En ce temps-là, voici qu’on présenta à Jésus un possédé qui était sourd-muet. Lorsque le démon eut été expulsé, le sourd-muet se mit à parler. Les foules furent dans l’admiration, et elles disaient : « Jamais rien de pareil ne s’est vu en Israël ! » Mais les pharisiens disaient : « C’est par le chef des démons qu’il expulse les démons. »
Jésus parcourait toutes les villes et tous les villages, enseignant dans leurs synagogues, proclamant l’Évangile du Royaume et guérissant toute maladie et toute infirmité. Voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elles parce qu’elles étaient désemparées et abattues comme des brebis sans berger. Il dit alors à ses disciples : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. »
Bénie et louée soit la Sainte Trinité pour sa sainteté qui resplendit à travers les siècles dans la vie de tant d’hommes et de femmes. Nous rendons grâce au Seigneur aujourd’hui pour la vie et l’œuvre de saint Benoît et nous commençons cette prière au nom du Père…
1. Aujourd’hui l’Église fête saint Benoît, le patriarche des moines d’Occident et patron de l’Europe. C’est lui aussi le grand maître de l’équilibre entre la contemplation et l’action, Ora et Labora. C’est lui qui nous recommande vivement de commencer par prier instamment Dieu chaque fois que nous nous mettons à faire quelque chose de bien, pour que ce soit lui qui l’accomplisse. Lui, comme aucun autre, a mené le combat de la prière dont nous parle la première lecture qui raconte la lutte du patriarche Jacob avec Dieu au gué du Yabboq. Ce récit « devient pour le croyant le point de référence pour comprendre la relation avec Dieu qui, dans la prière, trouve sa plus haute expression. La prière demande confiance, proximité, presque un corps à corps symbolique, non avec un Dieu adversaire et ennemi, mais avec un Seigneur bénissant qui reste toujours mystérieux, qui apparaît inaccessible. C’est pourquoi l’auteur sacré utilise le symbole de la lutte, qui implique force d’âme, persévérance, ténacité pour parvenir à ce que l’on désire. Et si l’objet du désir est la relation avec Dieu, sa bénédiction et son amour, alors la lutte ne pourra qu’atteindre son sommet dans le don de soi-même à Dieu, dans la reconnaissance de sa propre faiblesse, qui l’emporte précisément lorsqu’on en arrive à se remettre entre les mains miséricordieuses de Dieu.<.em> » (Benoît XVI)
2. Dans l’Évangile nous contemplons Jésus dans un ministère intense, il parcourt « toutes les villes et les villages », on le voit guérir, enseigner, se disputer avec les pharisiens. Or, la meilleure partie de l’Évangile vient à la fin car elle nous manifeste la source profonde d’une telle activité. La frénésie de travail, l’activité pour l’activité, l’activisme, portent seulement un fruit : l’épuisement et le découragement. Tout le ministère de Jésus trouve sa source dans l’union intime avec le Père, dans la prière. En regardant les hommes comme Dieu les regarde, en regardant les foules « désemparées et abattues comme des brebis sans berger » et en portant tous les besoins du monde au cœur de Dieu, le chrétien peut trouver une source infinie de force pour se donner aux autres. Tout part de cette capacité de ramener à Dieu toute chose dans la prière, non pas pour rester immobile, mais pour se lancer dans une action qui a du sens. Le constat de Jésus ne reste pas dans une simple phrase du genre : les pauvres, je vais prier pour vous. Jésus s’adresse tout de suite au maître de la moisson pour qu’il envoie plus d’ouvriers s’occuper d’elle. Dans ce sens, j’aime beaucoup la prière de l’ECyD, surtout la phrase qui a été à l’origine de ma vocation sacerdotale : « Je t’offre mon cœur pour qu’en moi tu aimes ton Père et tous les hommes ». À travers le prêtre, l’amour du Père se déverse sur toutes les âmes.
3. En cette année de préparation au synode avec les jeunes, prions « le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson », d’hommes et des femmes d’action et de contemplation. Apprenons aussi à écouter la voix de ces jeunes, leur regard nouveau sur le monde, leurs projets audacieux, leurs doutes. Dans sa lettre aux jeunes pour le synode, le pape rappelle un principe important de la règle de saint Benoît tiré du chapitre III, sur La réunion de frères en conseil : « Souvent Dieu révèle à un plus jeune ce qui est meilleur » (Règle de saint Benoît III, 3).