En ce temps-là, comme Jésus était en train de parler, une femme éleva la voix au milieu de la foule pour lui dire : « Heureuse la mère qui t’a porté en elle, et dont les seins t’ont nourri ! » Alors Jésus lui déclara : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent ! »
Ici, la réponse de Jésus est une admiration pour sa Mère, pour Marie qui l’a mis au monde, éduqué et formé pour nous le donner en modèle de vie d’enfant de Dieu. C’est à chacun d’entre nous de méditer cette parole de Jésus et la laisser produire en nous cette réponse d’amour qu’il attend.
1. « Une femme élève la voix. »
La vraie parenté de Jésus nous est relatée deux fois dans l’Évangile de Luc : une première fois, lorsque Jésus enseigne comment recevoir et transmettre son enseignement (Lc 8), et une seconde fois où, dans ce passage, nous découvrons ce qui correspond à ce que le Seigneur attend de ses auditeurs. On voit bien ici que la vérité du comportement profond et sincère du Seigneur échappe aux pharisiens et aux scribes qui sont parmi les auditeurs. Eux sont beaucoup plus attentifs à trouver ce qu’ils peuvent mettre en avant pour découvrir un mal qu’ils pourraient dénoncer.
Cette femme qui élève la voix, reconnaissant les qualités de Jésus, reconnaît la grandeur de Marie dans celui qu’elle voit et qu’elle entend : réussite maternelle qu’elle reconnaît et qu’elle admire, mais son admiration ne dépasse peut-être pas le niveau du sentiment humain. Cette femme n’évoque pas une note spirituelle face au comportement de Jésus. C’est probablement une mère au cœur pour lequel il est plus facile de relever l’enracinement profond de la sincérité de celui qui parle. Pour cette femme, celui qu’elle vient d’entendre est juste, honnête, sérieux, digne de confiance. Ce cœur de mère découvre l’identité et la dignité de l’homme qui parle.
2. « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent ! »
Cette réponse de Jésus est loin de méconnaître les qualités et les vertus de sa Mère. C’est, au contraire, la mise en valeur de son intimité ininterrompue avec Dieu. Jésus veut faire comprendre qu’il n’y a qu’avec Dieu et en lui qu’un être humain peut être heureux. Pour lui, le bonheur intérieur de l’homme ne se trouve pas dans le fait de la notoriété ni dans celui d’une situation acquise, c’est beaucoup plus intime : le bonheur ne consiste en rien d’autre que d’écouter Dieu et de vivre en fonction de cette volonté divine vis-à-vis de lui personnellement.
Depuis le jour de l’Annonciation, Marie a gardé la Parole divine : « elle la conservait avec soin dans son cœur » nous dit saint Luc après le retour à Nazareth avec Jésus retrouvé au Temple (cf. Lc 2, 51). Et c’est, là, ce qui est imitable en elle. Elle seule a été chargée de donner naissance au Fils de Dieu mais nous sommes tous appelés à vivre selon la Parole que Dieu a inscrite en nos cœurs. Celui qui est heureux, c’est celui qui cherche celui qu’il aime, celui qui cherche la Vérité qui est au fond de lui. Ce n’est qu’en Dieu et avec Dieu que l’être humain, créé à l’image de Dieu, peut trouver son bonheur. « Tu nous as faits pour toi et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose pas en toi » disait saint Augustin.
3. « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi ; celui qui ne rassemble pas avec moi disperse. » (Lc 11, 23)
Tel est l’enseignement de Jésus quelques moments plus tôt. Et nous pouvons imiter la Vierge Marie : nous aussi nous serons heureux si nous écoutons la Parole de Dieu, si nous la conservons en notre cœur et la mettons en pratique. Oui ! Mais pour entendre la Parole de Dieu en ce monde qui court toujours après le temps, il nous faut apprendre à « prendre notre temps », à prendre des moments de silence au milieu de l’agitation et de la précipitation : il nous faut apprendre à oublier les bruits du quotidien, à faire silence en notre cœur pour écouter cette Parole de Dieu et la laisser germer en nous.
Nous pouvons imiter la fidélité de Marie : elle est toujours restée fidèle au oui qu’elle a donné à Dieu : que ce soit au moment de l’Annonciation, que ce soit à l’annonce d’un glaive de douleur qui traverserait son cœur, que ce soit au moment du massacre des innocents, pendant la vie en exil en Égypte, que ce soit au moment de la trahison de Judas ou au pied de la croix.
Marie est aussi ma Mère : la vénérer en la priant et en demandant sa protection sera une source inépuisable de force et de consolation. Ses nombreuses apparitions dans le monde nous invitent à aller sur ses traces pour écouter ses différents et nombreux messages. Marie s’occupe de tous les détails de ma vie. Lors des apparitions à Lourdes, elle dit à Bernadette qu’elle ne pouvait pas lui promettre d’être heureuse ici-bas, « mais dans l’autre, oui ! » Un enfant a toujours besoin de sa Mère et celle-ci ne peut pas s’empêcher d’aider et de soutenir son enfant.