À qui vais-je comparer cette génération ? Elle ressemble à des gamins assis sur les places, qui en interpellent d’autres en disant : « Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé. Nous avons chanté des lamentations, et vous ne vous êtes pas frappé la poitrine. »Jean Baptiste est venu, en effet ; il ne mange pas, il ne boit pas, et l’on dit : « C’est un possédé ! » Le Fils de l’homme est venu ; il mange et il boit, et l’on dit : « Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs. » Mais la sagesse de Dieu a été reconnue juste à travers ce qu’elle fait. »
« Humblement, dans le silence de mon cœur, je me donne à toi, ô Seigneur. Enseigne-moi ta sagesse, ô Dieu, viens habiter mon silence ! » (P. Marie Eugène de l’Enfant Jésus, carme).
1. « À qui vais-je comparer cette génération ? » Jésus, en parlant de ces « gamins », parle de la réaction du monde face au choix fondamental dans les vies de Jean-Baptiste et de Jésus. Cette réaction est la même aujourd’hui. Nous entendons que le jeûne pour se désintoxiquer est très bien ; le jeûne pour le Seigneur est masochiste. La vie ordinaire métro-boulot-dodo est raisonnable ; la vie ordinaire vécue pour le ciel est ridicule. Si notre vie est pour ce monde matériel, elle est acceptable. Si elle est offerte pour l’amour de Dieu et des autres, elle est scandaleuse. Quel choix fondamental soutient mes décisions ?
2. « La sagesse de Dieu a été reconnue juste par ses œuvres ». Le Seigneur nous donne un critère de discernement, afin de discerner si notre cœur est tourné vers lui. Il nous dit qu’il sera reconnu par les œuvres. Le jeûne de Jean le Baptiste produit des fruits de vraie conversion. La vie ordinaire de Jésus est rachat de notre humanité.
Si notre jeûne nous rend de si mauvaise humeur que nous agressons les autres, ce n’est pas une œuvre du Seigneur. Si nous nous noyons dans le train-train de la vie quotidienne, comment lever les yeux vers Dieu ? Quelles sont les œuvres de Dieu dans ma vie quotidienne ? Lesquelles ne viennent pas de lui ?
3. Au fond, le choix fondamental est de vivre pour Dieu ou pour nous-mêmes. Si nous vivons pour Dieu, nous dirons avec Mgr Van Thuan, « Dieu seul, et non ses œuvres ! » c’est-à-dire, choisir Dieu, et non ses propres bénéfices. Le jeûne pour rencontrer Dieu, et non pour sentir que je fais un beau geste ou pour maigrir. La vie ordinaire d’abord pour glorifier le Seigneur dans l’ennui et l’effort et la joie, et non pour gagner assez pour les vacances. Car « En effet, aucun d’entre nous ne vit pour soi-même, et aucun ne meurt pour soi-même : si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur ; si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Ainsi, dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons au Seigneur » (Rm 14,8).