle à la loi du Seigneur pourra chanter avec le psalmiste au jour de la Résurrection : « Au réveil, je me rassasierai de ton visage, Seigneur ». Ils se réveilleront pour recevoir la vie en plénitude. Cette espérance anime la vie et l’activité missionnaire de saint Paul, car Dieu « nous a pour toujours donné réconfort et bonne espérance par sa grâce ». Dans l’Évangile, Jésus insiste sur la foi en la Résurrection face aux sadducéens qui ne l’acceptent pas et qui utilisent la loi du lévirat comme argument à leur faveur.
2. La grande difficulté à laquelle se heurtent les sadducéens est la tentation de calquer la vie future sur la vie présente. Certes, notre vie sur terre est « condition fondamentale, un moment initial et une partie intégrante du développement entier et unitaire de l’existence humaine » (Saint Jean-Paul II). La résurrection inaugure une vie totalement nouvelle, « c’est un événement qui fait partie de l’histoire, et qui pourtant, fait éclater le domaine de l’histoire et va au-delà de celle-ci » (Benoît XVI). Le grand danger, dans tous les cas, est de vivre notre vie présente complètement déconnectée de la vie éternelle. Bien au contraire, nous pouvons contempler dans la promesse de la résurrection une réponse de Dieu vivant au désir de plénitude de vie qui habite le cœur de l’homme : « L’amour exige l’infini, mais il ne peut pas le donner », affirmait Benoît XVI. Le Dieu amour a inauguré une nouvelle manière d’être homme, il est venu pour nous donner la vie en abondance, la plénitude à laquelle notre cœur tend parfois sans le savoir. La Résurrection est le triomphe de l’amour sur la mort.
3. Dieu nous invite en ce dimanche à raviver notre espérance, à professer avec plus de conviction : « Je crois en la résurrection de la chair ». L’exemple du troisième enfant de la première lecture est très éloquent : il présente ses mains « avec intrépidité » et ses membres pour être torturé : « C’est du Ciel que je tiens ces membres, mais à cause de ses lois je les méprise, et c’est par lui que j’espère les retrouver ». Sa foi lui donne une conscience très claire d’avoir tout reçu de Dieu et le mépris qu’il manifeste n’est pas celui de son corps, mais du fait que le don de Dieu puisse être utilisé à l’encontre de la volonté du créateur. Par la foi il sait qu’il les retrouvera pleinement en Dieu : « Ne faites plus de vos membres des armes d’injustice au service du péché ; mais offrez-vous à Dieu comme des vivants revenus de la mort et faites de vos membres des armes de justice au service de Dieu » (Rm 6, 13).