Un autre Christ : un autre aimant du Père et du prochain

dim 29/10/2017
Fête du jour: 
30e dimanche du Temps Ordinaire

Chapitre d'Evangile:

Verset de début: 
34
Verset de fin: 
40
Evangile: 

En ce temps-là, les pharisiens, apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent, et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l’épreuve : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? »
Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »

Prière: 

Comment ne pas se méfier de ceux qui se méfient de toi, ô Jésus ? Où trouver la grâce de dépasser une justice stricte avec les hommes, en leur donnant ce qu’ils ne méritent pas ? Tu te donnes à tous sans trop de repentir ! Il ne m’est pas évident de vivre comme toi ! Fortifie ma foi pour que je puisse vivre de toi ; soutiens mon espérance pour que j’aie le courage de vraiment t’imiter ; transforme-moi avec ta charité pour que je devienne un autre toi !
Que je puisse alors vivre ce conseil de saint Pierre envers toi, dont tu viens de donner l’exemple envers le Père : « Honorez dans vos cœurs la sainteté du Seigneur, le Christ. Soyez prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance qui est en vous ; mais faites-le avec douceur et respect. Ayez une conscience droite, afin que vos adversaires soient pris de honte sur le point même où ils disent du mal de vous pour la bonne conduite que vous avez dans le Christ. » (1Pi 3, 15)

Demande: 
La grâce de vivre de l’Amour !
Points de réflexion: 

1. « Les pharisiens, apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent, et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l’épreuve. »
Les pharisiens agissent-ils selon l’Esprit de Dieu ou selon l’esprit de ce monde ? Souvent nous, chrétiens, sommes appelés à mettre les autres à l’épreuve, selon l’enseignement de saint Jean l’apôtre : « Bien-aimés, ne vous fiez pas à n’importe quelle inspiration, mais examinez les esprits pour voir s’ils sont de Dieu, car beaucoup de faux prophètes se sont répandus dans le monde. » (1 Jn 1 ,4) Ce docteur agit-il donc avec droiture en posant sa question au Christ, en le mettant à l’épreuve ? À la lumière de notre foi dans le Christ, nous voyons là le danger qu’une créature questionne son Créateur, un pécheur son Sauveur ! Mais comment pouvons-nous discerner quand nous devons mettre ce genre de prudence en pratique envers les autres, sans tomber dans le péché de soupçonner des gens innocents, et sans juste cause ?
En même temps, nous savons que les faux prophètes mettent les saints à l’épreuve, comme Satan l’a fait pour le Christ dès le jour de son baptême et sa retraite au désert : « Si tu es Fils de Dieu – Si tu es Fils de Dieu – si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi ! » (Mt 4, 3.6.9) Les pharisiens, qui se réunirent en apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens, veulent-ils soumettre Jésus avec leur « autorité » au Dieu de la religion juive, ou à eux-mêmes et leur politique humaine ? Nous ne le savons pas, tandis que nous croyons que le discernement du Christ est toujours vrai : « il les connaissait tous et n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme ; lui-même, en effet, connaissait ce qu’il y a dans l’homme » (Jn 2, 24-25). C’est donc à nous de méditer l’attitude du Christ dans sa réponse au docteur de la Loi selon les circonstances que saint Matthieu nous signale : Jésus face à « l’épreuve » des hommes d’autorité dans sa société, et sa façon de réagir à leur porte-parole.

2. « Jésus lui répondit : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. (…) Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
Si nous reconnaissons que Jésus, le Messie, est le « Soleil de Justice » prophétisé par Malachie (3, 20), il est toujours le premier à mettre en pratique ce qu’il prêche : il n’y a pas d’hypocrisie en lui. Le fait qu’il soit si prêt à témoigner de la doctrine de la foi d’Abraham transmise par le plus grand des prophètes, Moïse, – avec promptitude et exactitude –, donne « la preuve » qu’il aime son Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de tout son esprit. Le fait qu’il donne la juste réponse à la question du docteur de la Loi, comme un geste de bonne volonté qui reçoit la sienne sans préjugé, donne « la preuve » qu’il aime son prochain comme lui-même. Mais avons-nous l’innocence et la liberté d’esprit du Christ d’agir ainsi face à nos adversaires contemporains ? N’a-t-il pas enseigné, lui, le Christ qui envoya ses disciples en mission : « Voici que moi, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme les serpents, et candides comme les colombes. Méfiez-vous des hommes ! » (Mt 10, 16-17) ? Comment Jésus met-il ce dernier conseil en pratique à ce moment-ci, s’il y a des vrais ennemis, des « loups » chez ces pharisiens, trop prêts à dévorer cet « Agneau » de Dieu ?! En cherchant une explication, il est peut-être important de nous souvenir d’un autre enseignement encore : « Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis (…) ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent. » (Jn 10, 11.14)

3. Fidélité, espérance, patience, persévérance.
Si l’exemple du Christ et sa doctrine donne des preuves de sa fidélité, son attitude aujourd’hui démontre-t-elle peut-être en fait son espérance : « l’amour espère tout » (1 Cor 13, 7). Des ignorants seront illuminés ; des ennemis deviendront des amis ; des esclaves des mensonges de Satan seront libérés. Chez ces « loups », il espère qu’il y aura là des brebis qui écouteront sa voix. Le Bon Berger traite chaque personne selon sa dignité, il connait ses brebis par leur nom ; l’être humain n’est pas traité par lui « en masse », anonymement comme dans le troupeau d’un mercenaire. C’est-à-dire que Jésus n’a pas l’habitude de « diaboliser » les individus ou les groupes sociaux avant leur temps.
En fait, Jésus choisit de répondre à Satan lui-même avec innocence, vérité, et respect : ce n’est qu’à la troisième instigation qu’il juge l’impureté de cette créature sans repentir et va choisir de chasser le démon. Jésus garde sa colère pour les hypocrites, pour ceux qui résistent à sa grâce impunément. Jésus œuvre avec une grande patience jusqu’à son « heure » où il souffrira la conséquence de sa connaissance du cœur humain dans son péché, pour qu’il puisse sauver tous ceux qui seront sauvés : « Quand j’étais avec eux, je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné ; j’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu (…) » (Jn 17, 12) L’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde n’est pas dupe face aux « dangers » d’aimer Dieu par-dessus toute chose et son prochain comme lui-même : « Au contraire, il prend patience envers vous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion. » (2 Pi 3, 9), comme saint Pierre l’expliquera plus tard. Jésus démontre ainsi que sa Miséricorde veut persévérer jusqu'à la fin : la raison, par excellence, de notre espérance.

Dialogue: 
Aide-moi, ô Christ, à honorer ta sainteté en t’imitant, en étant prêt à tout moment à présenter une défense devant quiconque me demande de rendre raison de l’espérance que je trouve dans ton Nom ! Ô Jésus, doux et humble de cœur, rends mon cœur semblable au tien, pour que je puisse agir avec douceur et respect : que mes adversaires souffrent de leur propre honte s’ils résistent à ta charité présente dans ma conscience droite !
Résolution: 
Face à une relation difficile avec autrui, offrir un témoignage de charité avec espérance, patience et persévérance pour que l’autre puisse reconnaître un jour l’amour du Christ qui agit par moi.